11 ans de prison avec sursis pour Jean-Pierre Palm : la partie civile s’interroge sur la logique du parquet
Au terme des réquisitions du parquet militaire contre les accusés du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et douze autres, les premières réactions d’avocats de la partie civile sont empreintes de stupéfaction quant aux peines requises contre certains mis en cause. Sur les réquisitions à l’endroit de Jean-Pierre Palm et de Tibo Ouédraogo, respectivement 11 ans avec sursis et un acquittement, la partie civile les juge assez légères et souhaite que le tribunal aille au-delà lorsqu’il s’agira de délibérer.
L’audience de ce mardi était réservée aux réquisitions du parquet militaire contre les accusés qui, à cette occasion, ont déménagé du box des accusés pour occuper des places dressés face à l’accusation.
Avant de fixer ses peines contre chacun des 14 mis en cause dans le dossier, le ministère public a d’abord dérouler un film de la journée du 15 octobre, jour où le président Thomas Sankara et ses compagnons d’infortune ont trouvé la mort au Conseil de l’Entente, décrit les jours d’avant et d’après la tragédie non sans insister sur la préparation du complot.
Puis, la partie poursuivante s’est attardée sur les qualifications des différentes infractions retenues contre chaque accusé, une sorte de justification des peines requises. Les uns ont été acquittés, les autres condamnés à des peines allant de 3 à 30 ans d’emprisonnement.
La veuve de Thomas Sankara insatisfaite des réquisitions
En réactions aux réquisitions du procureur, la partie civile s’est montrée stupéfaite, particulièrement sur les intentions du parquetier à l’endroit des accusés Jean-Pierre Palm et Tibo Ouédraogo. Et Me Julien Lallogo de rappeler que le premier est accusé d’avoir fait disparaitre la table d’écoute de la gendarmerie dont il était le commandant adjoint tandis que le second a conduit, dès les premières heures des évènements, la mission de neutralisation de la Force d’intervention du ministère de l’administration territoriale et de la sécurité (FIMATS), du haut de son grade de commandant de l’escadron motocycliste commando (EMC). « Allouer une peine de 11 ans assortie de sursis à un accusé comme Jean-Pierre Palm alors qu’un autre comme Yamba Elysée Ilboudo qui a permis à la juridiction de savoir ce qui s’est passé, nous estimons qu’il y a un problème. Cela dit, il ne s’agit là que de la position du parquet qui est un avocat comme nous, il appartiendra à la chambre de nous départager », a déclaré Me Lallogo.
La veuve de Tomas Sankara, Mariam Sankara, est, elle aussi, insatisfaite des réquisitions du procureur, espérant que le tribunal décidera d’une peine plus lourde contre certains mis en cause, citant l’ex-commandant de la gendarmerie nationale, Jean-Pierre Palm.
Un nouveau chronogramme dès le 1er mars
Les réquisitions du ministère public prises, il reste les plaidoiries des avocats de la défense avant la phase de délibération, laquelle marquera l’épilogue d’un procès qui a débuté en octobre 2021. Après un marchandage du délai de suspension pour permettre à la défense de préparer ses arguments, la chambre de jugement a tranché : trois semaines sont accordées aux conseils des accusés qui avaient sollicité un mois. Dès la reprise de l’audience, prévue pour le 1er mars prochain, le tribunal appliquera un nouveau chronogramme. Ainsi, la semaine de l’audience qui s’arrêtait jusque-là à jeudi ira désormais du lundi au vendredi.
Bernard Kaboré