Justice

Verdict du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara: le comité du Mémorial voudrait célébrer l’évènement

Qui va être acquitté et qui va être condamné ? Tout se saura dans la matinée du mercredi 6 avril 2022 à la Salle des Banquets de Ouaga 2000. En effet, le verdict du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons d’infortune sera rendu. En lien avec le délibéré, le Comité international Mémorial Thomas Sankara veut marquer l’évènement. Selon son SG que nous avons rencontré à la veille du verdict à la Villa Togo, au Conseil de l’entente, après le rendu de la justice, l’heure devrait être à la réhabilitation de la mémoire de ces héros assassinés. Cela pourrait passer par des funérailles nationales, souligne-t-il.

C’est dans la Villa Togo, au Conseil de L’entente que Luc Damiba SG du Comité international Mémorial Thomas Sankara nous a reçu

Nous sommes à quelques heures du prononcé du verdict du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons d’infortune. Dans l’enceinte du lieu où le drame s’est produit, le conseil de l’entente, les préparatifs vont bon train pour célébrer “la justice qui sera rendue au père de la révolution burkinabè et à ses camarades”.

Sur place, Luc Damiba, secrétaire général du Comité international Mémorial portant le nom du bouillant capitaine, nous a accordé un entretien à ce propos. Pour lui, l’attente du verdict de ce procès est à l’image d’une femme enceinte qui attendrait l’arrivée de son bébé à la différence qu’en l’espèce, c’est “la justice, la vrai justice” qui est espérée. Luc Damiba se dit soulagé d’autant plus “qu’on n’imaginer pas que ce procès allait avoir lieu et encore moins prendre fin“. Mieux , selon lui, avec le verdict, on saura désormais si “qui est coupable, qui a planifié, qui a exécuté et qui en est bénéficiaire ? “.

Pour le secrétaire général du Mémorial, que cette affaire ait un dénouement judiciaire heureux est source de satisfactions à divers niveaux. Le premier niveau tient au fait qu’on peut écrire l’histoire; dire qu’après 34 ans des faits avec une procédure judiciaire de 25 ans, un procès a eu lieu et que des coupables ont été condamnés pour l’assassinat de l’ancien président , Thomas Sankara et de ses compagnons. Ce qui en sommes permettra non seulement de réhabiliter la justice burkinabè auprès d’une certaine opinion mais aussi de réhabiliter le Burkinabè de l’extérieur car d’après lui, par moment tout Burkinabè à l’étranger est pointé du doigt comme complice des assassins du père de la révolution du 4 août 1983. Après le verdict, dira Luc Damiba, On aura maintenant des noms et des visages de responsables de cette tuerie au lieu que tout le peule burkinabè soit tenu pour responsable.

Par ailleurs, poursuit-il, cela servira de leçon aux uns et aux autres qui ont perpétré un coup d’Etat ou qui ont à l’idée de le faire, qu’ils peuvent tôt ou tard faire face à la justice surtout si les faits sont semblables à ceux de 1987.

Autre motif de satisfaction selon notre interlocuteur, certains accusés ont eu le courage de se retourner vers les familles des victimes pour leur demander pardon. Cependant, à l’endroit de ceux qui n’ont pas fait preuve de remord et ont gardé le silence, Luc Damiba rappelle que s’ils échappent au tribunal des hommes , ils feront alors face au tribunal de la conscience et celui divin. Par conséquent, “ils ne peuvent en tout cas pas échapper à l’un de ces deux tribunaux”.

Près de sept mois après, le procès sur l’assassinant de Thomas Sankara et de ses compagnons, connaitra son dénouement demain matin

Le refus de certains accusés de dire la vérité n’est pas le seul point que Luc Damiba déplore comme source d’insatisfaction dans ce procès. A ce propos, Il fait cas du mutisme de certains accusés qui n’ont pas dit réellement ce qui s’est passé”. Il met également dans le même sac “ceux qui se disaient de grands amis du Burkina ou défenseurs de la révolution qui n’ont pas tout déballé de ce qu’ils savent sur l’assassinat du président Sankara. Luc Damiba mentionne aussi les attentes vis-à-vis de l’instruction du volet international de cette affaire.

Après le verdict, place à la réhabilitation

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la journée du 6 avril 2022 sera historique pour bien de personnes en dehors des familles des treize personnes assassinées au conseil de l’entente le 15 octobre 87. Parmi elles, figurent les membres du comité international Mémorial Thomas Sankara. Pour preuve , une série d’activités est prévue pour marquer l’évènement. En effet, d’après Luc Damiba, le Comité Mémorial, avec un certains nombre d’associations progressistes qui épousent l’idéal de Thomas Sankara ( en l’occurrence le Balai Citoyen, le Mouvement endogène, les Orphelins de Sankara (allusion aux Burkinabè envoyés par la Révolution pour étudier en son temps à Cuba), les Enfants mère nature, les Jeunes aux points levés et les mouvements des jeunes des partis sankaristes) vont sonner la mobilisation à partir de la Salle des Banquets où sera donné le verdict. De là, un cortège va se diriger jusqu’au monument du Mémorial. Sur place, une procession sera faite, a relaté Luc Damiba. Discours, dépôts de gerbes par la famille des victimes marqueront cette journée historique qui d’ailleurs se veut selon lui une occasion d’enclencher un deuil au niveau individuel et collectif car répète-t-il, “après la justice, place maintenant à la réhabilitation de la mémoire de tous ces victimes”. Pour notre interlocuteur, ces cérémonies le jour du verdict prend tout son sens dans la mesure où le procès a permis de mettre un nom sur le visage de tous ceux qui ont été tués dans le cadre du coup d’Etat du 15 octobre 87 et des jours suivants. Et sur ce point, il y a un total de 29 victimes, signale-t-il. Donc, l’occasion s’y prête de leur rendre hommage à tous mais surtout de dire que “nous rentrons en deuil et nous attendons les funérailles nationales. Nous voulons des tombes dignes pour ces héros de la nation burkinabè“.

Toujours pour les besoins de marquer l’évènement du verdict, les avocats des familles des victimes entreront en scène le lendemain; soit le jeudi 7 avril en animant une conférence de presse pour se prononcer sur le fait d’interjeter ou non appel , a-t-il ajouté.

Roukiétou Soma

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