Lutte contre le terrorisme : le Mouvement de résistance populaire appelle Bala Sakandé au front
La situation sécuritaire du pays plus que jamais dégradée, le Mouvement pour la résistance populaire (MRP), au cours d’une conférence de presse tenue le 7 décembre 2021 à Ouagadougou, a sonné le rassemblement pour le convoi de patriotes au front. Prenant au mot le chef du Parlement, Alassane Bala Sakandé, qui lors d’un passage du ministre de la défense à l’hémicycle, s’est déclaré volontaire pour la défense de la patrie, le MRP l’appelle à rejoindre le front nord de la lutte, précisément à Titao.
Des milliers de morts civils et militaires, près de deux millions de personnes déplacées internes, des écoles fermées et des élèves dans la rue, une administration publique désactivée, des deuils nationaux à répétition…Bref, le tableau sécuritaire du Burkina n’a jamais été aussi sombre qu’au cours des six dernières années, selon la coordination du Mouvement de résistance populaire (MRP).
Pour ce mouvement né en 2019 dans ce contexte de crise sécuritaire, il y a péril en la demeure. « La colère populaire est grande et la confiance en nos dirigeants est sérieusement compromise. Les populations rurales se sentent abandonnées et doutent de la sincérité de leurs gouvernants dans la lutte. Le renseignement fonctionne pourtant à merveille, les populations collaborent bien avec nos Forces de défense et de sécurité et malgré tout, nous sommes au bord du gouffre, la situation sur le terrain ne semble pas évoluer en notre faveur », s’est indigné Ali nana, coordonnateur du MRP.
L’avis du MRP est qu’il faut repenser cette guerre si tant est qu’il y a une volonté de reconquérir le territoire dont une bonne partie est hors contrôle de l’Etat. Repenser la guerre d’autant plus qu’après les attaques de Yirgou, Foubé et Solhan, « celle d’Inata vient nous rappeler qu’il nous faut plus de moyens et de nouvelles stratégies », a expliqué Ali Nana.
Suspendre les réjouissances populaires
Non sans déplorer une inefficacité apparente de la force conjointe du G5 Sahel et la difficulté pour l’armée nationale de mener seule la lutte, le MRP est convaincu que « la victoire dans cette guerre asymétrique ne sera effective qu’avec la conjugaison de toutes les énergies du peuple, d’où la nécessité incontournable d’une collaboration entre populations et FDS. Mais pas que. Le MRP, en tant que force de propositions et d’actions dans la lutte contre le terrorisme suggère entre autres : une refondation profonde et structurelle de l’armée, la popularisation et la nationalisation de la guerre en formant et armant les populations civiles au maniement des armes, l’installation d’états-majors dans chaque chef-lieu de région avec des moyens aériens adaptés ; la suspension de toutes les activités des parties politiques et les réjouissances populaires jusqu’à la reconquête du territoire ; un audit du ministère de la Défense; le départ des forces étrangères « qui ont suffisamment fait preuve de leur complicité et de leur inefficacité sur le terrain ».
Quatre fronts de résistance
Après avoir annoncé en juin dernier, lors d’une conférence de presse, des convois au front de civils volontaires pour la défense de la patrie si toutefois la situation se dégradait davantage, le MRP sonne dès maintenant le rassemblement à partir de la Place de la Nation de Ouagadougou. Selon Ali Nana, quatre fonts de combat seront incessamment ouverts, respectivement à Titao (Loroum), à Kongoussi (Bam), à Kaya (Sanmatenga) et à fada N’Gourma. Quatre premiers convois seront ainsi envoyés dans ces provinces pour y être déployés dans les différents villages, à en croire Ali Nana.
Loin d’une plaisanterie, comme pourraient vite croire certains, le coordonnateur du MRP a fait savoir que le mouvement enregistre déjà un enrôlé, en la personne du président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé qui aurait déclaré lors du passage du ministre de la défense à l’hémicycle qu’il était désormais volontaire pour la défense de la patrie. « Nous le prenons au mot, il va donc diriger le front nord avec le premier convoi qui se rendra à Titao », a déclaré le coordonnateur du MRP.
Comment ces convois seront-ils déployés sur le terrain? Avec quels moyens de combats ? A certaines questions des journalistes, l’équipe de coordination du MRP s’est montrée réservée, de peur, dit-elle, de dévoiler ses stratégies.
Bernard Kaboré
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