Suite au décès, le 12 MAI 2020 d’une dizaine de personnes dans les locaux de la gendarmerie de TANWALBOUGOU, une localité située à l’Est du Burkina dont une certaine opinion crie à « un massacre de la communauté Peulh », dans une tribune dont nous avons obtenu copie, le journaliste Newton Ahmed Barry voit l’affaire d’un autre œil.
A l’entendement de l’actuel Président de la CENI, la situation à TANWALBOUGOU « tient plus d’une administration inadaptée de la situation que d’un éventuel conflit ethnique ». Lisez plutôt
Témoignons pour l’avenir !
En ces heures difficiles pour notre pays. Heures difficiles et sanguinolentes, beaucoup se demandent à quel Saint se vouer ? Nous ferons un tort irréparable à notre pays en adhérant au culte de la suprématie ethnique. Les terroristes ont craqué l’allumette et nous nous précipitons avec des jerricans d’essence.
Ce pays a toujours été un modèle d’osmose social. Il ne peut le demeurer et surmonter toutes les calamités, comme celle que lui impose les terroristes, qu’en célébrant et en portant en pinacle sa diversité ethnique. L’histoire du pays, elle-même en témoigne. Pour arracher son indépendance, il a fallu, des Nazi Boni, des Daresalami DIALLO, des Gérard KANGO, des BASSINGA…
Plus près de nous, pour préparer et réussir l’insurrection il a fallu des Halidou OUEDRAOGO, des Zéphirin DIABRE, des Ki ZERBO, des Arba DIALLO…
Sans faire de la provocation, ce n’est pas l’objet aujourd’hui et sa majesté Naaba BAONGO, ne m’en tiendra pas rigueur, le royaume de Ouagadougou n’aurait pas été tout à fait celui qu’il est, sans l’épisode de Naaba MODIBA. Cette réminiscence survit d’ailleurs à travers l’étroitesse des liens entre la Cour de Ouagadougou et la communauté Peulh de Barkoumdouba, dans l’Oubritenga (si je me trompe que les exégètes de la tradition et de l’histoire m’en excusent).
Aujourd’hui et la situation de Tawalbougou, dans le Gourma l’illustre hélas, nous sommes en train de précipiter notre pays dans l’abîme des conflits ethniques que les terroristes ont insidieusement inoculé dans notre pays.
Nous sommes aujourd’hui si investi à nous éliminer mutuellement, dans la fausse illusion que la disparition des plus mauvais d’entre nous, ramènerait la paix que nous avons perdu. Fausse et terrible illusion en effet, car comment être performant en se mutilant ?
Pour nous vaincre les terroristes ont inoculé la haine ethnique. Qu’elle victoire pouvons-nous espérer contre l’ennemi si nous faisons son jeu ?
Il n’y a pas et il n’y aura jamais de haine Peulh-gourmantché. Dans cet espace millénaire ces deux communautés ont vécu et se sont brassés au point de générer des manifestations culturelles parfois semblables. Des emprunts linguistiques mutuels.
La situation à Tanwalbougou tient plus d’une administration inadaptée de la situation que d’un éventuel conflit ethnique. Cependant et hélas cette administration inadaptée peut avoir pour effet de semer la méfiance et le conflit. Mais il faut se garder de prendre l’effet pour la cause. C’est à cela que toutes les bonnes volontés des deux communautés doivent s’investir sans tarder. L’administration publique doit veiller à ne pas montrer de la préférence.
A souder les communautés en exaltant les fondamentaux de leur vivre ensemble et à nouer des approches stratégiques avec chacune des communautés car c’est en gagnant les communautés que nous allons gagner la guerre. Autrement nous allons avec les terroristes rivaliser dans l’horrible jeu de qui tuera le plus. De fait de DJIBO à TAWALBOUGOU nos brousses, nos sentiers sont jonchés de cadavres en putréfaction, sans qu’on ne sache qui des terroristes et de l’administration publique détient la palme de l’horrible bourreau. A ce jeu évidement un État ne peut pas gagner. Il est donc urgent de savoir s’arrêter.
Dans les moyens de lutte, il faut de l’inclusion. La communauté Peulh à TAWALBOUGOU demande en vain de contribuer aux VDP en y envoyant leurs enfants. Les recrutements ont été faits en les ignorants. Cette situation n’est pas heureuse et elle est en partie cause du délitement actuellement et de la meperformance de la lutte contre le terrorisme dans la contrée. Si on refuse aux jeunes Peulh toutes possibilités de se mettre au service de leur état, que peut-on espérer qu’il leur reste comme option ?
Revoyons nos options. Le terrorisme s’est imposé à nous. Nos options sont en train de lui donner du carburant pour accélérer notre perte.
Toutes les bonnes consciences devraient se lever pour qu’ensemble dans la richesse de notre diversité nous forgions l’arme fatale contre le terrorisme.
Surtout arrêtons la pandémie des morts. Ne banalisons pas la vie, ça ne profitera à personne. Aligner les cadavres n’a jamais servi une cause. C’est pourquoi les États s’y refusent et refusent de concurrencer dans ce domaine les terroristes.
Un célèbre révolutionnaire disait en 1789 « le silence autour de l’assemblée nationale, c’est bientôt le silence dans l’assemblée nationale ». Les cadavres en putréfaction dans les provinces autour de Ouagadougou, si on n’y prend garde, ce sera dans pas longtemps, des cadavres en putréfaction dans Ouagadougou.
Conjurons le sort. Il est encore temps !
Dieu aide notre pays.
Mais Dieu aide ceux qui s’aident
Newton Ahmed Barry (NAB)
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