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Procès assassinat de Thomas Sankara : le 6 avril pour le verdict

Au quatrième et dernier jour de plaidoiries des avocats de la défense dans le cadre du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de 12 de ses compagnons, deux avocats de l’accusé Gilbert Diendéré, Me Paul Kéré et Mathieu Somé, ont exposé les arguments qui valent selon eux, l’acquittement pur et simple de leur client. Au terme des plaidoiries, le président de la chambre de première instance du tribunal militaire a annoncé la date du délibéré: le 6 avril prochain.

Les avocats de la défense estiment que l’action publique est éteinte concernant l’assassinat du Père de la Révolution burkinabè (Photo)

Pour une dernière audience avant de clore les débats, rien de particulier à signaler. La salle d’audience était à moitié vide quand les juges effectuaient leur entrée. En ce cinquième jour de plaidoiries des avocats de la défense, seulement deux conseils devaient intervenir pour déballer leurs arguments à même de sauver la tête de leur client, Gilbert Dienderé. Contre ce dernier, le parquet militaire a requis 20 ans d’emprisonnement, lui qui est retenu dans ce dossier pour quatre infractions, à savoir : recel de cadavres, subornation de témoin, complicité d’assassinat et attentat à la sûreté de l’Etat.

Le premier du duo d’avocats à tenir le crachoir a été Me Paul Kéré,  qui a voulu convaincre le tribunal en un quart d’heure de temps de parole. « Tout a déjà été dit » par ses confrères précédents, (Me Aziz Dabo, Kofi Saba, Ollo Larousse Hien, Olivier Yelkouni), s’est réjoui Me Kéré, avant de revenir sur les faits de complicité d’assassinat. Pour l’avocat, il n’existe pas d’éléments de preuves qui montrent que Gilbert se trouvait au Conseil de l’Entente , qu’il a participé au commando qui a assassiné le président et ses douze compagnons d’infortune. A ce sujet, Me Kéré pense qu’un « acquittement pur et simple » s’impose au lieu même d’un acquittement au bénéfice du doute.

Sur cette infraction, la position de Me Mathieu Somé n’est pas moins tranchée. En gros, « il n’y a pas de complicité d’assassinat », concernant celui qui n’avait que le grade de lieutenant en octobre 1987. Et cela, d’autant plus que l’infraction est prescrite. Pour argumenter ses propos, l’homme de droit est remonté aux débuts de la procédure. Une première plainte déposée en 1997 a ouvert la voie à une longue bataille judiciaire avec comme fait majeur une décision de la chambre criminelle de la Cour de cassation qui avait clos l’affaire en 2001. Ce qui devrait enclencher le principe de l’autorité de la chose jugée, et rendre impossible tout autre nouvel examen, selon Me Mathieu Somé.

Qu’à cela ne tienne, la réouverture du dossier en 2014, par le fait du prince, en pleine transition avec le président Michel Kafando, puis la saisine du commissaire du gouvernement en mars 2015, n’avaient pas leur raison d’être. Et Me Somé de constater l’absence d’un acte de plainte depuis 2001, ce qui signifie que « le dossier a été rouvert plus de quatre ans après la prescription », « une procédure grossièrement cousue de fil blanc », s’indigne l’avocat. Et si entre temps, en 2003, le comité des droits de l’Homme de l’ONU a donné un avis favorable pour le non prescription,  Me Somé estime que cet avis reste un avis et n’a aucune valeur contraignante. « Revenons à ce que le droit dit, le reste n’est que bavardage », a-t-il martelé, non sans rappeler que seul trois types d’infractions sont imprescriptibles, à savoir : le génocide, les crimes de guerre et contre l’humanité.

Quant à l’infraction d’attentat à la sûreté de l’Etat, les avocats n’ont pas manqué de répliques au parquet militaire. Après avoir fait retenir que cette infraction est définie comme le renversement d’un régime légal, la défense de Diendéré s’est voulu catégorique : « le régime du CNR n’était pas légal », pour conclure qu’un coup d’Etat contre ce régime ne peut être considéré comme un attentat à la sûreté de l’Etat, « la loi étant d’interprétation stricte », selon Me Mathieu Somé.

Pour la défense, du moins pour Me Somé, la décision du juge ne devra pas viser la satisfaction de l’opinion qui attend « une certaine vérité autre que la vérité des faits ». Et d’adresser ces suggestions au juge Urbain Méda : « votre décision devrait résulter d’un dialogue avec vous-même », « ce procès vous donne la chance de jouer votre rôle historique qui crédibilisera notre justice ». Comme pour appuyer les propos de son prédécesseur, Me Kéré qui avait lancé au tribunal : « Il faut acquitter le général Diendéré non pas parce qu’il sera utile dans le dispositif sécuritaire de notre pays mais parce qu’il n’y a pas d’éléments à charge ».

Cité comme civilement responsable, L’Etat burkinanbè, par la voix de son Agent judiciaire a plaidé que les intérêts soient supportés par ceux que la chambre viendra à déclarer coupable.

Le verdict est attendu le 6 avril, à 10 heures.

Bernard Kaboré

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