Dépistage du cancer du col de l’utérus : l’hôpital Saint Camille met en lumière la technique du Frottis cervico-utérin
Moins connu qu’octobre rose, Juin vert a été initié par l’INCa (Institut national du cancer) en France en 2010 pour donner aux populations des informations sur le cancer du col de l’utérus, en l’occurrence les moyens de prévention. Ainsi, cette année, l’hôpital Saint Camille de Ouagadougou (HOSCO) a décidé de suivre la tendance en organisant une semaine de sensibilisation qui s’est déroulée du 21 au 26 juin 2021. Quel est le bilan de cette activité ? Qu’est-ce que le cancer du col de l’utérus ? Quels sont les méthodes de dépistage ainsi que les autres moyens de prévention ? Quels sont les signes de la maladie ? Ce sont autant de questions que nous avons posées au Dr Sipawalmdé Carine Bagré/Attiou, médecin oncologue chirurgical et au Père Marius Belemgregre, responsable du service de laboratoire et coordonnateur de l’unité de prévention des cancers. Tous deux exercent à l’Hosco.
D’entrée de jeu, quel bilan tirez-vous de cette semaine de sensibilisation ?
Le bilan est très positif. Nous avons touché presque toutes les femmes qui sont venues ici au cours de cette semaine. Plusieurs d’entre elles étaient intéressées par le sujet. On a remarqué que la plupart ne savait pas ce qu’est le cancer du col de l’utérus.
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Ainsi, les deux méthodes de dépistage leur ont été présentées. Nous avons l’IVA IVL (inspection visuelle à l’acide acétique et au lugol), qui est très rapide et pratiquement gratuite pour tous, et le Frottis cervico utérin qui est une technique plus élaborée. Il consiste à prélever au niveau du col de l’utérus des cellules que l’on va analyser au niveau du laboratoire pour rechercher des signes de lésions précancéreuses. Cette semaine visait également à mettre en lumière ladite méthode. Près de 80 femmes sensibilisées ont opté pour cette technique et nous leur avons donné trois semaines pour les résultats. Le dépistage se poursuit même après ce mois de juin.
Parlant du cancer du col de l’utérus, qu’est-ce que c’est ?
L’utérus a une partie qui est située dans le vagin et qu’on appelle le col de l’utérus. Lorsque les cellules à ce niveau se multiplient de manière anarchique, échappant à tout contrôle, on parle de cancer du col de l’utérus. C’est d’ailleurs le fait de se multiplier et de quitter le col pour aller vers d’autres organes qui caractérise le cancer.
Quels sont les facteurs de risque ?
Il y a l’exposition au Human papillomavirus (HPV), donc une infection persistante à ce virus. A cela il faut ajouter les rapports sexuels précoces, la multiparité, le fait d’avoir eu plusieurs partenaires sexuels et le fait d’avoir un système immunitaire déficient. Toute personne ayant eu des rapports sexuels a plus de chance d’être en contact avec le HPV.
Quels sont les signes de cette maladie ?
Il faut d’abord signaler que le Human papillomavirus met entre dix à quinze ans pour s’installer. Pendant cette période, on a ce qu’on appelle les lésions précancéreuses. C’est une période asymptomatique puisqu’il n’y a pas de manifestation physique qui pourrait faire penser à des lésions précancéreuses.
Par contre, lorsque ces lésions évoluent vers le cancer, il y a plusieurs symptômes notamment les douleurs pelviennes, les saignements (lors des rapports sexuels ou après), il y a les signes liés au développement de la tumeur et à sa progression vers les organes voisins à savoir les difficultés à aller aux toilettes, les difficultés à se soulager, les douleurs au moment de la miction, les constipations et la présence de sang dans les urines ou dans les selles. Cela survient lorsque la maladie a envahi le trajet des selles ou le trajet des urines.
Est-ce que à ce stade, une prise en charge est toujours possible ?
Quel que soit le stade, la maladie peut être prise en charge. Maintenant, c’est la guérison qui va dépendre du stade. Au niveau des lésions précancéreuses, on peut parler de guérison puisqu’on n’est même pas au stade du cancer. Et même lorsque ça devient un cancer, si on s’en aperçoit vite, on peut traiter même si la guérison est parfois difficile. Plus c’est vu tard, moins il y a des chances de guérison.
Quels sont les traitements disponibles ?
Au Burkina Faso nous avons eu la chance, grâce à l’initiative de la première dame, d’avoir le centre de thérapie de Bogodogo qui s’ajoute aux traitements déjà existants que sont la chirurgie, la chimiothérapie et maintenant la radiothérapie. Nous avons donc tous les traitements disponibles en ce qui concerne le cancer du col de l’utérus.
Quelle la procédure à suivre lorsqu’il s’agit des lésions précancéreuses ?
On fait ce qu’on appelle une colposcopie. Si nous constatons des lésions au cours de cet examen, nous faisons une biopsie pour confirmer le diagnostic. A ce niveau, plusieurs traitements existent. Il y a la Cryothérapie, la conisation (qui consiste à enlever la partie malade du col de l’utérus) et le retrait de l’utérus en fonctions des situations.
Qu’est-ce qu’on peut faire pour prévenir cette maladie ?
Les moyens de prévention du cancer du col de l’utérus sont le dépistage et le vaccin qu’on fait à partir de 9 ans ou plutôt avant les premiers rapports sexuels. Le vaccin n’épargne pas à 100% car il existe une centaine de types de HPV. Il ne protège que contre certains sérotypes de virus. L’âge à partir duquel la dose est administrée dépend aussi du laboratoire d’où vient le vaccin.
Quel appel avez-vous à lancer ?
Les femmes doivent s’intéresser au sujet car ça n’arrive pas qu’aux autres. C’est toujours bon de se faire dépister une fois. Si c’est normal, le faire l’année qui suit et ensuite chaque trois ans. C’est un cancer qui, vu tôt est guérissable et qui est évitable lorsqu’on se fait dépister.
Propos recueillis par Zalissa Soré