Réconciliation nationale : retour de l’opposition aux instances de dialogue
Après avoir claqué la porte aux instances gouvernementales pour protester contre la dégradation de la situation sécuritaire, l’opposition politique burkinabè a décidé de lever cette suspension et de revenir à la table des discussions. Cette annonce a été faite par le chef de file de l’opposition, dans une déclaration en date du vendredi 7 janvier 2022. Un retour salué par le Premier ministre Lassina Zerbo qui, dans sa déclaration de politique générale a indiqué qu’ « en temps de guerre on ne doit pas être divisé ».
Le 9 novembre 2021, les partis politiques membres du cadre de concertation, réunis autour du chef de file de l’opposition politique (CFOP) avaient, après un triste constat de la grave dégradation de la sécurité avec en prime un désespoir généralisé au sein des masses populaires, invité le président Rock Marc Christian KABORE à prendre des mesures idoines et fortes pour maîtriser la situation dans un délai d’un mois.
A l’expiration du délai imparti, le constat sur le terrain pour le seul mois, reste encore plus sombre.
- 241 FDS tombés dont 54 rien qu’à Inata ;
- Au moins 70 VDP tombés dont 42 à Titao ;
- Plus de 32 FDS blessés ;
- Plus de 40 personnes enlevées ou portées disparues ;
- Des écoles et des commissariats fermés ;
- Des Contrôles de CNIB par les terroristes sur les axes routiers ;
- Des interceptions de camions destinés à ravitailler les populations en vivres et en carburant ;
- Des racketages dans certaines localités ;
- Des implantations de drapeau noir dans certains commissariats.
Au regard du monitoring ci-dessus, nous pouvons affirmer que le Burkina a enregistré en moins de deux (02) mois une recrudescence des attaques terroristes, avec son corollaire de massacres, de populations traumatisées, déplacées, assoiffées, affamées et parquées dans des espaces inappropriés. Des villes et villages vidés, des écoles fermées …
Ces drames ont été perpétrés sans réactions appropriées et efficaces, ce qui a fini par précipiter notre nation dans une situation infernale inacceptable. L’attaque d’Inata est venue subitement nous rappeler de graves dysfonctionnements inimaginables dans un pays censé être en guerre contre le mal terroriste depuis plus de six années.
Dans l’optique de ne pas en rajouter au désespoir du peuple et d’avoir une juste appréciation des moyens mis en œuvre par le gouvernement dans la lutte contre le terrorisme et la mal gouvernance, le cadre de concertation de l’opposition, réuni en ses séances des 10 et 22 décembre 2021, s’est engagé à rencontrer les institutions suivantes :
- le ministère des armées et des anciens combattants;
- le ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité ;
- le ministère de l’économie, des finances et du plan;
- le ministère du développement industriel, du commerce, de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises ;
- le ministère de l’éducation nationale de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales;
- le ministère du genre, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire ;
- le REN LAC ;
- l’ASCE- LC ;
- Free Afrik.
Par ailleurs, une sortie de terrain sera organisée en vue d’apporter un soutien moral et matériel aux déplacés internes et toucher du doigt leur réalité. La province du Sanmatenga a été désignée en vue de la sortie du CFOP.
Suite à la suspension de sa participation aux instances gouvernementales, notamment le Conseil National d’Orientation et de Suivi ( CNOS) mis en place pour la réconciliation nationale, le Comité de Suivi et de la mise en œuvre des recommandations du dialogue politique, le cadre de concertation de l’opposition et le Chef de File de l’Opposition (CFOP) ont été approchés par les autorités religieuses et coutumières, le Ministre d’Etat en charge de la Réconciliation Nationale ,et le Médiateur du Faso pour solliciter la levée de la suspension.
En considération de la qualité et de l’insistance des requérants et dans le but de donner plus de chance au processus de réconciliation nationale, le cadre de concertation de l’opposition politique, réuni en sa séance du 5 janvier 2022 a décidé de lever la suspension de sa participation au Conseil National d’Orientation et de Suivi et au Comité de Suivi et de la mise en œuvre des recommandations du dialogue politique.
Toutefois, le CFOP garde pour priorité la recherche urgente de la paix et la sécurité réclamées par les populations meurtries.
Le CFOP prend acte de la nomination de Mr Zerbo Lassina au poste de Premier Ministre et la composition du Gouvernement resserré. Il les jugera sur leur capacité à relever les multiples défis auxquels le pays fait face.
Au demeurant, le CFOP appelle les populations soucieuses de l’avenir de notre pays, à rester à l’écoute de tout mot d’ordre, qui interviendra en fonction de l’évolution de la situation nationale, après une évaluation objective et précise de la situation sécuritaire notamment.
Enfin, le cadre de concertation réuni autour du chef de file de l’opposition politique Eddie Komboïgo réitère ses vœux de bonne et heureuse année 2022 au peuple Burkinabé. Que l’année 2022 soit une année de paix, de stabilité et de cohésion pour le Burkina Faso.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso !
Le CFOP
Eddie Komboïgo