Société

Sondage APIDON sur le putsch au Burkina : la sécurité et le pouvoir d’achat au centre des priorités

Le sondage  a été effectué courant février 2022 par l’Institut de Recherche et de Sondage Apidon (IRSOA), sur l’ensemble du territoire national. Il met à  disposition des informations spécifiquement sur : l’accueil du coup d’Etat ; les raisons de l’enthousiasme perceptible ; la perception des populations sur la durée nécessaire et acceptée pour la transition ;  la perception des populations sur les priorités que devraient avoir les autorités ; les craintes des populations en relation avec la gestion du pouvoir par les nouvelles autorités. 78,10 % des enquêtés est préoccupés par les questions sécuritaires, 7,94 % par le pouvoir d’achat.

L’analyse des données de cette présente investigation conduit aux commentaires suivants :

1. La fébrilité des burkinabè à affirmer leur appartenance politique dans le présent contexte.

2. Un accueil favorable du coup d’Etat.

3. Un enthousiasme globalement dû à l’exaspération vis-à-vis de la gouvernance du précédent chef d’Etat et du parti majoritaire.

4. Une prédisposition des répondants à accorder une durée de plus de 2 ans à la transition.

5. Des craintes liées à l’unité et à la cohésion entre les nouveaux gouvernants, à un management dictatorial, à l’échec dans la lutte contre le terrorisme, aux intérêts personnels et à la répétition des erreurs du passé.

6. Des priorités centrées sur la sécurité et le retour des déplacés.

https://www.lobspaalga.com/wp-content/uploads/RESULTATS-SONDAGE-DOPINION-APIDON-FEVRIER-2022-SO01_22.pdf

L’une des grandes surprises des enquêteurs a été la fébrilité des répondants à assumer leur appartenance à un parti politique et la peur qu’ils ont perçus chez certains à répondre aux questions. 87% des répondants ont affirmé n’être d’aucun parti politique.

L’étude note un accueil favorable du coup d’Etat (76%) avec un enthousiasme globalement dû à l’exaspération vis-à-vis de la gouvernance du précédent pouvoir et du parti majoritaire (65%). Cela ressemble fort bien à un enthousiasme-sanction et pas vraiment encore à une confiance accordée à la vision et aux actions des nouveaux dirigeants, par ailleurs inconnus des populations.

Ce résultat rend pertinente la prise en compte de ce qui suit : la confiance des masses laborieuses reste une conquête et leur séduction est attachée à la gestion de leurs priorités. Parlant de priorités, l’étude note que les attentes sont focalisées sur la question de paix (libération du pays et assise d’une sécurité pérenne). Les répondants semblent valider l’expression de John Maynard Keynes, selon laquelle « in the long run, we are all dead » ; ils veulent en effet des résultats conjoncturels rapides.

Il se dégage ainsi l’impérieuse nécessité d’équilibres intelligents, en jouant à la fois sur deux leviers (le conjoncturel et le structurel) afin de satisfaire les besoins de « Quick Win » des populations (conquête urgente, diligente et pérenne du territoire) et par ailleurs, asseoir des bases paradigmatiques pour un changement profond et durable. Cela ressort sans ambiguïté du discours de la prestation de serment. Cette option managériale se justifie d’autant plus que les populations (62% des répondants) semblent bien prédisposées à accorder une durée de plus de 2 ans à la transition. Elles auraient très probablement compris, comme le disait Jacques Chirac, que « l’histoire nous enseigne qu’une civilisation, pour garder la maîtrise de son destin, doit se donner les moyens de sa sécurité.»

Un autre point d’intérêt de l’étude, c’est le souhait des répondants de voir réussir le MPSR et, disons-le en plus sincère et en plus vrai, de voir les aspirations des populations satisfaites. Aussi, ressort-il du sondage des craintes liées à l’unité et à la cohésion entre les nouveaux gouvernants, à un management dictatorial, à l’échec dans la lutte contre le terrorisme, aux intérêts personnels et à la répétition des erreurs du passé.

Une alerte salutaire qui doit pousser le commandant en chef de la nation à travailler à l’unité de vision et d’actions, à la solidarité dans son équipe, à l’écoute des parties prenantes de la nation, tout en extirpant tout agenda caché pouvant saper la crédibilité que les autorités doivent construire et maintenir. En somme, il s’agit de travailler à donner tort à cette pensée du grand Georg Wilhelm Friedrich Hegel, qui traverse avec vigueur les siècles en se bonifiant à chaque fois : « De l’histoire, nous apprenons que nous n’en apprenons rien ».

Dr Gambetta Aboubakar NACRO

Statisticien-Economiste-Gestionnaire

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page