Société

Litige foncier à Yamtenga : propriétaire et locataire à couteaux tirés

Les populations de Yamtenga qui résident  sur le site du mouvement sunnite  jadis destiné à la construction d’un centre de santé ont animé une conférence de presse le  18 août 2022 à Ouagadougou. Elles exigent, entre autres, un délai suffisant pour permettre aux résidents de préparer convenablement leur réinstallation sur le nouveau site ; exige du promoteur mouvement sunnite et de la mairie la sécurisation du site de relogement. A l’opposé, les sunnites sont fin prêts pour entamer leurs travaux.

Depuis quelques années, les résidents de Yamtenga font face à une menace de déguerpissement de la part des autorités administratives et communales. Pour en savoir davantage, les populations de Yamtenga ont entrepris diverses démarches qui les ont conduits à la gendarmerie, à la Police, etc. Selon le récit du principal orateur de la conférence de presse,  Yacoubou Kéré, tout a commencé le 29 juillet 2021 lorsque les résidents du site querellé ont aperçu un monsieur avec un mégaphone qui annonçait un recensement prévu pour le 1er Août 2021. « Le recensement dans la zone a été fait en aout 2021 et des numéros ont été attribué aux résidents. Par la suite, le 6 septembre 2021, le maire l’arrondissement 11, Ibrahim Maré nous apprend que les parcelles sur lesquelles nous sommes installés depuis  1995 appartiennent au Mouvement Sunnite qui veut ériger un centre de santé. Voyant la difficultés des populations, un promoteur immobilier a fait la promesse de nous reloger à Zakin dans la commune de Saaba sur des terrains nusNous avons demandé des mesures d’accompagnement pour quitter rapidement les lieux », a –t-il relaté. Le maire nous ont alors expliqué qu’il n’est pas prévu de dédommagement pour cette opération mais nous a rassuré par contre que la construction d’un forage, des lieux de culte, d’un dispensaire, d’un terrain de football sur le nouveau site. M. Maré nous a même a promis de nous transmettre des titres de nos futures parcelles.

Au cours  de la rencontre qui a suivi le 13 septembre 2021 précisément,  le comité des résidents a été informés séance tenante du lancement d’une opération de déguerpissement.  C’est également à cette activité que Yacoubou Kéré a appris qu’à l’issue d’un recensement fait par la commission ad’hoc en août 2021, 117 familles ont été dénombrées et doivent à terme déguerpir pour laisser le terrain d’une superficie de 23 037 m2 appartenant au Mouvement Sunnite du Burkina Faso. « En contrepartie, les ménages recevront pour leur recasement des parcelles offertes par la société de promotion immobilière EKBF dans le village de Zakin. Nous n’avons pas été associé de loin ni de près aux discussions de la commission ad’hoc mise en place depuis 2021. Le maire Ibrahim a choisi nos représentants à notre place, des gens qui ne nous ont jamais rendu compte. Ces deux responsables associatifs étaient en contact avec les résidents. Le 26 janvier 2022, une fois de plus, nous avons été convoqués à la mairie pour une réunion. C’est à cette rencontre que l’ex- maire Ibrahim Maré nous a présenté un lot de documents comme étant les documents des parcelles du nouveau site. En plus il nous exigeait la signature d’un engagement à libérer notre site au plus tard le 22 avril 2022. Séance tenante, nous avons décidé de quitter les lieux », a-t-il longuement expliqué.

Dans la suite du processus de dialogue engagé pour la résolution du litige foncier, le 2 février 2022, une délégation de 05 personnes a été reçue par le maire  qui  a reçu la liste des doléances des riverains.  Toujours selon le porte-parole du Comité,  le bourgmestre d’alors a expliqué qu’il s’agissait de revendications et non de doléances. « Les discussions se sont poursuivies entre les protagonistes autour du délai de libération des lieux. Nous avons proposé à la mairie et aux responsables d’EKBF et du Mouvement sunnite un délai compris entre 3 à 5 ans étant donné qu’il n’ait pas prévu de dédommagements. En réponse, le sieur Maré a purement et simplement refusé de nous accorder ce délai. Il nous a sommé de libérer les lieux dans cinq (05) mois à compter du mois de janvier 2022 »

Soucieux de préserver un climat social apaisé, les résidents de Yamtenga ont maintenu les pourparlers avec le mouvement sunnite et le promoteur immobilier de EKBF, la mairie et un huissier de Justice Me Oumarou Sawadogo, l’objectif étant de recaser les populations sur le site d’accueil dans un délai accepté de tous. Malgré notre bonne foi, nous constatons un passage en force avec des agrégats et le forage qui ont poussé sur les lieux le samedi 6 août 2022, a déploré le conférencier. ” Après s’être opposé aux travaux, deux de nos camarades ont été convoqués à la Gendarmerie. Les pandores nous ont invités après la confrontation à aller accorder les violons avec le promoteur immobilier. Le 12 août 2022, le responsable de la société EKBF nous a signifié que nous serons chassés de gré ou de force, ajoutant que chacun sera convoqué individuellement à la Gendarmerie pour cette question”.

De tout ce qui précèdent les populations de Yamtenga demandent la poursuite des attributions de lopins de terre à tous les ménages recensés ; exigent un délai raisonnable qui va permettre aux résidents de préparer convenablement leur réinstallation ; exigent du promoteur immobilier, du Mouvement sunnite et de la mairie, la sécurisation du site destiné au recasement à travers une autorisation de lotissement de la mairie de Saaba et la mise en conformité avec les services compétents du ministère chargé des affaires foncières…

La version du mouvement sunnite !

W. Harold Alex Kaboré

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