Université Joseph Ki-Zerbo : Double immortalisation d’un grand historien
Après l’attribution de son nom à l’université Ouaga 1 en 2015, la mémoire du Pr Joseph Ki-Zerbo a, une fois de plus, été honorée ce 4 décembre 2020, jour du 14e anniversaire de sa disparition. Une statue érigée au sein de l’université a été dévoilée au public au cours d’une cérémonie.
Confession du ministre en charge de l’Enseignement supérieur, le Pr Alkassoum Maïga, la cérémonie de dévoilement de la statue Joseph Ki-Zerbo était, au départ, voulue sobre. Mais c’était sans compter sur le nombre important de personnes qui ont épousé les idéaux de l’historien et qui, pour rien au monde, ne voulaient rater un détail de ce cérémonial. Ainsi, ils étaient nombreux les personnalités politiques, scientifiques et les étudiants présents à la cérémonie, laquelle a été marqué par une série de discours et témoignages mais aussi et surtout le dévoilement de la statue. Taillée par l’artiste plasticien, Siriki Ky, la figure en pied est faite de bronze. Haute de 2,70 mètres et lourde de 430 kilos, elle montre un Joseph Ki-Zerbo débout sous un boubou, écharpe au cou, bonnet bien vissé et dans la main gauche, un livre sur lequel on peut lire : « Eduquer ou périr », du titre d’un de ses ouvrages de référence, paru en 1990, en pleine Conférence mondiale sur l’éducation.
Le Pr Alkassoum Maïga, le patron de l’Association africaine des historiens, Pr Aka Kwamé, le président de la Génération Joseph Ki-Zerbo, Parfait Maré, pour ne citer que ces personnes ont pris la parole. Ils sont tous unanimes : celui à qui l’hommage est une fois de plus rendu est l’un des grands historiens-chercheurs de son temps, sinon de tous les temps. On lui doit une riche bibliographie dont deux volumes de la monumentale Histoire générale de l’Afrique. Bref, «les écrits de l’homme, tel un tsunami, ont inondé les quatre coins du monde et permis à des milliers de graines enfouies dans les entrailles des terres arides de germer à jamais », estime le Pr Rabiou Cissé, président de l’Université Joseph Ki-Zebo. Et ce n’est pas seulement à un enseignant-chercheur, « pionnier d’une résurrection intellectuelle » que le monde universitaire rend hommage, c’est aussi la mémoire d’un « homme politique redoutable » et d’un « panafricaniste convaincu » qu’il salue.
4 939 ouvrages pour la Bibliothèque centrale de l’Université
Pour la famille du défunt, représentée par Françoise Ki-Zerbo, fille ainée de l’illustre disparu, cette statue, plus qu’un hommage est un souvenir tangible pour les générations présentes et à venir. Et à la faveur de la cérémonie de dévoilement, Françoise Ki-Zerbo a dévoilé deux actes posés par la famille, question de remplir un devoir de solidarité à l’égard de la communauté scientifique africaine. Primo, elle met à la disposition de ladite communauté scientifique un fonds documentaire de 4 939 ouvrages et documents, sélectionnés par le Pr Joseph Ki-Zerbo qu’il a lui-même utilisés. Secundo, dans le cadre d’une convention de partenariat signée entre l’université et la famille, cette dernière apporte un appui financier pour la réalisation de deux thèses de doctorat en lien avec les œuvres et la vision de développement endogène qu’à toujours prôné le Pr Ki-Zerbo. Et les lauréats sélectionnés par l’Université sont : Adama Bambara qui mène des recherches en sociologie sur le thème « Dynamiques sociales autour de la gestion intégrée des ressources en eau dans l’espace de gestion du comité local de l’eau de Bagré Aval-est : Discours, représentations et pratiques sociales » et Ollo Mathias Kambou, étudiant en sciences de la population qui explore « Les conséquences de l’orpaillage sur la déscolarisation au Burkina : Cas de la région du Sur-Ouest ».
Bernard Kaboré