Double scrutin du 22 novembre : L’opposition dénonce « une fraude en cours »
À quelques heures des élections couplées du 22 novembre 2020, les candidats à la présidentielle, notamment ceux signataires de l’accord politique de l’opposition, ont animé une conférence de presse pour dénoncer une fraude en cours.
C’est l’une des conférences de presse qui resteront certainement dans les annales. Entre les médias nationaux et internationaux qui ont pris d’assaut la salle de réunion du CFOP, il était difficile pour les maîtres des lieux eux-mêmes de se frayer un passage jusqu’au niveau du pupitre.
En effet, dans notre pays, ce n’est pas tous les jours que le Chef de file de l’opposition politique convie la presse pour dénoncer une fraude électorale alors que nous ne sommes qu’à quelques heures du double scrutin de la présidentielle et des législatives. « Des personnes s’adonnent à la récupération des cartes d’électeurs moyennant le versement de sommes d’argent. Le caractère massif du phénomène peut porter atteinte à la sérénité et à l’intégrité des résultats des élections », a, d’entrée de jeu, déclaré Zéphirin Diabré, candidat de l’UPC, entouré des autres prétendants à la magistrature suprême ou de leurs représentants.
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Convaincu, après trois semaines de campagne, que le peuple burkinabè est assoiffé de changement et d’alternance, le président de l’Union pour le progrès et le changement a indiqué que le coup K-O prôné par le MPP n’est que rêve et illusion. Pour lui, le parti au pouvoir est conscient de cette réalité et c’est pour cette raison que ses agents se promènent, au vue et au su de tous, dans les marchés et dans les quartiers munis de sacs remplis de billets de banque pour acheter les cartes d’électeurs des populations, en l’occurrence les femmes. « Nous avons en notre possession des éléments sonores », a-t-il attesté.
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A en croire le conférencier du jour, cette opération n’a pas commencé maintenant : « Des gens sillonnent le territoire, remettent de l’argent aux femmes, récupèrent leurs cartes d’électeur et leur numéro de téléphone et promettent de leur faire des transferts », a-t-il insisté, ajoutant qu’un parti membre de la majorité, en l’occurrence l’ODT, est sorti pour dénoncer le fait que des bulletins de vote auraient été imprimés par des structures proches du pouvoir. « Nous avons même été approchés par des étudiants qui nous ont dit avoir voté à l’avance. Ce sont des éléments très graves qui nous ont amenés à déposer une plainte contre x auprès du Procureur du Faso », a annoncé le chef de file de l’opposition.
Lobs numérique · Zéphirin Diabré sur la “fraude en cours”
Un autre élément qui suscite de l’inquiétude chez ces candidats, c’est la liste des bureaux de vote. En effet, il leur serait revenu que des « modifications intempestives » se font depuis quelques jours dans certaines zones du pays. Il s’agit notamment des ajouts de villages qui n’étaient pas auparavant concernés et à des retraits de localités où le vote devait normalement avoir lieu. « Le but est de faire en sorte que les zones où l’opposition est forte aient moins de chance », a lancé l’homme politique, le ton toujours aussi indigné. Pour lui, le cas le plus saisissant se déroule dans trois villages de la province de l’Oudalan.
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Le dernier point sur lequel les conférenciers ont voulu insister concerne le fait que « la CENI éprouve des difficultés à acheminer le matériel électoral dans les centres de vote ». La commission électorale nationale indépendante a donc été interpelée sur les dispositions à prendre pour que ces scrutins se tiennent dans les délais sur toute l’étendue du territoire national.
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Pour ces partis de l’opposition, il ne sera jamais question d’accepter des résultats entachés d’irrégularités. Par la même occasion, ils ont demandé au gouvernement de communiquer sur la prise en charge des délégués des bureaux de vote. Et d’après les nouvelles que nous venons de recevoir, la majorité présidentielle compte, à son tour, animer une conférence de presse ce soir à 19h à son siège. Affaire donc à suivre!
Zalissa Soré
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