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Découverte de fosses communes à Djibo : Comment combattre le terrorisme sans perdre son âme ?

Encore des accusations d’exécutions extrajudiciaires contre les Forces de défense et de sécurité burkinabè (FDS) ! Et c’est encore Human Rights Watch (HRW) qui dresse le réquisitoire : pas moins de 180 corps, en grande majorité des hommes des ethnies fulani et peul, enterrés dans des fosses communes en groupes de 3 à 20 cadavres. Cette tuerie aurait été faite entre les mois de mars et d’avril 2020 dans les environs de la ville  de Djibo, la capitale de la région du Sahel.

Comme une réponse du berger à la bergère, dès que les allégations de HRW ont été rendues publiques, les autorités burkinabè se sont dépêchées d’annoncer l’ouverture d’une enquête. Mais d’ores et déjà, elles n’exclues pas que ces meurtres aient été perpétrées par les groupes terroristes qui pullulent dans la région, revêtus d’uniformes des FDS et se servant de leurs équipements volés lors de précédentes attaques.

Qui croire, entre HRW qui dit avoir recueilli des témoignages concordants sur place, mettant en cause les FDS, et les autorités burkinabè qui ont toujours juré sur le professionnalisme de l’armée nationale et promis des enquêtes ? La réponse est assurément difficile car l’ONG est dans son rôle d’alerte sur les violations possibles des droits de l’homme surtout en situation de conflit où des dérives sont vite arrivées. Mais personne, surtout pas les populations quotidiennement endeuillées du Sahel, ne donnerait le bon Dieu sans confession  aux illuminés d’Ansarul islam, d’Al Qaeda, d’AQMI ou d’on ne sait quels autres groupes djihadistes. En clair, ces fous d’Allah qui ont plus d’un stratagème dans leurs turbans peuvent avoir planifié de salir la réputation de l’armée burkinabè par un tel massacre de civils sans défense. Du reste, n’ont-ils pas déjà froidement exécuté, dans la même localité de Djibo, plus d’une dizaine de personnes en 2017, pour leur supposé collaboration avec les FDS. Il est aussi vrai que nos soldats, entre arrestations et détentions arbitraires, violences et tortures contre de présumés terroristes ne sont pas exemptes de tout reproche.

Qui a dit qu’il n’y a pas de guerre propre ? Elle est encore plus sale dans l’asymétrie, quand  l’ennemi peut surgir de partout et de nulle part, capable de se fondre dans la population civile, de s’habiller en faux policier, faux gendarme, faux militaire pour tuer le premier venu. Il est alors difficile pour les forces armées régulières de distinguer l’ennemi du paisible citoyen. Des bavures sont donc vite arrivées surtout quand la peur entremêle panique et zèle d’anéantir l’ennemi. Il se pose alors aux soldats et à leurs chefs la question de comment faire la guerre sans perdre leur humanité, leur âme, surtout face à des assaillants qui ont déjà perdu et l’une et l’autre.

Loin de nous l’idée de justifier l’injustifiable de possibles exécutions extrajudiciaires de civils ou de prisonniers de guerre à Djibo, à Tanwalbougou et ailleurs au Burkina et dans d’autres pays du G5-Sahel. Au contraire, nous appelons les FDS, hommes du rang et  officiers du commandement, à garder leurs têtes sur les épaules pour ne pas tomber dans le piège de la barbarie qui leur est quotidiennement tendu par les forces du Mal. Si oui, ils se rabaisseraient à leur niveau et ce sont les populations des zones assiégées qui en souffriraient, elles qui, selon un célèbre rapport de HRW (mai 2018), ont peur des FDS le jour et des djihadistes la nuit. Difficile alors pour elles d’épouser la juste cause et de collaborer avec les premiers pour vaincre les seconds.

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