Procès sur l’assassinat de Thomas Sankara : l’avocat d’Elysée Yamba Ilboudo demande une expertise psychiatrique de son client
L’interrogatoire des accusés du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara s’est poursuivi ce mercredi 27 oct. 21 avec le même accusé à la barre, le chauffeur du commando, Elisée Yamba Ilboudo. Ayant constaté plusieurs incohérences dans les réponses de son client, Me Eliane Marie Natacha Kaboré a introduit une demande d’expertise psychiatrique de ce dernier.
«Monsieur Yamba Elisée Ilboudo, j’espère que vous êtes dans une meilleure forme ? » A lancé le président de la chambre de première instance, Urbain Méda à l’endroit de l’accusé. « Oui, ça va », a rassuré le tribunal, celui qui était au moment des faits le chauffeur du commando qui s’est déporté au Conseil de l’entente le 15 octobre 1987. Le président du tribunal a alors annoncé la poursuite de l’interrogatoire débuté le mardi 26 octobre 2021. Prenant la parole, Me Hervé Badolo de la partie civile, a voulu lui aussi s’assurer que l’accusé Ilboudo allait bien avant de lui présenter sa déclaration devant le juge d’instruction le 27 octobre 2016. « Je voyais le capitaine Gilbert Dienderé arrêté devant des hommes », avait-il déclaré. Mais hier à la barre il a changé de version : « Gilbert Dienderé n’était pas avec nous ». Face à cette contradiction soulevée par la partie civile, l’accusé a répété que comme il a eu à le dire hier, que les événements remontent à très longtemps, qui plus est, avec son accident, il y a des choses dont il n’a plus souvenance. Autres incohérences relevées par les parties sont celles relatives à la position de l’accusé et où étaient ses armes pendant les tirs au Conseil de l’entente. En effet, tantôt il déclare être resté dans le véhicule, tantôt il dit en être descendu pour aller éteindre le feu d’un rideau sous ordre de Hyacinthe Kafando ; tantôt il dit qu’il y avait sa kalache dans le véhicule et qu’au moment des faits, son arme avait disparu et qu’il l’a retrouvé plus tard au domicile de Blaise Compaoré; tantôt il affirme que l’arme a été retrouvée dans le véhicule, en bas du siège du chauffeur. Par ailleurs, quand Me Séraphin Somé lui demande d’éclairer sa lanterne sur le “on” dans sa déclaration: “On a tiré en désordre” alors qu’il prétend n’être pas descendu du véhicule, Elysée dit qu’il ne se rappelle plus de ce qu’il a fait exactement.
Pourtant, mis devant ses déclarations sur la présence de Gilbert Dienderé au Conseil de l’entente au moment des faits avec insistance des avocats de la partie civile, Yamba lâche un soupir et dit que la question est compliquée, et se plaint que le tribunal l’attaque. Urbain Méda, de le rassurer en ces termes: ” ce sont les règles du jeu et c’est dans votre intérêt de lever ces zones d’ombres” . Après ses conseils, il a fini par confié que c’est bien lui qui avait déclaré que Gilbert Dienderé était arrêté avec des éléments au Conseil de l’entente.
Pour le conseil de Yamba Elisée Ilboudo, ses déclarations comportent beaucoup d’incohérences. « Des choses floues » pour un militaire discipliné et respecté. Pour Me Eliane Marie Natacha Kaboré quelque chose ne va pas chez son client, lui qui depuis hier a affirmé « 35 fois qu’il ne se rappelle plus » et « 5 fois » « ma mémoire est trouble ». Elle a alors lancé à l’endroit du tribunal: « Les enquêtes n’ont pas été poussées jusqu’au bout ». C’est pourquoi s’appuyant sur le code de procédure pénale, et des documents de santé de l’intéressé, elle a demandé qu’une expertise psychiatrique soit faite pour situer le tribunal sur la santé mentale et psychique de l’accusé. Une requête rejetée par le parquet, les avocats de la partie civile et les agents judicaires de l’Etat mais soutenue par les autres avocats de la défense. Afin de trancher sur cette question, l’audience a été suspendue à 12h35. A la reprise, la requête a été rejetée finalement par le tribunal qui ordonne la poursuite de l’interrogatoire.
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Camille Baki
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