Ida Nonguierma : la battante de Chekina agence
Si certains ont su profiter de la pandémie de la Covid 19 pour booster leurs affaires, d’autres, par contre, sont restés sur le tapis. C’est le cas de Ida Nonguierma. Après un parcours du combattant qui a abouti à la création de Chekina, une agence d’accueil personnalisé à l’aéroport de Ouagadougou, cette brave dame doit aujourd’hui faire face aux conséquences de la fermeture des aéroports.
Partir de rien pour devenir quelqu’un. Voilà une expression qui s’applique bien à Ida Nonguierma, promotrice de l’agence d’accueil personnalisé Chekina. La première fois que nous l’avons rencontrée (courant février 2020), nous avons été impressionnée par sa force de caractère. Ce jour-là, la jeune femme est venue au secours d’un vieux chauffeur désemparé parce qu’il avait du mal à retrouver le voyageur que son patron l’avait envoyé chercher. Le pauvre homme qui ne pouvait aller au-delà du périmètre du parking de l’aéroport a eu la chance de s’adresser à la quarantenaire qui, après avoir disparue quelques minutes, a finalement réussi à mettre la main sur le passager en question. Vu la tête de celui-ci, c’était certainement son premier passage au Pays des hommes intègres.
Cette occasion a permis à la cheffe d’entreprise de faire la publicité de son agence, face à de nombreux yeux ébahis par autant de pragmatisme et d’ouverture d’esprit. Mais si certains envisageaient de requérir dorénavant ses services, ce ne sera plus possible avant un bon bout de temps car, depuis que la Covid 19 a entraîné la fermeture des aéroports, l’agence ne fonctionne pratiquement plus. Ida Nonguierma se tourne littéralement les pouces, elle qui s’est battu pour arriver à ce niveau.
Ida Nonguierma sur l’impact de la covid19
En effet, son histoire commence à Agboville en Côte-d’Ivoire où elle est née en 1978. Après un cursus scolaire qui l’a menée jusqu’à la classe de 3e, Ida quitte le pays de la lagune Ebrié pour le Burkina Faso. Nous sommes dans les années 1997 et la jeune fille, la tête pleine de rêves, essaie de poursuivre ses études sur la terre de ses aïeux. Mais très vite, elle apprend à gagner de l’argent en faisant des petits boulots par ci par là. Ainsi, du travail d’aide-ménagère qui lui permettait d’avoir 5 000 francs CFA à la fin du mois, elle trouve une place dans l’une des plus grandes surfaces du pays où elle était payée à 20 000 puis 35 000 F CFA.
Après cela, la jouvencelle monte en grade et devient gérante d’une boutique d’habillement avant de faire ses armes dans une agence de communication. Un changement qui lui confère un meilleur salaire (40 000F le mois) ainsi qu’un moment de répit car jusque-là obligée de descendre à 21h, elle pouvait rentrer chez elle bien avant la tombée de la nuit. La jeune diaspo profite alors de ce laps de temps pour suivre des cours du soir.
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Issue d’une famille polygame de quatre femmes et 23 enfants, Ida décide en 2004 d’amorcer un nouveau tournant. Elle évolue désormais sur la plateforme aéroportuaire où elle travaille pour une société d’emballage. « A l’époque, les vols avaient lieu très tôt le matin et le soir. Je profitais donc du reste de la journée pour apporter des marchés aux trois premiers quotidiens du Burkina », relate-t-elle. Cette expérience avec la presse va durer une dizaine d’années car, à partir de 2014, la jeune femme, alors âgée de 36 ans, décide de s’établir définitivement sur la plateforme aéroportuaire.
En effet, elle y crée son agence d’accueil personnalisé après avoir suivi les procédures pour obtenir les autorisations ainsi que les badges d’accès nécessaires. Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Avec une dizaine de clients à assister par jour, l’entreprise recrute des hôtesses, d’autant plus qu’elle arrive à rentabiliser. Chaque prestation coûte 10 000 FCFA, aussi bien pour les nationaux que pour les expatriés. En plus de cela, la structure donne la possibilité aux entreprises de signer des contras pour leur personnel ou partenaires à un prix spécial. Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout allait bien dans le meilleur des mondes.
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Aujourd’hui, avec la fermeture des aéroports, l’agence Chekina est restée sur le tapis, si bien qu’elle n’a pas pu verser à son personnel les salaires des deux derniers mois (mai et juin). Cependant, elle a tenu à soutenir ses quatre hôtesses en leur offrant des vivres.
Zalissa Soré