Tentative de déstabilisation de la marche de l’opposition : « L’assassin a peur du gourdin »

Le Chef de file de l’opposition politique a animé une conférence de presse ce samedi 10 juillet 2021 à Ouagadougou pour faire le bilan des marches des 3 et 4 juillet 2021. Tout en remerciant les populations pour leur mobilisation massive, le CFOP a fait savoir que les 3 provinces (Bam, Komandjari et Balé) qui n’avaient pas pu suivre le mouvement le feront au cours de ce week-end. Il s’est également prononcé sur « les tentatives d’intimidation opérées par le parti au pouvoir après l’annonce de la marche ». Plus de détails dans la déclaration liminaire ci-dessous.

Mesdames et Messieurs les Présidents des Partis membres du cadre de concertation du CFOP,

Militantes et Militants des Partis membres du CFOP,

Messieurs les représentants des Organisations de la Société Civile,

Mesdames et Messieurs les représentants des organes de presse,

Chers invités,

Bonjour et bienvenue au Siège du CFOP.

Je suis Me Gilbert Noël Ouédraogo, Président de l’Alliance pour la Démocratie et la Fédération-Rassemblement Démocratique Africain (ADF-RDA), je prends la parole au nom du Chef de file de l’opposition, Monsieur Eddie Komboïgo, en ma qualité de Coordonnateur national adjoint des récentes manifestations pour vous dire merci d’avoir répondu présents à notre invitation pour cette conférence de presse ayant pour objet, le bilan des marches organisées sur toute l’étendue du territoire par l’opposition politique du Burkina Faso, les samedi 03 et dimanche 04 juillet 2021.

Tout d’abord, si vous le permettez, nous allons observer une minute de silence en mémoire des victimes, civiles et militaires, qui sont tombées sous les balles des terroristes.
(………….)

Je vous remercie.

Je voudrais également souhaiter prompt rétablissement aux blessés, avoir particulièrement une pensée pour Madjoari dans la région de l’Est, qui attend toujours d’être libérée de l’occupation terroriste ainsi que pour toutes celles et ceux qui sont persécutés par les terroristes.

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Le 25 juin dernier, ici même, l’opposition politique avait demandé au peuple de sortir massivement pour protester contre la gestion peu satisfaisante de la crise sécuritaire par le gouvernement et aussi, pour protester contre l’augmentation du coût de la vie. Le CFOP se réjouit que le peuple ait répondu massivement à l’appel pour les marches. C’est aussi le lieu pour nous de témoigner toute notre gratitude, nos félicitations et remerciements à nos compatriotes des villes et des campagnes pour leur engagement patriotique.

Pour rappel, cet appel à marcher visait les objectifs principaux suivants :

• Exiger des mesures fortes pour la protection des populations pour qu’une tragédie comme celle de Solhan ne se produise plus jamais ;
• Rendre hommage aux victimes des attaques terroristes dans notre pays ;
• Exprimer notre solidarité aux personnes déplacées internes ;
• Apporter notre soutien aux FDS et aux VDP ;
• Demander des changements dans l’équipe gouvernementale afin de mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut ;
• Demander la tenue dans les meilleurs délais d’Assises nationales sur la sécurité ;
• Dénoncer la vie chère, avec l’augmentation généralisée du coût des produits de première nécessité.

Sur les 45 provinces que compte le Burkina, 42 ont mobilisé des milliers de Burkinabè ayant compris le sens de notre combat. Des messages pour réclamer la paix et la sécurité ont été transmis aux Hauts-Commissaires. Seules 03 provinces n’ont pas pu manifester à ces dates pour des raisons, soit de sécurité, soit de coordination. Il s’agit des provinces du Bam, de la Komandjari et des Balés. Mais, à l’heure où je vous parle, les populations de ces 03 provinces ont décidé de marcher à leur tour ce week-end pour exprimer leur ras-le-bol par rapport à la situation sécuritaire. Aujourd’hui, ce sont les femmes de Dori, appuyées par celles de Sebba et d’autres régions du Sahel, qui sortent, toujours pour réclamer plus de sécurité.

