Attentat terroriste contre Charlie hebdo : Un méga procès pour une méga tuerie
Que vous rappellent les dates des 7 au 9 janvier 2015 ? Une question qui vaut son pesant de gouttes de larmes pour la liberté de la presse, pour la France et pour Paris quand on sait, de triste mémoire, que ces jours évoquent un double, voire un triple attentat qui fit 17 morts dans la capitale française: 12 dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo, 4 à l’épicerie Hyper Cacher et 1 au quartier Montrouge.
5 ans après, c’est un procès hors normes qui s’est ouvert à la cour d’assises spéciale de Paris, ce 02 septembre : 14 accusés, 200 personnes constituées partie civile, une centaine d’avocats impliqués, 60 jours d’audience attendus, avec au bout du compte des peines probables de prison ferme de 10 ans à la perpétuité.
Hélas, les 3 auteurs de la boucherie du 10, rue Nicolas-Appert qui occupèrent la manchette de la plupart des journaux du monde en ce début janvier 2015, ne sont pas dans le box des accusés. Idem pour 3 des 14 accusés dans ce procès. Si l’étau de la police et de la gendarmerie française s’est resserré mortellement sur les premiers, les 2 frères Kouachi et Amedy Coulibaly, le 9 janvier 2015, les 3 autres absents seront jugés par contumace. Il s’agit des frères Belhoucine, Mehdi et Mohamed, et d’Hayat Boumedienne, la compagne d’Amedy Coulibaly. En réalité, la justice française qui a émis contre eux des mandats d’arrêt internationaux les situe dans la zone irako-syrienne, s’ils ne sont pas morts.
Dommage que les cerveaux de ces attentats terroristes du Charlie Hebdo et de l’épicerie Hyper Cacher soient absents de ce procès. On aurait aimé les voir ressentir le saisissement d’être dévisagés par les parents des victimes et toutes ces personnes constituées partie civile pour l’ignominie et la barbarie extrême de leurs actes que rien ne saurait justifier ; pas même l’oukase contre leur religion, l’islam, que constitue la caricature du prophète Mahomet. Nul doute que l’hécatombe fait à la rédaction de Charlie Hebdo est l’expression achevée de l’intolérance religieuse qui prend à rebrousse-poil assassin, la liberté de la presse.
Ceci dit, même si le terrorisme islamiste se nourrit de la moindre peccadille contre les préceptes coraniques, nos confrères de Charlie Hebdo n’avaient-ils pas poussé trop loin le bouchon de la satire en brocardant le prophète de l’islam sous les traits d’un homme violent. Déjà que l’islam interdit une représentation visuelle de Mahomet, n’est-ce pas un double crime de lèse religion que de le dessiner sous des traits risibles? Au demeurant, la liberté de la presse nous autorise-t-elle à rire de tout, notamment de la foi des autres ?
Ces violentes questions qui ont été rechassées ici et ailleurs, au lendemain de ces odieux attentats, refont surface à l’occasion de ce procès. Chacun y répondra en toute conscience en ayant à l’esprit que nos libertés individuelles et collectives ne devraient pas avoir pour seules limites le respect des lois laïques mais aussi les digues du respect d’autrui dans sa foi et croyances philosophiques. Qui a dit que ma liberté s’arrête où commence celle des autres ?
Zéphirin Kpoda