Loroum : Suspension des cours du 25 au 31 octobre 2021 pour raison d’insécurité
Coordination des Personnels de l’Education de la Province du Loroum
TITAO le 25 octobre 2021
A
Monsieur le Haut-Commissaire de la province du Loroum
OBJET : Information sur la suspension des cours sur toute l’étendue de la province du Loroum.
Monsieur le Haut-Commissaire et première autorité administrative et politique de la province du Loroum, par la présente les Personnels de l’Education de la province du Loroum viennent vous faire part de leur décision issue de leur rencontre tenue le samedi 23 octobre 2021 à la boutique de droits du MBDHP/Loroum.
L’objet de cette rencontre était d’analyser la situation sécuritaire et de dégager des perspectives.
Monsieur le Haut-Commissaire, à l’instar des autres régions et provinces de notre cher pays, la province du Loroum vit depuis 2017 une crise sécuritaire aigüe née du phénomène terroriste. S’il est à la fois une réalité et une tristesse de constater qu’aujourd’hui, nulle part dans notre pays, personne ne peut être absolument sûre de sa sécurité, de son intégrité physique il est aussi vrai que, relativement, les provinces et régions ne sont pas affectées au même degré par le terrorisme. Et la province du Loroum est l’une des plus affectées. Toutefois, la dégradation accélérée de la situation sécuritaire ces derniers temps est plus que inquiétante. En effet, si au début de la crise les zones affectées étaient à des trentaines, quarantaines, voire à plus d’une cinquantaine de kilomètres du chef-lieu de la province, aujourd’hui le danger est à moins de dix kilomètres. C’est donc dire que l’histoire donne raison aux personnels de l’éducation de la province. Car, en rappel, en 2019 les Personnels de l’Education dans une démarche citoyenne, interpellatrice avaient donné l’alerte sur la détérioration de la crise sécuritaire et sur les risques de sa propagation à travers une suspension des cours. Mais pour avoir commis le ”péché” de donner l’alerte, d’interpeller l’autorité, d’avoir jouit d’un droit citoyen, les responsables et certains acteurs ont été menacés et traités de tous les noms.
Aujourd’hui, deux ans après, la politique de l’autruche, la mauvaise interprétation de cette action citoyenne nous rattrapent tous et toutes. Jean Mazobé Kondé, président du Conseil Supérieur de la Magistrature écrivait :«Lhistoire sait recenser et comptabiliser les actes de tout un chacun pour les mettre à son actif ou à son passif en temps opportun.». Et l’histoire retiendra que les Personnels de l’éducation en plus de remplir leur devoir d’enseigner au prix de leur vie se sont assumés à l’époque. A contrario, ceux qui nous avaient tourné en dérision et menacés devraient avoir honte aujourd’hui et tirer leçon de leurs attitudes d’alors afin d’adopter des attitudes intelligentes et responsables désormais. Monsieur le Haut-Commissaire, aujourd’hui la situation sécuritaire est pire. En fin d’année scolaire 2020-2021, légitimement, les populations s’inquiétaient et s’interrogeaient sur la situation. Leurs sentiments et pensées pourraient se résumer dans les paroles du volontaire pour la Défense de la Patrie (VDP) ”Django” qui demandait si l’État les avait abandonnés, si l’État avait vendu leur province. Cette prise de conscience sur l’échec de la politique sécuritaire avait conduit à leur mobilisation massive et historique le 26 Juin 2021 sur le Haut-Commissariat. On avait pu observer après la marche des actions des FDS et une relative quiétude, ce qui a motivé en début d’année scolaire 2021-2022, l’ouverture de certains CEG et écoles primaires. Malheureusement la plupart de ces écoles se sont encore refermées au vue de la détérioration vertigineuse de la situation sécuritaire. Sans être exhaustif, en l’espace de moins de trois semaines nous pouvons citer les écoles dans les zones de Rimassa, Golonga, kandarfo , Selbonga, Signonguin ,You, Salkodogo, Sillia, la CEB de Ouindigui. Même dans la ville de Titao la situation de psychose avait conduit les personnels du CEG à suspendre les cours avant cette décision collective. Ç’en dit long sur la situation sécuritaire et l’état d’esprit qui anime les acteurs de l’éducation et les élèves jusque dans les salles de classes. Si on ajoute à cela les récentes attaques terroristes dans les zones de Rimassa, Solbo, Hitté, Rounga, Sirfou il y a quoi s’inquiéter de leur progression. Loin de vouloir semer la psychose nous décrivons là la réalité du terrain. Enfin cette situation nous amène en tant que citoyens, agents de l’État donc cibles de ces groupes à nous poser des questions :-Aujourd’hui tout donne l’impression que chacun regarde et attend que les groupes frappent à la porte de son école avant de prendre des initiatives. Alors devrait-on sattendre au pire avant que l’autorité ne réagisse ou ne prenne des actions préventives ? Ne sommes-nous pas déjà dans le pire ? Quelle est l’échelle du pire pour nos autorités ?-Peut-on dire que cette situation est propice à un enseignement-apprentissage?-L’État attend- il toujours qu’il y ait des manifestations, un cri de ras-le-bol des populations sur la politique sécuritaire avant d’avoir une réaction sérieuse et offensive ? Et la réaction de l’État après la manifestation des populations le 26 Juin 2021 n’a eu qu’une durée de feu de paille.
C’est au regard de cette situation que les Personnels de l’éducation de la Province du Loroum à l’issue d’une rencontre tenue le 23 octobre 2021 ont décidé de:-La suspension des cours dans tous les ordres d’enseignements du MENAPLN (Préscolaire, Primaire, Post primaire et Secondaire) dans toute l’étendue du territoire de la province à compter du Lundi 25 au Dimanche 31 octobre 2021. Cette suspension des cours au vue du climat non propice à l’enseignement-apprentissage et par solidarité aux Personnels de l’éducation victimes dans la province vise à exiger que l’État assure son rôle régalien de protection de la vie et assure un climat propice à l’exercice de notre profession. Cette suspension avec reconduction tacite est laissée à l’appréciation de la Coordination des Personnels de l’Education de la Province du Loroum installée à cet effet, après analyse du développement de la situation sécuritaire dans la province. Enfin elle est une contribution, au côté des autres couches de notre peuple, dans la lutte pour le droit effectif à la vie et la sécurité des biens. Tout en vous souhaitant bonne réception, Monsieur le Haut-Commissaire nous espérons compter sur vous pour la prise de mesures idoines afin d’assurer la continuité sereine des cours dans la province du Loroum.
Ampliations
DPEPS
DPEPPNF
CEB
La Mairie
Ont signé Pour le préscolaire
WANGRAWA Ibrahim
Pour le primaire et porte-parole
BADO Jules
Pour le post primaire et le secondaire
BOUDA Raphael