Justice

Affaire Norbert Zongo : ces avocats plaident contre « une extradition vers le chaos, l’enfer et la mort »

Cité dans l’affaire Norbert Zongo, François Compaoré est en exil, en France, depuis 2014, et la justice burkinabè réclame depuis son extradition. Ce lundi 12 juillet 2021, le dossier d’extradition du « petit président » était sur la table des juges du Conseil d’Etat français. Devant cette juridiction, les avocats du mis en cause ont plaidé la non extradition de leur client qui, selon eux, risque « l’enfer et la mort » une fois sur le sol burkinabè.

Lors de l’audience de ce 12 juillet, rapportée par nos confrères de RFI, la parole a d’abord été donnée au rapporteur public, celui-là qui propose aux juges un avis, après analyse du dossier. Il devait argumenter sur le caractère politique de la requête et sur la garantie de sécurité physique et d’équité de la procédure judiciaire devant les juridictions burkinabè une fois l’accusé extradé.

Le rapporteur public a estimé que la demande de François Compaoré doit être rejetée d’autant plus que la confiance entre États doit prévaloir, malgré les raisons d’hésiter. En clair, selon lui, le frère cadet de Blaise Compaoré peut être extradé.

Mais ce n’est pas l’avis de Maître François-Henri Briard, un des avocats de la défense. Il a interpellé directement les juges : « Vous avez une grande responsabilité. La vie de François Compaoré est entre vos mains. » Il a ensuite décrit le Burkina comme un pays « dévasté par l’insécurité et le terrorisme » et que son appareil judiciaire est « délabré et corrompu » et a souligné que son système carcéral est « désastreux ». Nos confrères de RFI rapportent que l’avocat de François a soutenu que le dossier est bien politique et qu’en conséquence le décret d’extradition doit être « annulé ».

Me François-Henri Briard est formel : « Il y a des pays pour lesquels les garanties diplomatiques ne fonctionnent pas. Ce ne sont que des garanties de parchemin. » (…) « Une extradition vers le Burkina serait, pour François Compaoré, une extradition vers le chaos, l’enfer et la mort. »

Embouchant presque la même trompette, Me Olivier Sur, un autre conseil de François Compaoré a estimé que si son client est extradé, « il sera tué en cellule »

Lire aussi: Demande d’extradition François Compaoré : « Toutes les lois ont été violées… » (Mouvement pour le retour de Blaise Compaoré)

Que va décider le Conseil d’Etat? On le saura dans moins de deux semaines. Mais d’ores et déjà, la défense envisage, au cas où ses arguments ne prospéreront pas,  de saisir en urgence la Cour européenne des droits de l’homme pour qu’il soit demandé au gouvernement français de suspendre l’extradition du frère de l’ancien président burkinabè.

B.K.

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