Société

Pénurie de carburant : journée de bousculade dans les stations-services

Ce mardi 19 avril 2022 fut une journée de grosse bousculade dans les stations-services de Ouagadougou. En cause, une pénurie de carburant, denrée vitale pour de nombreux secteurs de l’activité économique. Tandis que certains pointent du doigt la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY), celle-ci, via un communiqué, a rassuré que « malgré l’augmentation de la demande en produits pétroliers […] et  le contexte international difficile, elle dispose des stocks nécessaires dans ses dépôts extérieurs… ».

C’est un peu comme ces jours qui précèdent une augmentation du prix à la pompe du carburant. A la mi-journée, la plupart des stations ont déjà déclaré l’indisponibilité du précieux liquide. D’un signe de l’index, les pompistes refoulent les clients qui repartent les uns après les autres, insatisfaits. Pour avoir de quoi alimenter son moteur, il faut effectuer le tour de la ville, pour ne pas dire des stations-services.

Devant les stations ou le stock n’est pas encore épuisé, de longues files se sont formées. C’est le cas d’une station non loin du Grand marché de la capitale. Les motocyclistes d’un côté, les automobilistes de l’autre, la file avance à  pas de caméléon. Les clients sont servis par ordre d’arrivée. De quoi  agacer les impatients qui, par moments, ne manquent pas de bousculer ou de vociférer, surchauffant ainsi l’atmosphère.

Ailleurs, au quartier 1200-Logements, le constat est le même : des files similaires d’engins sont observées devant la station gérée par Lassané Kabré. C’est finalement là qu’Adèle Kaboré, gérante d’un kiosque à journaux, espère trouver du carburant pour sa moto après trois stations sans gain de cause. Comme bien d’autres personnes, la jeune dame ne sait pour quelle raison cette rupture brusque de l’essence. Mais selon Lassané Kabré, le problème émane de la SONABHY. « C’est difficile de lancer la commande et l’obtenir le même jour », explique le gérant. « J’ai commandé mercredi et la marchandise est arrivée samedi. Puis une autre commande passée vendredi est arrivée ce mardi même, soit cinq jours d’attente », confie monsieur Kabré.

La voie ouverte à la spéculation

Du fait de la pénurie, l’offre est plafonnée dans certains points de vente. Pour les véhicules, pas question de satisfaire les automobilistes qui souhaitent faire le plein ou d’aller au-delà de 10 000 F CFA. 2000 F est la limite de vente à chaque motocycliste.

Renonçant à « un chemin de croix » pour obtenir l’essence dans les stations, beaucoup se rabattent sur les revendeurs en bouteille, au prix de la spéculation. « A plusieurs endroits, le litre du super 91 est vendu à 1000 et même 1500 F CFA », a confié dans l’anonymat un acheteur qui n’a pu s’offrir le « jus » à ce prix. Pour d’autres, le jeu en vaut la chandelle, d’autant plus que la quasi-totalité de l’activité économique dépend par ricochet de ce liquide précieux pour la mobilité et le transport

De son côté, la SONABHY rassure. Dans un communiqué publié ce mardi-même, la nationale des hydrocarbures a, en effet, indiqué que « malgré l’augmentation de la demande en produits pétroliers notamment en super et en gasoil et le contexte international difficile, elle dispose des stocks nécessaires dans ses dépôts extérieurs qui sont en train d’être envoyés depuis le week-end passé vers les dépôts intérieurs de Bingo et de Bobo Dioulasso pour assurer l’approvisionnement du pays ». Par ailleurs, « Les équipes sont à pied d’œuvre et les chargements des camions citernes se font de façon régulière depuis ce matin dans ses dépôts intérieurs et se poursuivront jusqu’à expiration des camions en attente » poursuit le communiqué

Mais en attendant un retour à la normale, les commentaires vont bon train entre ceux qui veulent comprendre les répercussions de la conjoncture internationale, marquée par la guerre en Ukraine, et ceux qui fustigent un manque de prévoyance des autorités. « Il ne devrait pas y avoir de raisons valables pour justifier cette pénurie. Les autorités savent bien que beaucoup d’activités sont liées à la disponibilité des hydrocarbures. Quand on a des dépôts on doit être en mesure d’anticiper à moyen et à long terme. Il ne faut pas attendre qu’un problème survienne pour chercher les solutions », s’indigne Lasson Ouédraogo au milieu d’une file.


Bernard Kaboré

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