Mesdames et messieurs,

La réponse populaire massive à cet appel de l’opposition indique clairement qu’il s’agit d’une question d’intérêt national. Et, si soutenir les FDS et les VDP engagés dans la défense de la Patrie est une trahison, comme on a pu l’entendre, alors l’opposition politique assume pleinement et entièrement cette trahison. Si demander plus de sécurité pour les populations en détresse est anti-patriotique comme l’ont laissé entendre certaines personnes de la majorité et pas des moindres, l’opposition politique se réjouit que des milliers de Burkinabè aient bien compris le message et aient aussi assimilé le rôle de l’opposition dans une démocratie.

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La bonne question que nous sommes en droit de nous poser est par contre de savoir, s’il est patriotique de ne pas assurer les missions régaliennes de protection des populations, de sécurisation du territoire et de défense de son intégrité ?

Qu’en est-il alors des propos proférés contre l’opposition, l’accusant de velléités putschistes et déstabilisatrices ? Ces marches, de samedi et dimanche derniers, ont bel et bien été citoyennes et fondamentalement républicaines ! Comme nous l’avons déjà dit, il y a lieu de penser que « l’assassin a peur du gourdin »…

Pour ces marches, il n’y a eu aucun car venu d’ailleurs avec des manifestants. Il n’y a eu aucune distribution d’argent. Et, il n’y a eu aucun incident grave non plus, à part deux manifestants blessés accidentellement (l’un à Ouagadougou et l’autre à Tougan), qui ont été rapidement pris en charge par les équipes sanitaires mises en place pour la marche. Il n’y a pas eu de casses, pas de désordre, pas de pillages. Oui, à tous les égards, le CFOP estime que les marches des 03 et 04 juillet 2021 ont été un franc succès.

L’opposition politique adresse ses vifs remerciements et félicitations à tous les Burkinabè qui sont sortis nonobstant les vastes campagnes d’intimidation et d’intoxication, et les assure de sa détermination à continuer à défendre la cause de la sécurité, à dénoncer la mal gouvernance ainsi que les scandales de corruption, et à rester vigilante sur les coûts du contenu du panier de la ménagère.

La mobilisation des citoyens montre bien qu’il ne s’agissait pas d’une affaire de l’opposition seule, mais bien d’une préoccupation largement partagée par le peuple burkinabè dans son ensemble, tous corps de métiers et toutes classes sociales confondus.

Il est important que ce message envoyé aux autorités de ce pays soit bien compris, car tous ces milliers de marcheurs ne sauraient être considérés comme des traitres à leur Patrie, comme certains l’ont insinué. Il y a des mots qui ont été prononcés, qui sonnent comme un aveu de faiblesse. Ils trahissent aussi, l’état de panique et l’amertume dans lesquels leurs auteurs sont.

En tout état de cause, l’opposition politique, loin de céder à la provocation, réitère sa détermination à poursuivre le combat pour l’atteinte des nobles objectifs ci-dessus énumérés et appellera à de nouvelles manifestations si cela s’avérerait nécessaire.

Toutefois, dans l’intérêt supérieur de la Nation, elle réaffirme sa disponibilité à reprendre le dialogue politique avec pour seule condition que la question sécuritaire y soit inscrite comme la priorité des priorités.

Pour terminer, une image de la marche à Ouagadougou a fait le tour du monde notamment via les réseaux sociaux : c’est celle d’un marcheur, handicapé moteur, qui a fait le circuit à l’aide de ses bras. Le CFOP a tenu à saluer le courage et l’engagement de Monsieur Cissé Hamadou, en faveur de la paix et de la sécurité, et a décidé de lui fournir un moyen de déplacement adapté à sa condition. La remise de ce don se fera à l’issue de cette conférence de presse.

Je vous remercie.