Vidéos clubs au Burkina : Quand les films font place aux matchs de football !
Les vidéos clubs sont des espaces de divertissement où de nombreuses personnes passent leur temps. Au Burkina, généralement on les trouve dans les quartiers périphériques des villes ou dans les villages. Les téléspectateurs y regardaient des films de guerre, des westerns, de la pornographie ou des feuilletons à l’eau de rose, etc. Mais ce contenu des vidéos clubs a quasiment disparu pour faire place à des matchs de football. Constat ce 21 février 2021 dans les quartiers Pissy et Yôgin de Ouagadougou.
Des écrans géants de télévision, des baffles pour une bonne sonorisation, des places assises aménagées pour les clients, le tout sous un hangar clôturé d’où il est difficile d’apercevoir quoi que ce soit de dehors : Vous avez là un aperçu des vidéos clubs au Burkina Faso. C’y projettent, presque 24h sur 24, des films et des matchs de football. C’est le menu principal qui est servi aux clients. Si pendant longtemps, le plat de résistance de ces espaces de divertissement était la projection de films de guerre, de feuilletons africains ou des séries sud-américaines, ce n’est plus le cas de nos jours. Pourtant, les films américains, c’est ce qui passionne Jacques Ouédraogo, élève de 4e, venu regarder le programme du jour, chez Salomon Kabore, gérant d’un vidéo club à Yôgin, à quelques encablures après le quartier Zongo de Ouagadougou.
Les vidéos clubs de plus en plus tournés vers les matchs de football
Au tableau d’affichage dans ce vidéo club à Pissy, rien que des programmes des matchs du jour des championnats européens. Dramane, un habitué des lieux, à ce qu’il nous a dit, est venu suivre le match de 12h. Il nous explique, qu’en fait de vidéo club, nous sommes chez un abonné d’un opérateur de télévision à péage. Si à Yôgin, chez Salomon, le babillage est dominé par les matchs du jour, on n’y aperçoit néanmoins une affiche d’un film. Chez Moussa, son concurrent immédiat, aucune affiche du genre. Pourquoi ? Cela est lié à un désintérêt de ses clients pour les films. Ces derniers, selon Moussa, préfèrent suivre les matchs de football notamment la ligue des champions en Europe et quelques rares fois, les compétitions auxquelles prennent part une équipe des Etalons. A ce propos, le match des Etalons junior contre les Braves Warriors de la Namibie, dans le cadre de la CAN des moins de 20 ans, Mauritanie 2021, était programmé pour 19hTU. Salomon est d’avis avec Moussa et soutient que n’eût été cette reconversion, il aurait fermé son vidéo club car y projeter des films n’est pas rentable. Toutefois, il souligne que l’engouement du public pour les films est fonction de leur genre. Selon lui, les films africains attirent du monde.
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Les élèves et les étudiants investissent les vidéos clubs
Ils sont assis pour les uns sur des bancs, les autres sur des chaises, d’autres encore sur des bustes de murs. Les yeux rivés sur les deux grands écrans qui diffusent simultanément deux matchs de football, ils ne manquent pas de discuter sur les actions des joueurs. En supporters de l’une ou l’autre des équipes, ils se tapotent, oubliant les mesures barrières en ces temps de recrudescence de la covid 19, notamment le port obligatoire du cache-nez qui a foutu le camp. Qu’importe, le gérant se défend sur les dispositions prises dans son vidéo club contre la pandémie. Au demeurant, il nous confie que ses clients sont en grande majorité des étudiants qui sont avertis sur les risques d’infection au coronavirus. Il brandit en outre un gel pour le lavage des mains, tout en nous indiquant au coin de son vidéo club, un dispositif de lave-main. Mais le malheureux constat, c’est que ses clients ne se fichaient pas mal des risques de contracter cette maladie.
Les matchs de ces clubs phares qui font salle comble
Les matchs du FC Barcelone, de Paris Saint Germain, du Real Madrid, pour ne citer que ces clubs, sont un baromètre des projections grâce auxquelles Moussa et Salomon renflouent leurs caisses. « Ce sont des équipes qui drainent du monde », confient nos deux gérants. C’est pourquoi du reste, quand sont diffusés des matchs de la ligue des champions européenne, les tarifs d’accès à leurs vidéos clubs sont revus à la hausse. Chez Salomon, il faut débourser 150 FCFA pour suivre 3 matchs dont 2 associés à 1 d’un grand club européen. Chez Moussa, suivre un match coûte 100 FCFA, qu’importe le club. « Nous vivons de la diffusion des matchs », confie Salomon qui déplore le coût de l’électricité qui lui revient à environ soixante mille FCFA (60000) par mois.
Qu’à cela ne tienne, la tendance aujourd’hui, au-delà de la rareté des films dans les vidéos clubs, c’est leur reconversion dans la diffusion des matchs de football qui bute sur la rude concurrence de ces débits de boissons qui projettent en boucle ces événements.
Camile Baki