Crise foncière : les Gilets verts et le paquet de solutions
Les Gilets verts : connaissez-vous ? C’est un mouvement associatif à caractère d’organisation de la société civile qui fait siennes les préoccupations des populations, particulièrement le droit au logement. Ce 28 août 2021, l’association a animé une conférence de presse à Ouagadougou au sujet du foncier. Un sujet, plus que jamais, à problèmes selon les conférenciers qui croient tout de même posséder des solutions.
Prolifération des sociétés immobilières, accaparement de grandes superficies, logements sociaux pas accessibles,… Jamais la question foncière n’a eu autant d’intérêt pour le Burkinabè lambda. Si le mouvement des Gilets verts n’a pas été spécialement suscité pour éplucher cette question foncière, elle en a par contre fait la part belle à d’autres préoccupations comme l’éducation, la santé, etc.
Et pour les premiers responsables du mouvement, le jeu en vaut la chandelle, d’autant plus que l’état des lieux du foncier n’est guère reluisant, s’appuyant notamment sur le rapport d’enquête de l’Assemblée nationale en date de 2016. Selon ce rapport, 105 000 parcelles ont été détournées entre 1995 et 2015 ; 16 milliards de F CFA destinées aux caisses de l’Etat n’ont pas versés par les sociétés immobilières pourtant en prolifération. A titre d’exemple, elles sont passées d’une cinquantaine en 2008 à plus de 270 en 2020, explique le président du mouvement des Gilets verts, Frédéric Yaméogo. Et d’ajouter que sur 400 000 parcelles recensées dans la ville de Ouagadougou, 200 000 n’ont pas été mises en valeur. Manque de transparence de la part de certaines agences de promotion foncière et immobilière, des promoteurs pas en règle vis-à-vis des étapes à respecter jusqu’à la finition des chantiers, flou dans des décrets de promotion immobilière engendrant des interprétations, sont autant d’autres caractéristiques du domaine foncier, selon les Gilets verts.
Une situation aux multiples conséquences dont la spéculation et la hausse des prix des parcelles et des logements, la rareté des terres cultivables, le détournement de réserves publiques ou d’espaces dédiées à la pratique d’activités physiques à des fins lucratives, etc.
Des solutions ? Les Gilets verts croient en avoir une panoplie. Elles vont de la réorganisation du secteur avec des lois et décrets clairs, à la promotion de construction d’habitations à loyers modérés(HLM) en passant par la transparence dans les opérations de lotissements, le plafonnage des prix des terrains afin d’en limiter la spéculation, etc.
En attendant les conclusions définitives d’un atelier national d’examen et de validation des textes régissant les licences d’affaires (agréments) dans le domaine de l’urbanisme et de la construction tenu en juin de l’année en cours, les Gilets verts saluent d’ores et déjà la volonté affichée du gouvernement de faire de la terre un droit de l’Etat. Toute chose qui permettra de freiner un tant soit peu l’accaparement des terres.
Bernard Kaboré