Valorisation métiers de l’enseignement : « Personne ne peut dire aujourd’hui qu’on n’a rien fait », affirme Stanislas Ouaro
Répondant à des questions orales devant la représentation nationale, le ministre de l’Education nationale a lâché ses quatre vérités en se prononçant sur la valorisation des métiers de l’enseignement. Pour Stanislas Ouaro, aucun enseignant ne peut aujourd’hui dire que son département n’a rien fait pour valoriser le travail de l’éducateur. Lisez plutôt un extrait des propos du ministre.
“On a tous besoin d’argent, c’est clair. Les enseignants ont besoin donc d’argent. Ils m’ont même magnifié en attribuant mon nom à certaines indemnités : Ouaro 1, 2, 3.
Et là je suis fier de cela. Je les remercie parce que je rentre aussi dans l’histoire comme ça. Mais je considère que si vous venez dans l’enseignement pour vous enrichir, vous venez dans une prison. Vous n’allez jamais vous enrichir. Vous allez prendre Ouaro 1, Ouaro 2, Ouaro 3, 4,5. Ça ne va jamais suffire.
Et aujourd’hui malheureusement, et je pèse mes mots, le secteur de l’éducation est celui qui emploie le plus. Et donc une bonne partie de nos collègues enseignants qui viennent dans l’enseignement ne viennent pas parce qu’ils aiment l’enseignement.
Ça ne les intéresse pas du tout. Ils cherchent un emploi. Et ces personnes-là n’ont pas la vocation, n’ont pas la passion. Donc la réhabilitation des enseignants, ce n’est pas que de l’argent à leur donner… Je suis désolé. (Et) c’est ce que j’ai dit.
Dans la valorisation du statut, on a dit que maintenant on ne dit plus “instituteur”. On dit ” professeur des écoles “. Moi je connais la sœur d’un ami qui est un collègue universitaire qui est professeur des universités.
Sa sœur en question lui a dit:” on est collègue maintenant puisque je suis professeur des écoles “. Elle était fière de cela. Il y’en a qui me disent: “Oui, professeur des écoles. Mais qu’est ce qu’on ajoute ? Vous voyez un peu ?
Donc la réhabilitation c’est un ensemble. Sinon, je le dis, aucun enseignant ne peut sortir aujourd’hui pour dire qu’on n’a rien fait.
Vous savez, en fin d’année 2015 la masse salariale du Burkina était de 495 milliards de FCFA. Nous sommes cette année à près de 1000 milliards de FCFA. Ça veut dire que nous avons doublé en 5 ans la masse salariale.
Malheureusement si vous allez dans nos écoles, vous verrez plein de gens qui font des échecs collectifs.
Ils prennent des enfants au CM2, (qui) échouent tous au CEP. Est-ce que ça c’est un problème d’argent ? Pendant ce temps, leurs pendants qui sont dans l’enseignement catholique privé, qui touchent moins qu’eux (en termes de salaire) font du 100%.
Ce n’est pas une affaire d’argent. C’est une affaire de conscience collective et de travail pour le développement de ce pays. Sinon on va continuer d’ajouter de l’argent, ça ne va rien donner.
Il y’a des gens qui ont de l’argent aujourd’hui (et) se sont acheté des voitures C’est très bien. Ils sont “développés”. Mais après ils n’ont pas de carburant pour mettre dans la voiture tous les jours… Donc ils font 3 semaines de cours sur 4.
Et comme ils sont dans des localités où on a du mal à venir les surveiller, après c’est des problèmes.”