Suspension d’Oméga médias : ce qu’en pense Hyacinthe Sanou, l’ancien directeur des rédactions
Comme on le sait déjà, la radio et la télé du groupe Oméga médias sont suspendues pour une durée de 5 jours par le Conseil supérieur de la communication (CSC). En cause la diffusion d’informations « erronées » sur l’attaque de Solhan. Dans cette tribune, Hyacinthe Sanou, précédemment directeur des rédactions d’Oméga médias, donne son avis sur ces suspensions. Il est, faut-il le rappeler, le directeur général du groupe filinfo, un opérateur global de l’information et de la communication numérique. Cette tribune est du reste disponible sur filinfos.net.
-Avocat du diable désigné devant l’opinion ?
-Hymne d’amour d’un «ex » ?
-« Corporatisme » ?
Libre à vous d’en juger pendant que le pouvoir MPP vous en laisse encore la possibilité. Une chose est sûre, de l’alpha de la lutte contre le terrorisme à l’oméga de la régulation des médias, une ligne rouge a été franchie ce mardi 8 juin 2021, jour de deuil pour la liberté de la presse au lendemain du deuil national après l’hécatombe de Solhan. Et ce, par la suspension pour 5 jours des programmes de la radio et la télé du groupe Oméga médias, «suite au constat de manquements graves dans le traitement de l’information relative à l’attaque terroriste perpétrée contre les populations de Solhan ». Une décision qui fait suite à une campagne anti-Oméga lancée par des activistes du parti au pouvoir au nombre desquels des membres du gouvernement. On pensait avoir tout vu.
Soyons clair, Oui, Oméga a failli dans son traitement avec notamment des erreurs factuelles. Oméga mérite donc peut-être d’être rappelée à l’ordre à coup de sanction.
Cependant, il reste étonnant cette décision deux poids deux mesures de l’institution dirigée par un «ex » conseiller du président du Faso à propos de ces mêmes erreurs factuelles commises également par d’autres médias nationaux et internationaux.
Oui vous avez bien lu, erreurs factuelles :
1.Un car Dina a bel et bien été arraisonné et la trentaine de passagers massacrée. Mais c’était dans la même attaque de Solhan et non le lendemain ni sur l’axe Sebba-Dori.
2.Des hommes armés affiliés à l’EIGS ont bel et bien fait irruption dans la localité de Solhan au lendemain de l’attaque et une partie d’entre eux ont échangé des tirs entre Banabia et Solhan avec une patrouille mixte de VDP et de militaires.
Ainsi donc même l’état-major général des armées s’est trompé dans son communiqué signé du directeur de la communication et des relations des armées, le Colonel Karim Ouily. Une erreur ou une omission sans effet immédiat.
La faute du média est donc de s’être trompé en voulant informer les Burkinabè. Elle a été sanctionnée pour cette faute. Ok. Fermons le ban.
Mais et pour les 132 innocents morts à Solhan ? Qui va-t-on punir ?
Pire, tenez-vous bien, selon Armed Conflict Location and Event Data (ACLED), au total 750 civils ont été tués ces 6 derniers mois dans des incidents sécuritaires. Quel media, le gendarme des médias, prompt à fermer la gueule à ces grandes gueules de journalistes, va-t-il suspendre pour ça ?
Si ce n’est que ce serait hors des prérogatives du CSC, on lui suggérerait d’auditionner tout au moins les ministres de la Défense et de la Sécurité et le CEMGA. Car oui, eux, leurs erreurs, même factuelles, occasionnent des pertes en vie humaine.
C’est bien de sanctionner ce joueur médiatique qui a commis une faute, mais que fait-on de cette équipe qui a essuyé une cuisante défaite ? Et puis, dans toutes ces querelles entre les enfants pendant que la maison est attaquée de toutes parts, que dit le chef de famille ? Il y en a toujours un ou pas ?