Lutte contre le terrorisme : Propositions de citoyens après la tragédie de Solhan
L’attaque de Solhan dans la province du Yagha, la plus meurtrière que le Burkina ait jamais connue, avec au moins 160 morts, a remis au centre des débats la question de la stratégie de lutte contre le terrorisme. Que faire pour venir à bout de ce mal que le pays des Hommes intègres traine depuis maintenant six ans ? Quelles leçons tirer de cette tragédie de Solhan? Nous avons donné la parole à des Ouagavillois qui donnent leurs avis sur le sujet.
« Nos soldats ne sont pas engagés », Arnaud Bamouni
Le renseignement est l’une des clés qui va nous permettre de gagner ce combat contre le terrorisme. Le temps d’intervention en cas d’attaque en est une autre. Il faut que notre armée travaille à se déplacer plus rapidement. La lenteur est inadmissible. Des moyens conséquents doivent être déployés pour doter les FDS d’engins aériens. Cette situation nous démontre clairement que l’armée n’a pas su s’adapter à la donne terroriste. Le dévouement de nos soldats pose problème. Une personne qui choisit un métier par nécessité ne peut pas être engagée au même titre qu’une autre qui se bat par amour pour sa patrie.
La guéguerre au sein de l’armée, selon le journal L’Evènement ne va rien arranger, sans oublier les scandales d’affairismes relevés à tous les niveaux de la société par les journaux d’investigations.
« L’Etat est au bord de l’effondrement », Didier Ouédraogo, philosophe
Il n’est plus besoin, même pour le burkinabè lambda, de se poser la question comment va le Burkina. Le pays va mal, très mal, l’Etat est au bord de l’effondrement et les populations semblent désespérées. Une inquiétude qui se ressent jusqu’au niveau de la diaspora burkinabè vivant en France. Les FDS sont, à n’en pas douter, en déficit numérique, de logistiques, voire peut-être même de vision stratégique. Les VDP qui sont sensés les seconder sont aussi des cibles privilégiées, parce que mal outillés, insuffisamment formés. L’Etat est dépassé de tous côtés. Didier Ouédraogo propose donc :
- Les dépenses essentielles de l’Etat (train de vie des ministres, parlementaires, économat de l’armée et des fonctionnaires…) doivent être suspendues illico presto et les fonds remobilisés et réorientés vers un effort de guerre nationale contre l’ennemi (quelle qu’en soit la nature).
- Le pouvoir central (RMCK) doit mettre fin à cette attitude qui consiste à regarder passer les faits, les condamner et appeler les survivants burkinabè au deuil national.
- L’appel au rassemblement républicain, à la mobilisation générale doit être sonné, et les trafics en tous genre arrêtés.
- Mais pour que cet appel soit entendu des burkinabè, notamment des jeunes, il faut que l’Etat fasse de la reconquête du territoire national une priorité.
- Appel aux jeunes pour le combat patriotique.
- Précisions des conditions de la constitution de ces réservistes prêts pour le bon combat.
- Précisions et rigueur dans la gestion de ce contingent et la protection (maintenant et après de leurs familles).
- Concertation large de toutes les couches de notre peuple, du formel, comme de l’informel, des villes comme des campagnes…
- Examiner de manière concertée et concrétiser les appels et recommandations issues des organisations et Mouvements des droits humains (MBDHP…), des syndicats et des organisations autonomes des populations à travers tout le pays… Le pouvoir n’écoute que les bailleurs de fonds étrangers, des bailleurs de guerre… ???
- Mener une campagne ouverte de sensibilisation des burkinabè contre l’indifférence rampante des citadins essentiellement. Ce qui permettra de relever le déficit de conscience national.
En résumé, il s’agit d’utiliser nos ressources patriotiques propres d’abord, construire une stratégie conséquente sur ces ressources et après, seulement, solliciter la contribution de l’International.
- Inverser les logiques actuelles pour gagner sur la souveraineté politique et territoriale.
Propos recueillis par
W. Harold Alex Kaboré & Bernard Kaboré