Mise en place Délégations spéciales : « Premier test pour le MPSR »
Ceci est une tribune de Sawadogo Issa, expert en communication pour le développement qui s’est intéressé à la question de la mise en place des délégations spéciales. Selon lui avec les contestations qui sont déjà perceptibles, les autorités actuelles gagneraient à user de fermeté afin d’éviter les écarts de la transition de 2014. Lisez plutôt.
Apparemment, les choses sont en train d’aller très vite du côté de l’administration des territoires. Sans doute pour éviter un vide juridique suite à la dissolution des conseils des collectivités par le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration. Depuis le dimanche 08 février 2022, certains représentants de l’Etat central ont convoqué leurs populations pour la mise en place des délégations spéciales de leurs collectivités. On pensait alors que le moment était venu pour recruter des acteurs locaux responsables, à même de bien administrer les municipalités et les régions du Burkina Faso pendant cette période de transition. On rêvait également que cela devait permettre de tracer les sillons pour les élections crédibles et transparentes après la transition.
Malheureusement, sitôt lancé, le processus s’est heurté à des difficultés dans certaines circonscriptions administratives. En effet, les collectivités qui ont voulu mettre en application le décret N° 2013/431/PRES/PM/MATD/MATS/ MEF du 30 mai 2013 portant conditions d’installation, composition et fonctionnement de Délégations Spéciales des collectivités territoriales ont, tout de suite, fait face à des contestations ; les populations accusent certains représentants de l’Etat de partialité dans le choix des Hommes. A Dori, à Béguédo et à Kombissiri, pour ne citer que ces trois exemples, les populations désapprouvent déjà les manières dont certains représentants de l’Etat sont en train de procéder pour la désignation des membres de leurs délégations spéciales. Mais, comment en est-on arrivé là ?
En réalité, un détail a manqué dans le processus. Au regard du contexte actuel du pays qui est des plus complexes (manque de confiance vis-à-vis de politiciens, absence de l’administration dans certaines zones, insécurité permanente dans certaines localités), un décret additif aurait pu être pris pour recadrer la désignation des déléguées, afin de donner les gages d’une gouvernance sans complaisance. Dans ce cadre, certains réglages d’ordre administratif, sociologique et financier devraient être opérés avant de lancer le processus. Mais, il n’est jamais tard pour mieux faire. Autrement dit, les choses risquent de se corser par la suite. Car, les populations qui semblent avoir pris conscience et qui savent dorénavant mesurer les enjeux de développement endogène ne veulent plus se laisser faire. Le peuple se souvient toujours des dérives observées lors de la transition de 2014, des manquements qui ont brisé son espoir. Il se rappelle encore les manœuvres organisées par certaines organisations ou personnalités pour revenir, sous d’autres formes, dans les commissions d’apurement du passif du foncier mises en place après la transition. Bref, les mauvais souvenirs sont nombreux et les citoyens en ont gros sur le cœur. C’est dire donc qu’en voulant bien faire, si on n’y prend garde, le pays risque de basculer encore dans des blocages inutiles, lors de la désignation des membres des délégations spéciales. D’où les autorités doivent adopter une attitude de fermeté dans le projet actuel, pour prévenir les troubles. Sinon, il y a bien longtemps que l’homme intègre est devenu autre chose au point que le processus pour le ramener dans le chemin des valeurs d’antan ne sera pas du tout chose aisée. C’est dire donc que si cette « mini élection » réussit ce serait un bon signe pour les dirigeants du MPSR sur qui les 21 millions de burkinabé fondent leur espoir.
SAWADOGO Issa, Expert en communication pour le développement