Assassinat Thomas Sankara : « Le coup a minutieusement été préparé », déclare le Lion
Deuxième jour de déposition pour l’ex-commandant du bataillon d’intervention aéroporté (BIA) de Koudougou, Boukary Kaboré dit le Lion, témoin dans le cadre du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara. Selon le témoin, les évènements du 15 octobre 1987 ont minutieusement été préparés et l’unité qu’il commandait ne pouvait soutenir les putschistes.
Poursuivant le déroulé de son agenda du 15 octobre 87 et jours suivants, Boukary Kaboré dit le Lion avoue n’avoir pas voulu mobilisé les hommes de son unité lorsqu’il a appris la mort du président Sankara. « J’ai dit aux éléments de déposer les armes parce que le président mort, il n’y avait plus rien à faire », a-t-il déclaré. Pour le Lion du Boulkiemdé, le coup d’Etat a été minutieusement préparé et savamment exécuté. Et d’expliquer que les commanditaires ont travaillé à intoxiquer le climat, à le rendre défavorable à la cible à attaquer, Thomas Sankara.
Des réunions préalables ont-ils eu lieu ? A cette question de l’agent judiciaire de l’Etat (AJE), le témoin a été catégorique : « On ne peut faire un coup d’Etat sans tenir des réunions ». Mais sauf que le témoin n’a pas pris part à ces réunions, ont fait observer Me Paul Kéré et me Natacha Kaboré, avocats de la défense.
Si le Lion reconnait n’avoir pas participé aux réunions, il assure par contre en avoir eu compte rendu du capitaine Henri Zongo. C’est justement au sujet de ces réunions que Me Prosper Farama de la partie civile a souhaité une confrontation entre le témoin à la barre et le général Gilbert Diendéré, l’un des 14 accusés dans ce dossier.
Dans sa déposition, le Lion avait, en effet, fait savoir qu’à la date du 14 octobre, une assemblée générale de sécurité s’est tenue au Conseil de 15 heures à 22 heures et qu’au cours de celle-ci, une note d’information a été transmise à Diendéré. Le lendemain, la réunion se serait poursuivie avec un nombre restreint de participants. Et au cours de cette deuxième réunion, Gilbert Diendéré, explique Boukary Kaboré, a lu à haute voix la note qui informait qu’un coup d’Etat allait être perpétré contre Blaise Compaoré à 20 heures et que l’ETIR et la FIMAT ont été mis en alerte. Ont été témoins de cette réunion, Laurent Sédogo, Emile Gouba et Henri Zongo, a révélé l’ex-commandant de la BIA.
Répondant à ces déclarations du témoin, le général Gilbert Diendéré a pris ce dernier à contrepied : « Le 14 octobre, nous avons tenu l’AG à partir de 9 heures. C’était une assemblée générale des CDR présidée par un représentant du Comité de garnison et dont l’objet était alors de mettre en place un nouveau bureau.
Le lendemain, nous avons tenu une réunion ordinaire des responsables de sécurité des gardes rapprochées de Sankara et de Compaoré où il a été question de dispositions à prendre pour qu’il n’y ait pas de problème entre nous militaires », a expliqué le chef de corps adjoint du CNEC, à l’époque des faits.
Bernard Kaboré