Alain Alain, journaliste et animateur préféré du Centre : « En vérité le micro est ma première épouse »
Lauréat du prix du meilleur montage audio pour le compte de radio Oméga au Galian 2018, plusieurs fois sacré meilleur animateur radio, Alain Traoré dit Alain Alain vient d’être désigné animateur et journaliste préféré des auditeurs de la région du Centre, selon une étude menée par l’Association pour le développement des médias (ADM) et Variante groupe. Les résultats de cette étude ont été rendus publics le 1er septembre 2020. Dès le lendemain, nous avons rencontré ce natif de Dédougou qui revient sur cette distinction et nous parle de son parcours d’«amoureux du micro. »
C’est un Alain Alain tout heureux de son dernier sacre que nous avons rencontré dans un café de la place, lui qui est présenté par le sondage de l’ADM et de Variante groupe comme le journaliste et l’animateur radio préféré des auditeurs de la région du Centre. « Je suis heureux de savoir que ce que je fais est bien apprécié par les auditeurs », s’est réjoui l’animateur du Défouloir. Pour le distingué, le mérite revient surtout à l’auditoire, et ce sacre est un message qui lui a été envoyé : celui de la persévérance dans le travail et la quête de l’excellence. « Ça me donne des ailes pour m’envoler plus haut. Les auditeurs sentiront un plus dans mon zèle et ma passion pour le micro », confie-t-il, tout sourire .
Ce n’est véritablement pas une grosse surprise que le natif de Dédougou soit désigné numéro un dans son domaine. En effet, si ce n’est pas lui-même qui le dit, le Défouloir d’Alain Alain est l’émission la plus écoutée de Radio Oméga.
Mieux, c’est le parcours de l’homme qui impressionne plus d’un. Entre Alain Traoré et la radio, c’est, en effet, une histoire de longue date. Celle-ci commence dans les années 90. Tout est parti d’une passion pour les mélodies du reggae man Saïdou Koné, dit Alpha Blondy. Pour la petite histoire, Alain Alain à porter des dreadlocks pendant 13 ans avant de s’en débarrasser en mars 2007.
Avec le micro, 24 ans d’amour
Avant de faire connaissance du micro, celui qui deviendra plus tard le préféré des auditeurs de plusieurs radios a d’abord été menuisier dans un atelier à Bobo-Dioulasso, après son ajournement au Brevet d’études du premier cycle (BEPC). Le déclic qui le pousse vers le micro est intervenu lors de l’animation, dans une radio de la place, d’une émission reggae interactive à laquelle il est invité. Une auditrice fit son éloge, trouvant sa voix « magnifiquement radiophonique » et confiant à l’invité qu’il est « un oiseau rare ». Le voici lancé dans une aventure de vie, de profession. Alain se mit à l’école des DJ dans les maquis d’où il apprit la manipulation des potentiomètres. A partir de 1996, il fera d’abord la radio Horizon FM Dédougou où son animation de la musique reggae séduit son auditoire qui le sacra « meilleur animateur » en moins d’un an.
Alain reviendra à Dédougou pour un second séjour dans deux radios et une boite de nuit, après un passage à Kaya et à Ouahigouya où il fut vêtu et auréolé par les éloges de son auditoire. Il partira pour Solenzo avant de s’installer à Ouagadougou.
De toutes les radios de la capitale burkinabè où il demande…le micro, il sera retenu à la radio Salankoloto. En plus de l’animation, Alain ajoute chez Roger Nikièma (promoteur de Salankoloto) une corde à son arc : le journalisme, particulièrement la présentation. Après avoir rendu le tablier à Salankoloto, il relèvera, en 2007, un défi que lui lancera Moustapha Thiombiano, promoteur d’Horizon FM. Ce défi qui consistait à présenter le flash d’information en trois langues (mooré, dioula, fulfuldé) est relevé haut la main par le polyglotte. Cela lui a valu une place bien faite au sein de Horizon FM Ouagadougou.
Avec un esprit fertile en conception d’émissions non sans le sens de l’humour, ajouté à sa maîtrise presque parfaite d’une demi-douzaine de langues, Alain Traoré ne lasse guère son auditoire. Tant et si bien que de l’émission ‘’ Nong-y sida (aimez la vérité) sur Horizon FM au Défouloir de Alain Alain sur Oméga, toutes les deux des émissions satiriques, le concepteur du Boulvânka sera plusieurs fois distingué par des prix. Il cite notamment le prix civisme en 2011, et ensuite le prix du meilleur animateur culturel, puis le prix du MAVO (Mouvement des Associations de la Ville de Ouagadougou, dont bon nombre de maires font partie).
« J’ai fait 10 ans dans une radio sans salaire »
Il se souvient d’ailleurs que son aventure avec Radio Oméga a été suscitée par des fans, après qu’il ait mis fin à sa collaboration avec Moustapha Thiombiano. En effet, quand ce dernier refuse de lui octroyer un congé du micro, il rend le tablier pour se consacrer à un studio de réalisation de spot publicitaire et ne se présentera à un recrutement lancé par Radio Oméga que du fait de la pression des auditeurs. Ce fut un succès ! L’aventurier du micro s’essaie au montage aux côtés de professionnels dont Roland Batoua, et s’en sort avec la casquette d’un des meilleurs monteurs de la radio, décrochant notamment le prix du meilleur montage radio aux prix Gallian 2018.
Si Alain Alain se réjouit aujourd’hui d’un métier qui nourrit son homme, il confie néanmoins avoir connu une traversée du désert. En effet, celui qui partage 24 ans… d’amour pour le micro dit garder un mauvais souvenir des maigres revenus, parfois des poches vides ou encore des couloirs d’une agence de communication qui tenait lieu de logis. « J’ai fait 10 ans dans une Radio sans salaire, dans une autre je n’étais encouragé qu’avec 2500 F CFA la semaine », explique-t-il avec un brin d’amertume.
Mais pour celui qui est père de trois enfants, seul l’amour du micro et quelques fois le soutien de fans ont été des sources de motivation. « Devant le micro, je deviens une autre personne. Je frustre d’ailleurs souvent les femmes en disant que le micro est ma première épouse », ironise l’animateur.
Bernard Kaboré
Didier Sallé (Stagiaire)