Société

Burkina Faso: “POURQUOI LES AUDITS FONT SI PEUR …” Lookman Sawadogo

Ceci est une tribune du journaliste et écrivain, Lookman Sawadogo relative au procesus d’audit engagé dans l’administration publique du Burkina Faso.

S’il y’a un mal qui a bien connu un arrêt brutal ce 24 janvier 2022, c’est le pillage des maigres ressources du pays.
Je ne connais pas une seule UNE de Courrier confidentiel, Le Reporter, l’Evenement, Mutations qui ne dénonce une affaire de corruption, de pillage, de malversations outrancières des biens publics.
J’oublierai pas nos lanceurs d’alerte de renom tels Naim Toure et Aminata Rachow dans la même veine de ce travail de dénonciation.
Ce que je dis est constant depuis 10 ans au minimum.

Après l’insurrection, le rêve du Burkina nouveau n’a pas été réalisé. Parce que cela s’est transformé au nom de la haine politique en chasse aux sorcières. Au lieu d’un redressement de l’Etat.
Jusqu’au jour où le MPP a perdu le pouvoir aucune action concrète de sanction des crimes de corruption n’a été vue. Conclusion: la volonté n’a pas existé. Parceque Pierre n’était pas aussi différent de Paul. Le président KABORE l’a compris tardivement et s’est résolu à combattre la corruption de son système beaucoup pourri. Mais déjà trop tard. Ça ne pouvait que l’emporter et ça l’a emporté.
Aucun Burkinabé, sans prétention, épris de justice sociale et ayant la moindre once d’intégrité ne voudrait voir une lutte acharnée et sans pitié contre les crimes économiques.

Sur les radios FM aux émissions interactives tout comme sur les réseaux sociaux les gens sont en colère contre le vol des gouvernants de leurs ressources, l’enrichissement de petits groupes , l’affairisme érigé en règle. Parceque la conséquence directe de ces maux c’est l’appauvrissement de masse et le délitement moral de la société.
Aujourd’hui, on peut ne pas aimer les militaires mais il est indéniable qu’il ne viendrait pas à l’idée d’un agent ou un responsable de l’administration de commettre des actes délictueux en matière financière.
Je ne dis pas que les militaires sont des saints ou des anges encore moins qu’ils sont des dieux et qu’ils finiront les pratiques de corruption sur la terre du Burkina. Mais au moins, chacun sait à quelle discipline s’en tenir. C’est la base et c’est bien de maintenir ainsi.

De même, il serait impensable que l’on n’assiste pas à une politique anti corruption venant des militaires. On serait là à douter et à se questionner. Parceque le peuple est demandeur d’une vraie opération mains propres dénuée de toutes pesanteurs politiciennes.

Comme on a eu l’habitude de voir les coups de fils de la présidence pour favoriser X ou Y gestionnaire public pris dans les filets des organes de contrôle. On se chatouillait pour rire . Pour beaucoup on nous a menti. En réalité malgré la bonne foi des contrôleurs, la complaisance et les arrangements politiciens avaient pignon sur rue. On finit par arrondir les angles pour les amis politiques. C’est le système et sa survie.
J’ai dis quelque part, que les autorités militaires ont deux guerres. La guerre du terrorisme pour la sécurité nationale tant voulue et la guerre contre la criminalisation de l’Etat. La moralisation et l’intégrité de l’administration publique ne sont point accessoires.

Encore moins une chose facultative. La survie du pays en dépend tout comme la sécurité. Quand on aura gagné la guerre au plan militaire, il faudra une administration et des finances pour la relance du pays post guerre. C’est pourquoi il faut nettoyer les écuries pour que les investisseurs et les partenaires puissent avoir confiance à notre pays.

Les audits ce ne doit être contre personne. Mais dans l’intérêt du pays. Chacun devrait être le premier d’entre les Burkinabé par patriotisme, surtout quand on a eu a gérer les ressources publiques dans sa vie, à se tenir prêt pour rendre compte. A défaut d’applaudir ou d’appeler eux-mêmes fièrement les auditeurs à venir.

On a de la peine à comprendre certains Burkinabé. Ceux qui criaient hier haro sur les voleurs de la république sont les mêmes à chercher dans des circonvolutions creuses à divertir voire dénigrer les acteurs qui ont jugé impérieux d’engager une telle opération. C’est à croire que l’on soutien la corruption et les corrupteurs. Je reconnais que la loi sur le délit d’apparence est le fruit du combat de toutes ces personnes. Et l’on se souvient du contexte de cette loi. Mettons-la en application maintenant pour le bien qu’elle comportait. Il vrai ses avant-gardistes sont devenus pour la plupart riches détenant des biens immobiliers colossaux.
Quiconque se fait défenseur moral des corrompus on le sait bien lutte contre les droits sociaux et existentiels des populations qui sont ainsi réduits et détruits par la corruption.

C’est la corruption qui freine le développement en compromettant les chances à l’accès à la santé, à l’éducation, aux routes , à la sécurité, à l’alimentation des populations. Aider à assainir et à avoir une administration crédible pour un développement harmonieux de notre pays. Il est pas humain que la minorité des gens pillent et misérabilisent une majorité de citoyens.

Lookmann Sawadogo
Journaliste éditorialiste
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