Abdoulaye Barry, journaliste et analyste politique : « La transition va durer concrètement 36 mois »
Le terrain d’entente trouvé entre le Burkina et la CEDEAO est celui-ci : pile-poil deux années supplémentaires de transition, soit des élections en juillet 2024. En réaction à ce compromis, le journaliste et analyste politique, Abdoulaye Barry se convainc qu’au nom d’une tradition longtemps perpétuée et tenant compte de Dame nature, cet accord pourrait se révéler caduque. Et au final, « la transition va durer concrètement 36 mois ».
«La transition va durer concrètement 36 mois contrairement à l’annonce faite par la CEDEAO. Et pour cause, la fin des 24 mois décidée par la CEDEAO tombe sur le mois de juillet 2024. Or au Burkina, la tradition veut que les élections ne se tiennent pas en juillet en raison de la saison des pluies. Donc un report s’impose. Si on considère que les militaires ont déjà passé six mois au pouvoir, le calcul est vite fait, il s’agit plutôt d’une transition de 36 mois.
Mais qu’à cela ne tienne, cette décision résout le différend de principe qui oppose les militaires au pouvoir à Ouagadougougou à la CEDEAO sans rien changer dans les angoisses existentielles du peuple burkinabè. Le drame sécuritaire, humanitaire et social que vit le peuple reste inchangé à mon avis. Les deux parties ont fixé la durée de la transition sans donner un chronogramme de sortie de crise : combien de temps faut-il pour libérer le pays ? Combien de temps faut-il pour amorcer le retour des déplacés internes dans leurs zones respectives ? Voilà ce qui intéresse, à mon avis, le peuple burkinabè. Comme si l’urgence sécuritaire n’était pas une priorité, ni pour la junte au pouvoir à Ouagadougou, ni pour la CEDEAO elle-même.
A mon avis, il est indispensable, il est aujourd’hui urgent que la CEDEAO et la communauté internationale activent l’ensemble des mécanismes de la responsabilité d’assister un pays membre qui se trouve en danger. Ceci devait se traduire par une mobilisation en faveur d’un véritable renforcement des capacités opérationnelles des Forces de défense et de sécurité du Burkina dans la lutte contre le terrorisme. Ensuite un plan de soutien au retour et à la réinstallation des déplacés dans leurs zones et enfin un plan de soutien au processus politique pour un retour à un ordre constitutionnel normal. Voilà l’urgence à mon avis et la communauté internationale a le devoir historique d’assister le Burkina parce qu’il y va de la stabilité de l’ensemble de la région. »