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2e anniversaire décès du Professeur Fernand Sanou : hommage à «un érudit»

À l’occasion du deuxième anniversaire du décès du Pr Fernand Sanou, le sociologue Roger VAlia, administrateur général d’ACSF-AFRIQUE revient, dans les lignes ci-dessous, sur ce qu’a été la vie et le combat de l’éminent universitaire, Pr Sanou. Pour résumer, c’est un «hommage à un érudit»

Le Pr Fernand Sanou

Le 4 juin 2020, une bibliothèque se consumait, pour emprunter l’expression au célèbre écrivain Amadou Ampathé Ba. En effet, ce jour-là, Le Professeur Fernand Sanou tirait sa révérence, après plusieurs décennies de bons et loyaux services rendus à son pays, à l’Afrique et au monde entier. Une vie bien remplie et consacrée à ce que le monde a de plus précieux : l’éducation. En ce deuxième anniversaire de son décès, c’est avec émotion que nous lui rendons hommage à travers les lignes qui suivent.

« Doyen, maître, professeur, Fernand », chacun pouvait l’appeler selon sa convenance. Le Professeur Fernand Sanou était ainsi : simple, accessible, ouvert et profondément altruiste, il aimait partager son savoir avec les autres. Les nombreux étudiants qu’il a contribué à former au département de sociologie de l’Université Joseph Ki-Zerbo ainsi que dans d’autres instituts et centres de recherches peuvent en témoigner.

«Il a vécu utile»

Visionnaire, il croyait profondément en l’éducation comme moteur du développement. Le Professeur Valérie Rouamba, du département de sociologie de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, affirme qu’il a été pour elle une source de motivation dont elle est aujourd’hui très fière : « Je me souviens » dit-elle, dans un entretien diffusé sur les ondes de Radio Avé Maria, à travers l’émission Regard sur l’éducation, produit par ASCF-Afrique, « après ma soutenance de maitrise, il m’a accostée en me disant qu’il souhaiterait me rencontrer avec mes parents. Et quand nous sommes allés le voir, il a dit ceci à mon père. Je crois en votre fille, je voudrais lui donner les moyens de faire un troisième cycle pour venir me remplacer. Cela a été fait. » Plus loin, elle ajoute, « il a vécu utile ». A cet égard, on pourrait dire qu’Il a donné un sens à la sociologie de l’éducation qu’il enseignait, en alliant à la fois théorie et pratique, et ce, avec une grande aisance. Aussi bien dans ses discours que dans ses écrits, à travers ses travaux de recherches et ses publications, il ne manquait pas de faire ressortir sa foi et sa noble vision de l’éducation, comme en témoigne le Dr Berté, l’un de ses anciens étudiants.

A diverses occasions, il répondait présent aux nombreuses sollicitations qui lui étaient adressées lorsque son temps le lui permettait. Ses analyses et ses points de vue étaient ainsi régulièrement scrutés. Avec calme et pondération, il savait marquer son appréciation lorsque cela lui convenait. A contrario, il savait également apporter sa touche positive pour faire avancer les débats, lorsqu’il ne partageait pas certaines idées.

Défenseur de l’intérêt général

Son entrée en politique, n’aura été, in fine, qu’une contribution supplémentaire de la part de ce brillant intellectuel dans la défense de l’intérêt général. Et c’est bien pour cela qu’il « s’est jeté à l’eau », comme il le disait lui-même à l’un de ses proches. En 2015, il a notamment occupé le poste de 3e vice-président du Conseil national de Transition, le CNT.
Mais qui était le Professeur Fernand Sanou?

De sa riche biographie, on retiendra qu’il est né en 1946, à Bobo Dioulasso, dans l’ouest du Burkina Faso. Ancien pensionnaire du petit séminaire Nasso, il obtient son baccalauréat en 1965, puis enchaine des études de philosophie et de sciences de l’éducation entre le Sénégal, la France et les Etats-Unis. C’est d’ailleurs au pays de l’oncle Sam qu’il soutiendra avec brio sa thèse de Doctorat, en 1982, en sociologie de l’éducation. Le sujet de recherche sur lequel il planche à cette époque est tout un symbole et apparait aujourd’hui encore, quarante ans plus tard, comme une intuition de génie. En effet, il opte de s’appesantir sur « les universités africaines en quête de leur identité. Une étude de la culture de carriérisme à l’Université de Ouagadougou, Haute Volta ».

De retour au Burkina Faso, il consacre son temps à l’enseignement et à la recherche ainsi qu’à certaines responsabilités au sein de l’administration publique. Il occupera les fonctions de Secrétaire général du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique de 1982 à 1983.

Jamais avare d’efforts

Au début de la décennie 2000, il sollicite et obtient une disponibilité par rapport à sa fonction d’enseignant-chercheur, afin de se consacrer aux côtés d’autres experts, à l’élaboration de l’étude nationale prospective Burkina 2025, dont bien de gens s’accordent à reconnaitre la haute portée scientifique. Jamais avare d’efforts, le professeur Sanou, bien qu’étant à la retraite et diminué physiquement par le poids de l’âge, continuait néanmoins d’apporter sa contribution au développement économique et social de son pays.

Premier Président du Conseil d’Administration de INADES Formation, Directeur académique de l’Institut Supérieur des Sciences Humaines (ISSH), Commandeur de l’Ordre National, Chevalier des palmes académiques, c’est un grand penseur qui lègue à la postérité, à l’image du professeur Joseph Ki-Zerbo dont il était un des artisans de la Fondation éponyme, plus de 5000 ouvrages de sa bibliothèque personnelle, fruit de sa grande passion pour la lecture.

Immense contribution d’un fin analyste

Enfin, comment ne pas évoquer ici l’immense contribution du Professeur Fernand Sanou dont la finesse des analyses et des observations a bercé les premiers pas du cabinet ASCF-Afrique dont il était le Président du comité scientifique depuis 5 ans et par ailleurs Président du comité scientifique du FOCAPE, le forum citoyen des acteurs et partenaires de l’éducation. Il fut durant toutes ces années, d’une inspirante attention pour l’ensemble du comité d’organisation et nous lui en sommes profondément reconnaissants. En duo avec le Dr Maxime Compaoré, il a régulièrement et brillamment participé aux diverses éditions du FOCAPE.

A cette occasion, les participants ont pu apprécier ses talents d’orateur. Ils ont pu bénéficier de ses enseignements mais également de ses précieux conseils par rapport à des questions précises qu’ils se posaient sur plusieurs aspects liés à la question de l’éducation au Burkina Faso et ailleurs dans le monde. Ses interventions resteront gravées dans les mémoires, tant elles étaient instructives.

Souvenir d’une «fructueuse collaboration»

A ASCF-Afrique, le souvenir que nous gardons du Professeur Sanou, c’est celui d’une collaboration fructueuse construite autour de 25 années caractérisées par un dynamisme et une efficacité à toute épreuve. Il restera pour nous le symbole du bon passeur intergénérationnel à travers une vie faite de dévouement et d’engagement au quotidien. Ses enfants ainsi que ses petits-enfants peuvent être légitimement fiers de lui. Car il a semé la bonne graine dans les cœurs et dans les esprits de ses semblables.

Bien que physiquement absent de nos regards, le Professeur Sanou reste vivant dans nos pensées. Il continuera de nous inspirer.

Roger VALIA
Sociologue /Administrateur Général d’ACSF-AFRIQUE

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