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Elections des députés de la CEDEAO au suffrage universel direct : « Une bonne idée, mais … »

Le plan stratégique (2020-2024) du Parlement de la CEDEAO adopté au cours de sa première session extraordinaire 2021, tenue à Freetown du  29 au 31 mars dernier, prévoit l’élection des députés communautaires au suffrage universel direct. Une importante décision qui, en attendant d’être validée par les chefs d’Etat, suscite bien de commentaires chez les observateurs avertis comme chez le citoyen lambda. Nous vous proposons ici l’avis de 3 Burkinabè qui, tout en saluant cette décision historique, s’interrogent sur les obstacles quant à sa mise en œuvre.

Monsieur Olivier Yiougo, gestionnaire des ressources humaines à la retraite :

«  C’est une bonne idée que je salue à sa juste mesure. On attend de voir comment elle va être mise à exécution. Est-ce que les règles du jeu démocratique vont être respectées de bout en bout lors des élections de ces députés communautaires ? Si oui, le jeu en vaut la chandelle. En effet, le système de cooptation actuelle au sein des Parlements nationaux peut poser un problème de représentativité de l’institution aux yeux de certains citoyens de la communauté »

Abdoul Karim Sawadogo, Journaliste, président du réseau d’initiative des journalistes pour le traitement de l’information parlementaire :

« Elire les parlementaires  de notre espace communautaire au suffrage universel direct est une bonne chose dans la mesure où cela constitue un moyen de renforcer nos systèmes démocratiques. En effet, quelqu’un qui se prévaut d’un mandat du peuple doit être élu par ce dernier et en connaissance de cause de la mission à lui assignée. Au sein des Parlements on constate que les différentes chapelles politiques s’entendent pour se répartir les postes dans les institutions régionales et internationales. Cela pose, de mon point de vue, un problème de légitimité. Certes, se faire déjà élire pour un poste de député dans son pays confère cette légitimité mais si nous avons les moyens de la renforcer, il faut s’inscrire dans cette dynamique et éviter le partage systématique de postes »

Yves Ardjouma Millogo, acteur politique et universitaire, enseignant en droit et en économie :

«  C’est une bonne idée. J’espère que les chefs d’Etat vont l’entériner. Il y a néanmoins des inquiétudes quant à sa mise en œuvre. En effet, le calendrier électoral n’est pas toujours respecté dans nos Etats et quand les élections ont lieu, elles sont souvent sujettes à caution en matière d’équité et de transparence. Comment faire en sorte que les élections communautaires, si elles ont lieu, ne connaissent pas les mêmes travers ? Par ailleurs, ces députés seront-ils élus sur  des listes de partis ou bien des indépendants pourront y concourir  et suivant quel mode de scrutin ? Ce sont autant de questions qui pour l’instant restent sans réponses. J’attends donc de connaître la forme que va prendre cette élection au suffrage universel direct des députés communautaires pour me convaincre davantage de la pertinence de l’idée »

Zéphirin Kpoda

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