Société

Conflit foncier : affrontements sanglants entre 2 villages du Boulgou et du Zoundwéogo

Un conflit communautaire a opposé hier 1er aout 2021 les habitants de Dirzé (commune de Gomboussougou dans le Zoundwéogo) et Ponga (commune de Zonsé) dans le Boulgou. En effet, les protagonistes sont issus de deux villages frontaliers. Le conflit serait lié au foncier et des habitants de Ponga ont détruit les champs de ceux de Dirzé.

Les affrontements ont fait plusieurs blessés parmi lesquels 7 blessés graves qui ont été référés au CHU Bogodogo et 2 autres ont par la suite été transférés au CHU Yalgado, a indiqué une de nos sources.

W. Harold Alex Kaboré

Rapport circonstancié d’une source qui a requis l’anonymat


Province du Zoundwéogo Dirzé, le 03 mai 2021


Monsieur le Procureur près du
Tribunal de Grande Instance de Manga
-Manga-

Objet : Rapport circonstancié

Monsieur le procureur,
Le mardi 13 avril 2021, monsieur SARE Adamou, cultivateur domicilié à Dirzé, propriétaire d’un terrain situé en territoire de Dirzé, Commune de Gon-Boussougou illicitement occupé par des habitants de Ponga, Commune de Zonsé, a reçu un coup de fil du 74 44 22 08 appartenant à la Brigade territoriale de gendarmerie de Gon-Boussougou. Le correspondant, certainement un gendarme, informa monsieur SARE Adamou que la gendarmerie était en route pour Dirzé en vue de contrôler et de vérifier les occupations illicites. Ce fut aux environs de 8 heures. Monsieur SARE Adamou qui était déjà dans sa rizière au V7 sur la Rive droite du Nakambé, est revenu au village de Dirzé et a porté l’information au Chef du village ainsi qu’à d’autres personnes comme SARE Madi, SARE Idrissa, propriétaires terriens aussi et YIGO Boukaré, un des Conseillers municipaux du village de Dirzé.


Quelques temps après, cinq (05) gendarmes sont arrivés au bord d’un véhicule. Monsieur SARE Adamou les a reçus et les a accompagnés chez le Chef de Dirzé. Ce fut de chez le Chef qu’ils sont partis sur les lieux en compagnie des propriétaires terriens et du Conseiller municipal.
Sur place, SARE Adamou a montré des tombes appartenant à ces aïeux. Les gendarmes ont procédé à des prises de vue. Les gendarmes ont ensuite demandé les limites du terrain de monsieur SARE Adamou et celui-ci s’est exécuté. Un mur y a été construit et a fait l’objet de photographie par les gendarmes. Ils ont estimé à quelques centaines de mètres la longueur du mur, environ 500 m. De là, les gendarmes ont opté de poursuivre leur enquête auprès de ceux du village de Ponga qui occupent illicitement les lieux. A cet instant, les autres propriétaires terriens du village de Dirzé ayant été informés de la présence des gendarmes sur les lieux, les ont rejoints. Ce sont : YIGO Issa ; SARE Sado ; SARE Madi et GUEBRE Issaka. Après leur arrivée, les gens de Ponga ont aussi commencé à arriver par groupe. Pendant ce temps, deux des gendarmes sont allés devant la cour de GUEBRE Seydou, concession située à proximité de la zone conflictuelle, pour des renseignements et les trois autres étaient devant la cour de SARE Assane. Confrontés à la barrière linguistique, les deux gendarmes furent appel à SARE Adamou pour les aider. Ils ont cherché à voir le chef de famille mais celui-ci était absent. Ses épouses ont refusé de donner son identité. Il est arrivé à la minute suivante et s’est mis à la disposition de la gendarmerie. Pendant que le Commandant de Brigade était avec GUEBRE Seydou, les propriétaires terriens restés avec les trois gendarmes de l’autre côté ont commencé à subir les exactions de ceux de Ponga qui étaient sur place. Le sieur DABRE Halidou de Ponga fut le premier à frapper tout en clamant que : « tous ceux qui sont sur les lieux seront tués ». Des blessés ont été enregistrés parmi ceux de Dirzé dans cette attaque surprise. Il s’agit essentiellement de SARE Madi, YIGO Boukaré, YIGO Issa, GUEBRE Issaka, SARE Issouf et de SARE Sado. Tout cela s’est produit en présence des gendarmes. Le nommé YABRE Issaka dit Dooho a même tenté de retirer l’arme d’un des gendarmes. Il a fallu peu pour qu’ils s’attaquent au véhicule de la sécurité.


