Trois ans de transition : des Burkinabè se prononcent
Ça y est. La charte constitutionnelle de la transition a été signée dans la nuit du lundi 28 février au mardi 1er mars 2022 à Ouagdougou par le lieutenant-colonel Paul Henri Sandoago Damima à la faveur des assises nationales. les participants on par ailleurs acté un gouvernement d’au plus 25 membres et un organe législatif de 71 députés. Plus que ce qu’avait proposé la commission technique d’élaboration du projet de textes et d’agenda qui avait préconisé une transition de 30 mois, un gouvernement restreint de 21 membres et une assemblée législative de 51 membres. De quoi susciter des réactions controversées au sein de la population, comme le révèle un micro trottoir que nous avons réalisé à Ouagadougou.
“Nous sommes dans un remake politique”, Didier Ouédraogo, philosophe
La durée de la transition importe peu. Il s’agit de savoir ce qu’on en fait comme préalable avant le retour à une vie constitutionnelle normale. Nous sommes dans un remake politique ou politicien quand on se rend compte que les travaux ont été présidés hier par Tertus Zongo qui fait partie de l’oligarchie, de ceux qui ont la main mise sur l’économie aurifère et tout le reste dans ce pays. Quand on sait que ce monsieur a été un fer de lance des différents gouvernements sous Blaise Compaoré, qu’il est l’un des artisans de la politique que nous avons refusé pendant l’insurrection en 2014, on se rend compte que nous mettons le pied dans un engrenage qui ne dit pas son nom. On reste perplexe, dubitatif. Si on doit reprendre les mêmes pour refaire la même chose…
“Tout travail mérite salaire”
Ceux qui seront portés au pouvoir feront les 3/5 d’un mandat normal de 5 ans. Comment on peut penser qu’un groupe de personnes, députés, membres du MPSR etc., qui a géré le pays pendant trois ans, puisse être du jour au lendemain, inéligible nulle part. Je crains que cela ne soit encore un préalable à de nombreux soubresauts. Qui dit qu’en déposant son treillis on ne puisse devenir candidat, vu qu’on ne remplit plus la même fonction. Les députés sont des commis du peuple qui en principe travaillent pour préserver les intérêts du plus grand nombre. S’il s’agit d’avoir juste des chambres de résonance du pouvoir, cela n’a aucun sens. En espérant que le travail réponde aux attentes du peuples, que l’Assemblée joue pleinement un rôle de représentativité du peuple, cela peut se comprendre, parce qu’il n’est pas souhaitable que le travail qui aura été fait ne soit pas rétribué. Tout travail mérite salaire si on s’entend bien au sens du mot travail. En même temps il y a cette idée de dire que tout ne se fera gratuitement sous la Transition. On n’a pas encore mis des mécanismes qui permettent que les taches soit faites de manière gratuite parce que liées à l’intérêt général. Même le travail monnayé dans les ministères est galvaudé au profit de la corruption. On ne pourra pas gommer ces pratiques. Je pense à une rémunération raisonnable, mais nous devons éviter de faire une caste de professionnels de la transition qui va juste se remplir les poches.
“Trois ans c’est assez long”, Lamine Ouattara militant du MBDHP
Je trouve que la durée de la transition n’est pas raisonnable. Trois ans c’est assez long puisqu’elle ne va pas arriver avec un projet de société. Par rapport au mandat avec les émoluments des députés, c’est un comportement totalement apatride que de refuser de se sacrifier pour son pays mais c’est de la nature de l’orientation politique et même une question de système. Pour clore, on pourrait se limiter à une trentaine de députés et maximum 20 ministres pour être efficace. L’augmentation est liée à cette volonté de tailler des postes pour satisfaire le maximum de proches. Je reste convaincu que le dernier mot revient au vrai peuple.
Propos recueillis par W. Harold Alex Kaboré