Politique

Réconciliation nationale : « N’allons pas au forum comme ça, ce n’est pas une kermesse », déclare Zéphirin Diabré

Selon le schéma envisagé par le gouvernement, le chemin qui mène vers la réconciliation nationale passe par la tenue d’un forum. Ceux qui sont pressés d’y aller n’auront pas le soutien du ministre d’Etat auprès de la présidence du Faso, chargé de la réconciliation nationale. Lors d’une rencontre d’information avec les ayants droit des victimes de crimes de sang et les blessés suites aux évènements politiques, tenue ce 25 mars à Ouagadougou, Zéphirin Diabré l’a dit et redit : « cette réconciliation ne se fera pas sans des préalables. »

Les services techniques du ministère de la Réconciliation nationale avaient pourtant prévu un timing d’une heure et demie tout au plus. Mais c’était sans compter avec l’intérêt porté sur le sujet à l’ordre du jour. Un intérêt manifesté par la mobilisation de plusieurs centaines de personnes qui ont pris d’assaut la Salle des conférences de Ouaga 2000. Finalement, l’entrevue entre « Monsieur Réconciliation » et ses invités du jour a duré quatre heures d’horloge.

Que faut-il en retenir ? Si l’on s’en tient au mot introductif de Zeph, cette rencontre avec les ayants droit des victimes de crimes de sang et les blessés suite aux évènements politiques se veut une rencontre d’information. Ce cadre d’échange a pris en compte aussi bien les évènements de l’histoire récente du pays (insurrection populaire de 2014 et coup d’Etat de 2015) que les soubresauts qui l’ont jalonnés il y a plusieurs décennies. « Il ne s’agit pas là d’exposer des préoccupations personnelles, encore moins de les solutionner tout de suite et maintenant », avait précisé celui dont la mission est de construire la stratégie devant aboutir à la réconciliation nationale. Mais lorsque les langues se sont déliées, difficile a été pour les uns et les autres de se passer de leurs vécus. Selon les témoignages, les blessés et les ayants droit des victimes, dans leur majorité, vivent dans une précarité. En cause, des emplois perdus du fait de l’invalidité, des charges insupportables du fait de la disparition de parents ou de proches, etc. Et comme pour ne rien arranger, cette précarité est doublée d’une soif de justice non étanchée.

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Quel schéma pour aller donc à la réconciliation ? Les avis sont partagés. Chacun y est allé de sa suggestion. Pour les uns le respect du triptyque vérité, justice et réconciliation est non négociable, particulièrement en ce qui concerne les crimes de sang. Pour les autres, il faut nécessairement traiter la question dans toute sa profondeur, en prenant notamment en compte des maux tels que la fracture sociale, l’insécurité, les problèmes liés au foncier, etc. Mais s’il y a une chose qui a fait l’unanimité dans la salle, c’est la réparation. En clair, les blessés et les ayants droit des victimes veulent une indemnisation.Zéphirin Diabré a rassuré : sa stratégie, au-delà d’inclure le triptyque vérité, justice et réconciliation, prévoit la tenue d’un forum national sur la réconciliation nationale, à l’image de la Journée nationale du pardon tenue vingt ans plus tôt. Mais avant d’y aller, « il faut des préalables », et la rencontre de ce 25 mars en est un.

Bernard Kaboré

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