SARE Adamou de Dirzé, parti servir d’interprète au CB chez GUEBRE Seydou, fut molesté devant le CB et son agent. Le CB et son collègue ont même été contraints à se rendre chez le Chef de Ponga. Tout cela a été orchestré et exécuté par ZAMPOU Moro dit Barzè, YABRE Adama et DABRE Moussa, tous de Ponga.

Un septuagénaire de Dirzé, SARE Idrissa, aussi propriétaire terrien, a été frappé par YABRE Issaka dit Dooho et conduit de force chez le Chef de Ponga par ZAMPOU Kassoum, DABRE Seidou et SAMBARE Moussa. Devant le Chef de Ponga, du CB et son agent, le vieux a encore reçu des coups. Il fut placé ensuite à côté du CB qui s’enquérait de temps en temps de son état. Le vieux SARE Idrissa a signalé au CB de la disparition de son portable et le CB s’est rassuré que c’est bien un seul portable qui soit disparu.
Le Commandant de Brigade a été soumis à un interrogatoire conduit par le sieur ZAMPOU Moro dit Barzè. Selon le vieux SARE Idrissa qui a tout assisté, le nommé ZAMPOU Moro dit Barzè a demandé au CB s’il est passé chez le Chef de Dirzé ?  Et la réponse fut « oui ». Est-ce qu’il est venu chez le Chef de Ponga ?

La réponse a été « non ». Pourquoi ? Au CB de dire qu’il est venu au nom de Dirzé et qu’une autre enquête viendra au nom de Ponga et comparaison sera faite à la fin. L’interrogateur a signifié au CB qu’il n’était pas un gendarme et celui-ci en guise de preuve a voulu leur montrer sa pièce d’identité pour contrôle mais il s’est abstenu à prendre la pièce. Au CB de leur dire que c’est sa seule façon de leur prouver son identité. Ces bourreaux d’un jour ont fait comprendre au CB qu’ils n’ont pas peur de fusil car dirent-ils « cela était leur quotidien ». Ils lui ont demandé s’il était au courant du nombre de gendarmes qui ont tenté de les arrêter et que même des Haut-Commissaires sont venus chez eux avec des cargos entiers mais ils ne leur ont rien fait. Ils lui ont aussi indiqué que ses prédécesseurs n’ont pas pu faire quoi que ce soit donc ce ne serait pas lui qui sera la solution. Pour terminer l’interrogatoire, ils ont dit au CB de demander au vieux SARE Idrissa les raisons de sa présence chez leur Chef et le CB s’est prêté au jeu en posant la question au vieux SARE qui lui répondit en disant qu’il était l’un des propriétaires terriens. Suite à cela, ZAMPOU Moro dit Barzè a interrompu l’interrogatoire tout en expliquant à la foule qu’il a reçu un appel téléphonique et on lui disait de ne pas poser beaucoup de questions au CB. Ce fut après cette explication qu’il a autorisé les gendarmes de partir. Avant de partir, le Commandant de Brigade a signifié au Chef de Ponga qu’il souhaiterait partir avec le septuagénaire SARE Idrissa et cela lui fut accordé. Le vieux a été écarté des gendarmes et conduit chez lui par une personne de bonne volonté.
Les gendarmes avec le Commandant de Brigade en tête sont revenus chez le Chef de Dirzé. Il a fait un petit compte rendu au Chef et a conclu ses propos en disant que de nos jours, une affaire ne peut se régler qu’avec de l’argent, la connaissance et la loi.
Dans la même soirée du 13 avril 2021, une délégation a été envoyée par le Chef de Dirzé à Gon-Boussougou pour s’assurer si les gendarmes sont bien arrivés et aussi s’enquérir des démarches à entreprendre après cette humiliation subie. Mais la délégation n’a pas été reçue ce jour-là. Le lendemain 14 avril 2021, la même délégation, composée de DABRE Seydou et de SARE Karim, a encore fait le déplacement et reçue cette fois-ci par le CB en personne. Après les salutations d’usage et l’objet de la visite déclinée, des échanges ont eu lieu en lien avec les terres conflictuelles à savoir qui en sont les vrais propriétaires. A l’issue des échanges, monsieur le CB a signifié à la délégation qu’une affaire se règle de nos jours avec sagesse, connaissance et argent. Ces propos, l’on se rappelle, étaient tenus chez le Chef la veille dans presque les mêmes termes. Ce sont des propos à apparence anodine, mais empreint de sens. Le CB s’est d’ailleurs offusqué de ce que la délégation lui aurait fait perdre inutilement le temps car lui était prêt pour aller voir le Maire.
Monsieur le Procureur, ce rapport a pour seul objectif de vous relater réellement les faits qui se sont produits à Dirzè afin de restaurer la vérité partout où elle serait bafouée.
Je vous prie de bien vouloir recevoir l’expression de toute ma considération.

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