Gouvernance au Burkina : « Le président a juste troqué son danfani pour un treillis »
Au cours d’une conférence de presse animée ce 21 juin 2022, à Ouagadougou, le Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC) a donné son appréciation sur la situation nationale en matière de gouvernance . Selon ce réseau, les interrogations demeurent quant à la réelle volonté des militaires de changer de paradigme et de faire mieux que Roch Kaboré en matière de bonne gouvernance.
Près de cinq mois après le coup d’Etat du 24 janvier, que retenir de l’évolution de la situation nationale ? De l’avis du Secrétaire exécutif du Ren Lac, Sagado Nacanabo, le changement n’est pas pour demain et pire, les attaques armées se sont multipliées voire amplifiées, gagnant plusieurs parties du territoire national. « L’armée peine toujours à contrer les attaques. En témoigne l’attaque meurtrière survenue à Seytenga dans le Sahel ».
La situation des déplacés internes, s’est également dégradée, a déclaré Mr Nacanabo. « Selon les chiffres du Conseil national de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR), à la date du 30 avril 2022, le Burkina enregistrait 1 902 150 Personnes déplacées internes. En outre, 2 076 659 personnes étaient affectées par la fermeture totale de 185 centres de santé, ainsi que le fonctionnement à minima de 354 autres ; 685 935 élèves étaient privés du droit à l’éducation avec la fermeture de 4 148 écoles »,a-t-il cité.
Aujourd’hui, la gestion quotidienne des affaires par la Transition montre que le pouvoir actuel, à l’image du MPP, ne semble pas avoir pris la pleine mesure des aspirations populaires, a déclaré Mr Nacanabo dans sa déclaration liminaire. « On en veut pour preuve les salaires servis aux membres du gouvernement qui sont passés du simple à plus du double (973 320 à 2 386 256 pour les ministres et 1 089 720 à 2 782 717 F CFA pour le Premier ministre) », a-t-il décrié, précisant que dans un contexte de péril de la nation, cette augmentation de salaires des membres du gouvernement de la Transition est indécente.
La question des audits annoncés a aussi été abordés au cours de la conférence de presse. Selon le secrétaire exécutif du REN-LAC, le peuple burkinabè est toujours dans l’attente de connaître le contenu du rapport de l’inspecteur général des forces armées nationales, afin d’être située sur les causes réelles et les responsabilités dans du drame d’Inata ou 57 gendarmes sont morts. « C’est une exigence de transparence et de redevabilité des gouvernants », a-t-il confié.
Par ailleurs, les conférenciers ont exprimé leur inquiétude concernant l’attitude des militaires « qui travaillent à verrouiller les espaces de libertés démocratiques, au nom de la lutte contre le terrorisme, museler la presse et empêcher l’exercice de la veille citoyenne », a fait remarquer le monsieur Nacanabo, ajoutant que c’est d’ailleurs l’inquiétude légitime que les organisations professionnelles des médias ont exprimée, début juin, pendant l’adoption de la loi portant habilitation du gouvernement à prendre des mesures par ordonnance dans le cadre des sujétions liées aux nécessités de la défense nationale.
W. Harold Alex Kaboré