Vie des partis : le MPC n’est plus avec la majorité présidentielle
Non satisfaite de la gestion du pouvoir par le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le Mouvement pour le progrès et le changement (MPC) quitte le navire des partis de la majorité présidentielle. L’annonce a été faite ce 10 septembre 2020 par les responsables de ce parti au cours d’une conférence de presse tenue au siège du Chef de file de l’opposition politique, à Ouagadougou.
Sous nos tropiques, faire partie de la majorité gouvernante, c’est, généralement, aller à la soupe, pour le commun des mortels. Si oui, l’on peut caricaturer en disant que des convives viennent de quitter la table de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle avant la fin du repas, puisque le mandat présidentiel n’est pas encore à terme. Mais pour les premiers responsables du MPC, cette décision de quitter la table se justifie aisément : créé en 2012, le parti, selon son secrétaire général, Abdoul Karim Ouédraogo, « a été au rendez-vous de la lutte ayant abouti à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 », avant de soutenir l’élection de Roch Marc Christian Kaboré à la tête de la magistrature suprême. « Nous croyions que, fort de ses 26 ans d’expérience, il réussirait à mobiliser toutes les énergies et les ressources pour bâtir un Burkina de paix, de prospérité, d’unité nationale et d’espérance”, a rappelé le secrétaire général et porte-parole du jour des conférenciers. Mais que de regrets. « Malheureusement, durant les cinq années du mandat du président Kaboré, le Burkina a perdu le contrôle d’un tiers de son territoire. Environ 4000 Burkinabè et amis du pays ont été tués, plus d’un million de nos concitoyens sont déplacés internes, tandis que trois autres millions sont touchés par une crise alimentaire … » a égrené Abdoul Karim Ouédraogo, résumant le bilan du chef de l’Etat en « une catastrophe ».
Revenir à l’Opposition, soutenir Zéphirin Diabré
Si le MPC quitte le navire à quelques semaines des consultations électorales, c’est parce qu’il « ne veut plus être comptable » d’une « descente aux enfers ». « Nous ne voulons pas avaliser un faux bilan que produira l’APMP, notre parti a courageusement décidé de prendre ses responsabilités devant l’histoire en démissionnant de la majorité présidentielle », a fait savoir le porte-parole du MPC qui ajoute que les propositions de parti n’ont pas souvent été prises en compte par l’actuelle majorité.
Après sa défection du rang de la mouvance présidentielle, le parti de Claude Ouédraogo compte déposer ses valises au Chef de file de l’opposition politique (CFOP) qu’il avait quitté en 2015. Ainsi, le MPC signera dans les jours à venir l’Accord politique de l’opposition. Mais son candidat à l’élection présidentielle du 22 novembre est tout trouvé, il s’agit du président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Zéphirin Diabré qu’il investira dans les prochains jours.
Bernard Kaboré