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Procès assassinat Thomas Sankara : quand la lecture des PV devient l’option pour pallier l’absence des témoins

Le ballet des témoins à la barre du tribunal militaire de Ouagadougou dans le cadre du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons d’infortune s’est poursuivi ce jeudi 23 décembre, par ailleurs  dernier jour de ce procès pour 2021. La cour a accepté la demande du parquet militaire et de la partie civile pour que la lecture des procès-verbaux des témoins pendant l’instruction supplée leur absence.

«La chambre autorise la lecture des  procès-verbaux (PV) des auditions des témoins conformément au code de justice militaire ». Voilà la réponse de la cour à la requête formulée par le parquet militaire et la partie civile le mercredi 22 décembre 2021. Un « oui » d’Urbain Méda, avec un « mais ». En effet, cette autorisation ne concerne pas les témoins absents cités par l’accusé Jean Pierre-Palm ni par la partie civile dans son cas.

Aussitôt dit aussitôt fait. Parmi les témoins absents ce 23 décembre,  figure Abdoul Salam Kaboré, ministre des Sports au moment des faits . Il ressort du PV de son audition que l’assassinat  de Thomas Sankara et des 12 de ses compagnons a été bien organisé. L’ordre d’exécuter le père de la révolution serait venu de l’extérieur avec la connivence de Blaise Compaoré. « Certainement Blaise Compaoré y pensait et il a été poussé par l’extérieur » avait-t-il déclaré devant le juge d’instruction. Quelques temps après la fusillade du 15 octobre 1987, le témoin dans son audition dit avoir été gardé pendant 8 mois en prison avec comme geôlier, l’accusé Gilbert Diendéré. «  Le lieutenant Gilbert Diendéré m’a dit que c’est le colonel Jean-Pierre Palm qui l’a envoyé me chercher », selon sa déposition lue par le greffier en chef.

Jean-Pierre Palm (g) lunette noire et Gilbert Dienderé (d), tenue militaire léopard

Karim Dagano, maréchal des logis au moment des faits, absent lui-aussi, verra le PV de son audition lu. Devant le juge d’instruction, ce pandore avait déclaré avoir mis sous écoute Jean-Pierre Palm et Blaise Compaoré. Malheureusement, rien de spécial n’a filtré de ces écoutes parce que lit-on, les intéressés parlaient de leur vie privée et souvent avec un langage codé comme s’ils savaient qu’on les avait mis sur écoute. Au lendemain du drame du conseil de l’entente, selon l’audition de cet agent du service de renseignement, Jean-Pierre Palm et un français sont venus récupérer les bandes d’enregistrement et ont détruit la table d’écoute. Avant d’ajouter dans sa déclaration « c’est ce qui d’ailleurs les intéressait le plus ».

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Absent aussi, l’adjudant-chef major, Adolphe  Yao Da, avait déclaré, selon le PV de son audition qui a été lu, avoir vu les corps des victimes au conseil de l’entente, arrosé d’eau. Ayant fait également un tour au cimetière de Dagnöen, le témoin a déclaré que la profondeur des tombes était d’à peine 1 mètre et que lorsqu’on marche sur les tombes on n’a l’impression de marcher sur les cadavres. Il connaitra la prison pendant 6 mois, enchaîné des pieds et des mains à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco), dirigé en son temps par Karim Tapsoba. Selon son PV d’audition, son arrestation a été l’œuvre des éléments de Jean-Pierre Palm.

Conseil de l’entente (Internet)

La lecture de ces PV d’audition n’a fait l’objet d’aucune observation de la part des différentes parties. Si le parquet entend tirer  toutes les conclusions de ces déclarations pour prendre ses réquisitions, les autres parties préfèrent attendre les plaidoiries.  

Camille Baki

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