Procès Kamerhe : Réquisitoire mortel pour …Vital

Vingt ans de travaux forcés, entendez de prison ferme, pour détournement de deniers publics, quinze ans pour corruption et dix ans de déchéance de ses droits civiques, telle est la peine requise hier par le tribunal de grande instance de Kinshasa / La Gombe siégeant à la prison de Makala contre Vital Kamerhe.

Et ce n’est pas tout, le parquet a en outre demandé « la confiscation des fonds sur les comptes bancaires de son épouse, de la fille de celle-ci, du cousin du prévenu ainsi que « la confiscation des propriétés immobilières acquises avec les fonds détournés pendant la période allant de janvier 2019 à ce jour » ; la partie civile, quant à elle, avait demandé une condamnation pécuniaire de 47 millions de dollars et 100 millions au titre des dommages et intérêts.
Le moins qu’on puisse dire est que c’est un réquisitoire particulièrement sévère qui a été fait contre le directeur de cabinet du président Félix Tshishekedi, accusé avec l’homme d’affaires libanais Jammal Samih et Jeannot Mulimba, chargé du service import-export à la présidence, d’avoir dissipé des deniers publics, une cinquantaine de millions de dollars, dans le cadre du programme dit des « 100 jours ». Une initiative prise par le chef de l’Etat nouvellement élu, qui n’avait pas encore la réalité du pouvoir –l’a-t-il du reste jamais eue ? – mais qui voulait donner l’illusion qu’il travaillait déjà en lançant ce projet de construction de voiries et de logements sociaux.
Mais manifestement, une partie des fonds a changé de direction pour se retrouver dans les poches de quelques indélicats, entraînant des retards dans l’exécution des travaux quand ils avaient commencé. C’est ce barbotage présumé dans l’argent du contribuable congolais qui vaut aujourd’hui à celui qui fut l’allié de Tsatshi lors de la présidentielle dans la Coalition CACH d’être, depuis un mois, dans le box des accusés avec ses deux compagnons d’infortune. Le Libanais, contre lequel le même tarif de 20 ans a été demandé, devrait d’ailleurs quitter le territoire de la RDC une fois sa peine purgée.
Certains, notamment les partisans du patron de l’UNC, ont tout de suite vu dans les ennuis judiciaires de VK des manœuvres politiciennes du locataire du palais de la Nation pour mettre hors-circuit un partenaire devenu encombrant, qui aurait pu lui faire de l’ombre et à qui il avait d’ailleurs promis de faire la passe à l’issue de son mandat.
Difficile de dire si cette théorie tient la route, mais, plutôt que de crier à la cabale, il appartient surtout à l’incriminé et à sa petite armée de onze avocats de faire la preuve de son innocence, ce qu’ils s’attacheront sans doute à démontrer au cours des plaidoiries, qui ont débuté hier après-midi. Parviendront-ils à convaincre les juges de son innocence ? Il faut l’espérer pour lui, car si le TGI devait suivre le ministère public dans ses prétentions, ce réquisitoire mortel pour …Vital serait ni plus ni moins qu’une mort politique presqu’assurée pour celui qui a aujourd’hui 61 ans.
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