Crise Communauté musulmane : matinée surchauffée à la grande mosquée de Ouaga, une dizaine de personnes aux arrêts
C’est connu, un bureau exécutif dont le mandat est terminé et un autre qui se pose en intérimaire revendiquent chacun la présidence de la Communauté musulmane du Burkina. Cette crise connaît un nouveau rebondissement avec l’arrestation d’une dizaine de personnes qui ont manifesté ce samedi 17 avril 2021 contre la tenue d’une rencontre à la grande mosquée de Ouagadougou, rencontre organisée par le bureau intérimaire qui a pourtant désormais l’onction du ministère de l’Administration territoriale.
La nuit du 16 au 17 avril présageait vraisemblablement cette journée sous haute tension à la Grande mosquée de Ouaga, selon certains témoignages. En effet, des partisans de l’ex-bureau exécutif de la Communauté musulmane y auraient passé la nuit à ruminer l’intention d’empêcher la réunion convoquée par le bureau exécutif par intérim. Puis, l’heure de la rencontre sonnée, ils ont pris d’assaut les différentes entrées de la mosquée, interdisant l’accès à ceux qui s’y sont donné rendez-vous. « Certains ont même brandi des armes blanches pour menacer leurs vis-à-vis », nous a confié un témoin anonyme.
Malgré la présence des forces de l’ordre qui, tôt le matin, se sont déportées sur les lieux avec plusieurs dizaines d’éléments, le langage des mécontents n’a pas changé. Ils ont d’ailleurs traduit leur colère en jets de pierres contre la police qui a riposté par des tirs de gaz lacrymogènes et procédé à l’interpellation d’une dizaine de personnes.
C’est après cet incident que les portes de la mosquée ont été libérées pour que commence finalement la réunion. Mais sans la participation du président par intérim, El hadj Omar Kouanda dont la présence était pourtant annoncée. A l’intention de plusieurs dizaines de personnes présentes, dont des représentants de l’Etat, son message a été lu et traduit.
Selon le porte-parole d’El hadj Omar Kouanda, cette rencontre fait suite à une décision conservatoire, en date du 11 avril, du ministère de l’Administration territoriale qui, non seulement, confère au bureau par intérim de la CMBF toute sa légitimité mais aussi l’investit en chef d’orchestre des démarches devant conduire à une sortie de crise. Ainsi, la présente réunion se veut, selon ses organisateurs, un cadre de rassemblement de toutes les parties afin de préparer une prochaine assemblée générale élective du bureau exécutif de la Communauté musulmane.
En rappel, le bureau exécutif par intérim de la CMBF a été mis en place, fin octobre 2020 à Bobo-Dioulasso, après la fin du mandat, le 6 juin 2020, du bureau sortant qui n’a pas organisé le renouvellement des instances.
Bernard Kaboré
