Le mercredi 22 juillet 2020, la proclamation des résultats du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) a été une épreuve de plus pour certains candidats, notamment ceux qui ont composé au lycée Bambata de Ouagadougou.
Lorsque nous sommes arrivés dans l’enceinte de l’établissement aux environs de 10h, les élèves affluaient de tous côtés. Certains y étaient même depuis 6h, nous a-t-on appris. Un tour rapide nous permet de découvrir des enfants fatigués par des heures d’attente et d’angoisse. Assis seul, en groupe ou avec un parent, les jeunes élèves ont, pour les uns, le regard perdu dans le vide, pour les autres, les yeux rivés sur leur téléphone. D’autres encore, les plus courageux, étaient engagés dans de chaudes discussions, jouant parfois aux petits malins, comme pour masquer leur anxiété. Quoiqu’il en soit, le stress pouvait facilement se lire sur le visage de tous.
A 11h15, les candidats vont connaître ce qu’on peut appeler un faux départ. En effet, à cette heure-là, pensant que les membres de leurs jurys respectifs (58, 59 et 60) vont mettre fin à leur supplice, ils vont tous se rapprocher du bâtiment où ont lieu les délibérations, non sans se bousculer dangereusement. Mais hélas aucun jury n’était prêt pour la proclamation des résultats ! On sent alors de la nervosité chez les candidats qui commencent à rouspéter contre les membres des jurys.
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Certains parmi ces derniers, depuis le balcon du premier étage du bâtiment où ils sont, jettent des coups d’œil en bas, comme pour jauger la température de la foule des candidats. « C’est bizarre ! », lance un parent d’élève. « Pourquoi ici ils mettent autant de temps alors que les résultats sont connus depuis longtemps dans d’autres centres de la ville ? » Voilà une situation qui est venue accroître la tension chez les candidats qui ont composé au lycée Bambata de Ouagadougou. Ceux-ci ne pouvaient ignorer le bruit que faisaient leurs camarades, déjà déclarés admis, qui passaient dans la rue d’à côté à toute vitesse et klaxonnaient à tue-tête sur leurs engins. Certains élèves, confrontés à cette longue attente, commencèrent à couler des larmes, filles comme garçons. Un quidam, qui n’a pas voulu se présenter à nous, s’est agacé de ces pleurs affirmant que ces enfants devraient être correctement chicotés car, chacun d’eux sait ce qu’il a écrit lors des compositions.
Un point de vue que Delphine Traoré partage à moitié. Agée de 19 ans, elle passe l’examen du brevet pour la deuxième fois. En effet, même si la jeune fille se dit confiante, elle estime aussi qu’il est difficile de faire comme si de rien n’était. « Je suis là depuis 6h. Mes amis m’appellent pour me dire qu’ils sont admis et moi je suis toujours dans l’expectative. On nous a dit, il y a quelques instants, que la proclamation aurait lieu à 10h mais après 11h15 toujours rien. On ne sait pas quoi faire et on ne peut pas s’empêcher d’avoir peur », nous a-t-elle confié. Pareil pour Diane Floriane Traoré et Adama Zampo, respectivement âgés de 14 et 18 ans.
C’est finalement à 11h35 que le jury 58 va suspendre le calvaire de leurs candidats, les jurys 59 et 60 n’étant pas encore prêts. Dès que les enseignants prennent la parole depuis le fameux balcon, le silence se fait plus lourd dans l’assemblée des candidats. Le suspense est pesant. Ici et là des candidats s’effondrent. D’autres se saisissent la tête comme si elle pesait une tonne et d’autres encore, en entendant leurs noms, éclatent de joie, s’éloignent de la foule des candidats en criant de bonheur. Ce n’est pas le cas pour tous les admis, à l’exemple de Céline Traoré qui pleurait bien qu’elle soit déclarée admise. Dès lors, il était devenu on ne peut plus difficile pour nous de faire la différence entre les admis et les non admis. D’ailleurs, si l’angoisse et le suspense étaient finis pour certains candidats et leurs accompagnants, ils se prolongeaient chez ceux qui n’avaient pas encore leurs résultats.
Selon Joséphine Ilboudo, présidente du jury 58 qui compte 413 candidats dont 13 absents et deux abandons (au cours des épreuves), il y a au total 102 admis et 156 appelés à subir les épreuves du second tour. « Nous ne sommes pas satisfaits. On aurait voulu avoir plus d’admis. On aurait été content si on avait eu 75% de réussites. Mais on espère que ce sera mieux avec le second tour », a-t-elle déclaré avec une petite pointe de déception. La longue suspension des enseignements à cause de la pandémie de la covid19 y est-elle pour quelque chose dans ces résultats mi-figue mi-raisin du jury 58 ?
A vous de vous faire une idée en regardant la vidéo suivante
Zalissa Soré
