Session ordinaire du Parlement de la CEDEAO : Les députés communautaires s’inquiètent de la situation sécuritaire au Burkina
Une semaine après son ouverture officielle, la première session ordinaire 2021 du Parlement de la CEDEAO poursuit sans désemparer ses travaux. Les plénières se succèdent à un rythme soutenu avec des élus assidus à l’examen des rapports-pays présentés par les différentes délégations.
La présentation de ces rapports s’est poursuivie le 1er juin avec les exposés du Cap Vert, du Liberia et du Burkina Faso.<br>De ces 3 rapports-pays, celui du Burkina aura le plus retenu l’attention des élus à cause de la situation sécuritaire très volatile que vit le pays mais aussi à cause du report des élections locales et l’épineuse question de la réconciliation nationale.<br>Au sujet de la situation sécuritaire, le rapport du Burkina a fait remarquer qu’elle demeure préoccupante malgré une relative accalmie depuis le début du second semestre de l’année 2020. Le rapport souligne donc l’engagement du gouvernement à consolider la paix et la sécurité dans le pays par les actions majeures suivantes :Consolidation des acquis engrangés grâce à l’opérationnalisation de la loi de programmation militaire 2018-2022 ;
-L’amélioration de la contribution des volontaires pour la défense de la patrie ;
-La poursuite de la coopération sous régionale et internationale dans le cadre du G5 Sahel ;
-La restauration du climat de confiance entre les forces de l’ordre et la population civile ;
-Le renforcement des capacités d’intervention des forces de sécurité.
Réagissant à cette partie du rapport, des députés se sont inquiétés des attaques récurrentes signalées dans le pays et sur l’efficacité des forces de l’ordre à les contrer. Face à ces inquiétudes, la délégation burkinabè a souligné la complexité de cette guerre asymétrique, sans véritable ligne de front, et la perfidie des groupes armés non identifiés qui se fondent dans les populations civiles avant de s’en prendre à elles à l’improviste. Les forces de l’ordre burkinabè formées pour gérer des guerres classiques ont donc besoin de s’adapter à ces agressions d’un nouveau genre. Du reste, ces difficultés à vaincre le terrorisme et la criminalité transfrontalière n’est pas spécifique au Burkina mais une préoccupation mondiale, a souligné la délégation burkinabè.
Sur le plan politique, d’autres parlementaires ont voulu savoir quelle est la stratégie des autorités burkinabè pour parvenir à la réconciliation nationale ? La délégation burkinabè a réaffirmé le triptyque vérité-justice- réconciliation mis en avant par le président Kaboré ainsi que la création d’un ministère d’Etat en charge de la question. Ce département, selon la délégation burkinabè, réfléchit à définir une stratégie sur la cohésion nationale qui passe par la lutte contre l’extrémisme violent, le pansement des épisodes douloureux de l’histoire politique nationale, la gestion des conflits communautaires, des préjudices administratives, économiques, financières subits par des citoyens et la restauration de la confiance des Burkinabè vis-à-vis de l’Etat.
Sur la question du report des élections locales de mai 2021 à mai 2022, la délégation burkinabè a expliqué que cela est nécessaire pour une bonne préparation afin d’offrir des conditions optimales de sécurité aux acteurs politiques, à ceux chargés de l’organisation du scrutin et aux électeurs.
En rappel, ce sont 6 députés nationaux qui siègent au Parlement de la CEDEAO pour le compte du Burkina. Il s’agit de Mme K. Reine Bertille Sankandé, cheffe de délégation ; K. Modibeauh Ouattara (MPP) ; Nimayé Nabié (MPP) ; Dissan Boureima Gnoumou (MBF) ; Salifou Sawadogo (CDP) et Tibo Jean Paul Tapsoba (MPP).
Les 3 derniers viennent de prêter serment pour siéger au Parlement communautaire : Salifou Sawadogo pour un 2e mandat de 4 ans tandis que T. Jean Paul Tapsoba et D. Boureima Gnoumou pour un premier mandat.
Zéphirin Kpoda