Le couloir de la présidence : « Je ne réponds pas à Smarty, c’est un combat de plume », selon Naël Melerd
Autoproclamé président du rap burkinabè après la sortie du single « Rien à prouver » de Smarty, le slameur, Nathanaël Minoungou, alias Naël Melerd est au cœur d’une polémique entretenue par une chanson réplique, Le couloir de la présidence. Pour des amateurs et fins observateurs du show-bizz, cet artiste a franchi le Rubicon en osant répliquer au transfuge du groupe Yélenn. Dans une interview qu’il nous a accordée le 25 mai 2021, Naël Melerd revient sur cet épisode devenu le buzz du moment. Je ne réponds pas à Smarty, dit-il, ” c’est un combat de plume, j’ai répondu à ce qu’il a écrit, sinon c’est un grand frère que je respecterai toujours”. Lisez plutôt.
Comment avez- vous accueilli R.A.P. de Smarty ?
Je l’ai accueilli avec beaucoup de joie. Smarty c’est quelqu’un que je respecte dans le métier. Parce que je trouve qu’on a beaucoup de points communs. Nous sommes vraiment très stricts sur le sens profond des textes. C’est le seul d’ailleurs que j’apprécie dans ce sens. Pour revenir à la question, j’ai trouvé que R.A.P. est une œuvre de belle facture parce que je me suis senti dans le texte. Pour moi c’est un privilège de se sentir indexé dans le texte d’un grand rappeur comme Smarty. Un privilège parce que cela allait me permettre de réagir. Je suis content de cette création que je cherchais d’ailleurs.
Est-ce que vous avez souvent côtoyé Smarty ?
Evidemment. Vous savez, les vrais paroliers connaissent Naël. Au sein des mélomanes, ce n’est pas évident parce que j’ai, jusque-là, peu médiatisé mon art. Mais dans le milieu du showbizz, on sait qui fait quoi, qui écrit quoi. Smarty fait partie des personnes aguerries. Il connaît mon domaine de prédilection, il sait que j’écris très bien et il me l’a d’ailleurs dit plus d’une fois. On s’est plusieurs fois retrouvé sur les mêmes scènes. On a souvent été dans des jurys de compétition, on se connait et on se parle.
Après la sortie de R.A.P., vous êtes entré en studio et vous en êtes ressorti avec une chanson. Est-ce une réplique sérieuse ou un simple coup de buzz ?
C’est une réplique sérieuse. Vous verrez bien dans le titre de la vidéo que c’est mentionnée « le couloir de la présidence, réplique à RAP de Smarty ». C’est une réplique, point barre ! Mais je ne sais pas pourquoi ça étonne les gens. Peut-être parce qu’on ne connaissait pas la plume de Naël, et on se dit « comment il va répondre à Smarty ? ». Non, je ne réponds pas à Smarty, c’est un combat de plume. Je réponds à ce qu’il a écrit. Sinon, Smarty c’est mon grand frère que je respecterai toujours. Je voudrais tout de même qu’on le tienne pour dit, ma plume n’a pas peur de sa plume. C’est une histoire d’écritures.
Est-ce à dire que vous vous êtes senti visé par des propos du genre « slameurs des couloirs de la présidence » ?
Pas du tout. J’étais content de cette phrase-là. Je ne peux pas être vexé parce que comme je l’ai dit dans ma réplique, le couloir de la présidence, ce n’est pas l’allée d’un marché. C’est un niveau, si je suis un slameur des couloirs de la présidence. Parce que je n’y ai pas commencé ma carrière. J’ai commencé dans le quartier, les petites scènes et aujourd’hui je suis dans les couloirs de la présidence que n’importe qui ne peut atteindre ou demeurer. Une chose est de passer une fois dans les couloirs mais une autre est d’y rester. Rassurez-vous, je ne peux pas être vexé et c’est difficile que je le sois parce que je sais ce que je fais dans ce couloir et comment j’y suis arrivé de façon digne et honnête.
D’aucuns estiment que vous avez profité de l’œuvre d’un aîné pour hisser votre cote de popularité. Que répondez-vous ?
Je leur dis que savoir profiter des occasions est une grande qualité de la vie. Tout le monde en profite. On profite de la lumière du jour, on profite de l’obscurité. On profite de sa famille. On profite de tout. Il faut seulement savoir profiter. Moi j’ai su profiter. Je ne nie pas en avoir profité. Je l’assume d’ailleurs. Si ceux qui parlent avaient eu aussi cette occasion, ils allaient en profiter. J’ai été très attentif et j’ai profité de la bonne manière parce que ça pouvait prendre une tournure qui ne m’avantage pas. Pour tout dire, je suis un putain de bon profiteur. (Rires).
En vous auto proclamant nouveau président du rap voulez-vous dire que vous basculez dans un autre genre musical que le slam?
Je suis un parolier. Si je rappe lentement, on dira que je slame. Mais si je slame vite, on dira que je rappe.
C’est quoi la suite pour vous après la réplique ?
En tant que nouveau et désormais président du rap, la suite consistera à mater la rébellion. Mater parce qu’il y a aussi des gens qui veulent nous répliquer. C’est le game, je suis d’accord. Mais en tant que président, il faut que je mette les points sur les i. Artistiquement bien sûr. Il faut que les gens arrivent à accepter et à reconnaître la puissance de ma plume. C’est dans ce sens que je compte mater tous ceux qui vont réagir. Quand j’aurai fini de mater la rébellion, je vais asseoir la constitution. Les règles du jeu sont guidées par le principe de la valeur de la plume, la profondeur des textes. Ainsi, dans peu de temps on ne verra plus des clips de rap où on présente des fesses ou des mother fuck. On va écrire des textes qui font rouler les méninges. Ça, c’est mon travail.
Entretien réalisé par Bernard Kaboré
Big respect à toi frère c’est ça la musique et tu maîtrise vraiment ton arme. Merci au chef smarty pour le RAP qui fait bougé les méninges et naël tu est vraiment un parolier. Que le game soif. Il faut vraiment nous faire la différence entre le hip hop et le pure rap.