Décès Pascal Lissouba : le père du renouveau démocratique congolais a tiré sa révérence
Pascal Lissouba n’est plus. Cet homme d’Etat congolais (Brazzaville) avait été élu président de son pays en août 1992 à la faveur des réformes initiées sur le continent, consécutives au discours de la Baule de François Mitterrand demandant des reformes politiques en Afrique. Biographie express de celui qui passait pour le père du renouveau démocratique au Congo Brazzaville
Avec les présidents Nicéphore Soglo du Bénin et Alpha Konaré du Mali, Pascal Lissouba a symbolisé l’alternance et la naissance du pluralisme démocratique en Afrique francophone sur les ruines des régimes monolithiques alors en vogue.
Né le 15 novembre 1931 à Tsinguidi, dans le sud-ouest du Congo, le professeur Pascal Lissouba, avant de se retrouver dans les arcanes de la politique, est d’abord un ingénieur agronome. Il était titulaire d’un doctorat en sciences naturelles, obtenu en France en 1958.
De son parcours d’homme politique, l’on retient ses fonctions de ministre de l’Agriculture sous le premier président du Congo indépendant, Fulbert Youlou (1963-1965). De 1965 à 1966, celui qui va fonder plus tard (en 1991) l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), est le Premier ministre d’Alphonse Massamba Débat.
En 1992, à la faveur du tout premier scrutin pluraliste dans ce pays d’Afrique centrale, Lissouba est élu président de la République. Mais son mandat, entre 1993 et 1994, ne manquera pas d’embûches. En effet, les résultats d’élections législatives sont contestés par l’opposition. Cette contestation se mue en affrontements entre milices des partis de l’opposition et celles de sa majorité présidentielle, faisant environ 2 000 morts.
A quelques mois de la fin de son mandat présidentiel, de nouveaux affrontements éclatent qui dérivent en guerre civile qui tournera à l’avantage de Dénis Sassou-Nguesso. En effet ce dernier reprendra, en octobre 1997, le pouvoir qu’il avait perdu en 1992, à l’issue des élections organisées après la conférence nationale. Condamné pour « haute trahison » et « complot » contre Denis Sassou-Nguesso et cela suite à des violences post-électorales qui ont entraîné la mort de plusieurs milliers de personnes, Pascal Lissouba est contraint à l’exil. Il vit d’abord au Burkina, ensuite aux Etats-Unis avant d’arriver dans l’Hexagone en 2004 où il est décédé ce 24 août.
C’est à la fois un intellectuel et un homme d’Etat que perd le Congo Brazzaville, avec Pascal Lissouba.
Bernard Kaboré