Evolution du dossier Norbert Zongo 22 ans après : Même acculé, le procureur du Faso n’a rien lâché
Pour le 3e numéro du Club de la presse qui a eu lieu dans l’après-midi de ce samedi 5 décembre 2020 à Ouagadougou, le Centre national de presse Norbert Zongo a invité le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Ouaga 1, Harouna Yoda. Pendant près d’une quinzaine de minutes, celui-ci a fait le point du dossier Norbert Zongo en justice avant de se prêter aux questions des journalistes.
“Etant donné que le dossier est toujours en cours, le sacro-saint principe du secret de l’instruction fait que beaucoup seront déçus. Je ne peux aller au-delà de certaines limites”, a vite fait de prévenir le procureur du Faso, Harouna Yoda, avant de livrer le contenu de son exposé. Pour nous qui avons eu la chance de le suivre jusqu’au bout, on peut dire qu’il avait raison étant entendu qu’il n’a rien dit de nouveau. En effet, le chef du parquet près le tribunal de grande instance de Ouaga 1 n’a fait que rendre compte de l’évolution procédurale de l’affaire Norbert Zongo tout au long des 22 ans.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que, depuis l’assassinat du journaliste d’investigation et de ses camarades d’infortunes (Blaise Ilboudo, Ablassé Nikiéma et Ernest Zongo) le 13 décembre 1998 à Sapouy en passant par l’inculpation le 2 février 2001 de Marcel Kafando, un adjudant de la sécurité présidentielle, l’ordonnance de non-lieu rendu par le juge d’instruction en juillet 2006 (décision attaquée mais confirmée par la chambre d’instruction) et la demande de réouverture du dossier par les avocats des ayants droit suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 avec la présentation de charges nouvelles (documents retrouvés au domicile de François Compaoré), l’invité du jour n’a fait que donner des informations accessibles en un clic sur internet.
Néanmoins, il continuera son point en disant que quatre personnes ont depuis été mises en examen dont François Compaoré qui, considéré comme l’un des principaux suspects, est sous le coup d’un mandat d’arrêt. Après une longue course judicaire, le gouvernement français a signé, on s’en souvient, le 5 mars 2020 le décret d’extradition de celui-ci. Une décision attaquée par ses avocats devant le Conseil d’Etat de ce pays. « Nous attendons donc que le Conseil d’Etat français vide son contentieux. C’est là tout ce que je peux dire sur cette affaire », a conclu le procureur.
Si le public comptait sur la phase des questions-réponses pour lui soutirer un quelconque scoop, eh bien, nombreux sont ceux qui sont restés sur leur faim. « Monsieur le procureur, dites-nous réellement, est-ce que votre justice n’est pas sous le contrôle de l’Exécutif ? Vos textes ne favorisent-ils pas les accusés ? Si le Conseil d’Etat français juge recevable la requête des avocats du frère cadet de l’ancien président, est-ce qu’il y a une autre piste que la famille pourrait explorer ? Y a-t-il autre chose qui bloque le dossier ? Peut-on juger l’affaire sans attendre l’extradition de François Compaoré ? Est-il possible de faire le jugement par contumace ? » Voilà autant de préoccupations soulevées par les journalistes.
Usant de la plus grande diplomatie et évoquant le devoir de réserve, Harouna Yoda va éluder la plupart des questions. « Ce sont les impressions de nombreux Burkinabè que vous exposez ici. Je le comprends mais avec tout le respect que je vous dois, je ne peux dire plus que ce que j’ai déjà donné comme information », va-t-il déclarer avant de donner quelques bribes d’explications.
Quelques réponses aux questions du public
C’était sans compter certainement sur l’entêtement du public qui voulait surtout savoir si François Compaoré peut être jugé par contumace. « Des voix plus autorisées ont déjà répondu à cette question. Comme la presse a une mémoire, je vous renvoie à cela », a rétorqué l’invité précisant : « En venant ici, je m’attendais à un certain type de questions mais je savais aussi comment j’allais y répondre ».
Zalissa Soré
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