Retour des exilés : « Nous demandons aux Burkinabè de pardonner »
C’est dans une salle comble que l’Initiative des femmes leaders pour l’unité et la réconciliation nationale (IFLURN) a animé une conférence de presse ce jeudi 12 mai 2022 à la Maison de la femme à Ouagadougou.
Plusieurs chefs coutumiers et membres des associations de femmes ont suivi avec intérêt ce face à face entre les journalistes et les responsables de cette organisation qui dit « apporter son soutien au gouvernement et à l’Assemblée législative de transition dans leur mission de moralisation des institutions publiques ».
Selon la coordonnatrice de ce mouvement, Saratou Ilboudo, leur priorité est liée au processus de réconciliation nationale. Pour cela, elle demande aux autorités politiques, administratives, associatives, coutumières et religieuses de se pencher sur le cas des exilés politiques en général. « Très respectueusement, nous exhortons le chef de l’Etat à exercer toutes les prérogatives que lui accordent sa fonction pour aborder de manière déterminante la mise en œuvre d’une démarche républicaine pour conclure l’organisation du retour au Burkina Faso, dans les conditions relatives à son statut d’ancien chef d’Etat, de son excellence Blaise Compaoré et de son épouse Chantal Compaoré », a déclaré dame Ilboudo, ajoutant qu’il y va de même pour tous les Burkinabè contraints à l’exil pour des raisons politiques.
Interrogée sur le sens qu’elle accorde à la réconciliation nationale, les membres du mouvement ont évoqué deux mots : le dialogue et le pardon. Pour arriver à cela, elles estiment que la présence de tous les fils et filles du pays est indispensable. Pour l’IFLURN, c’est parce que les Burkinabè sont divisés que le terrorisme gagne chaque jour du terrain.
« Etes-vous d’accord avec le triptyque vérité-justice-réconciliation? Comment pensez-vous que le retour des exilés va se faire étant donné que certains (Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando) viennent d’être condamnés à la prison à vie ? Vont-ils aller en prison à leur retour ou vont-ils demeurer en liberté? Pensez-vous que l’on doive mettre la justice de côté pour faire valoir le pardon? »
Ce sont, entre autres, les questions sur lesquelles les journalistes ont accordé une attention particulière. Mais la réponse des conférencières est restée la même jusqu’à la fin des échanges : « Nous ne sommes pas là pour remettre en cause le travail de la justice. Tout ce que nous demandons, c’est que nous acceptions de nous pardonner les uns les autres ».
Pour la coordonnatrice de l’organisation, sans le pardon et la réconciliation, le Burkina ne pourra pas lutter contre le terrorisme. « Combien de morts la Côte-d’Ivoire n’a-t-elle pas connus? Malgré tout les Ivoiriens ont fini par se tendre la main. Nous avons aussi vu Dadis Camara rentrer chez lui en Guinée. Si ces pays ont pu le faire, nous le pouvons aussi », a-t-elle souligné.
Cette conférence de presse marque le début des activités de l’Initiative des femmes leaders pour l’unité et la réconciliation nationale qui compte échanger avec toutes les composantes de la société à savoir les jeunes, les femmes, les politiques, les autorités coutumières et religieuses, etc.
Zalissa Soré