Adresse à la nation du PF : « Nous l’invitons à sévir contre les détournements dans l’administration »
Le président du Faso, le lieutenant Paul Henri Sandaogo Damiba s’est adressé à la nation burkinabè hier 4 septembre 2022. Son message est diversement apprécié dans l’ensemble par les citoyens, à qui nous avons donné la parole ce 5 septembre 2022. Lisez plutôt !
Bassirou Badjo, bloggeur
« Le bilan des 7 mois de gouvernance est chaotique »
Comme la majorité des Burkinabè, j’ai écouté religieusement le discours. Le président Damiba dès l’entame de son discours a rattrapé ce que le MPSR a omis le 24 Janvier quand il proclamé la chute du régime de Roch Kaboré : peindre la gouvernance de celui qu’ils ont déposé, en noir. Malheureusement dans cet exercice de charger un certains nombres d’acteurs politiques, il s’est attaqué à la justice avec une mise en cause de l’indépendance de la justice. A ce niveau le président n’a pas fait mieux puisqu’il a piétiné la justice en faisant venir l’ex-président Blaise Compaoré pourtant condamné à vie par la justice dans le cadre du dossier Thomas Sankara et ses 12 compagnons d’infortune. Le président est resté dans la même dynamique que les soutiens du régime et certains membres du gouvernement notamment ont réaffirmé la montée en puissance de l’armée et le retour des déplacés internes dans certaines localités. Ce qui n’est pas vrai au regard des récentes informations à Solenzo où des édifices administratifs sont saccagés par les hommes armés. Plusieurs localités qui étaient épargnés avant l’avènement du MPSR sont aujourd’hui sous occupation terroriste. C’est l’exemple de Madjoari qui a été vidé de ses habitants, de Pama qui est sous blocus des terroristes depuis février. Récemment l’université de Ouahigouya a reçu la visite des terroristes.
Parlant du retour des déplacés internes dans leur localité, je crois que le président et son entourage doivent arrêter de se ridiculiser en jetant à la vindicte les populations déjà éprouvées. C’est un aveux d’impuissance pour un pouvoir dirigé par des militaires de crier haut et fort que des populations sont retournées dans une localité toujours sous le contrôle des terroristes. Ce n’est pas la promesse qu’ils ont faite au peuple Burkinabè en renversant le président Kaboré. La restauration de l’intégrité du territoire est une condition première du retour des personnes déplacées internes dans leurs localités d’origine. Maintenant que des gens qui ont fui les terroristes retournent dans ces mêmes localités sans l’administration, sans la présence des FDS, on devait plutôt s’inquiéter que de prendre cette situation comme un résultat. Ce que Damiba nous a laissé voir durant ces sept mois de gouvernance est tout simplement chaotique et je ne pense pas que ce soit un long discours qui puisse restaurer ce bilan.
Ismaël Ouédraogo
“La réalité en province est en déphasage avec le discours”
Le président essaie de faire comprendre aux Burkinabè qu’ils doivent s’unir pour bouter le terrorisme hors de ce territoire. Mais à présent, il faut que tout change parce que nous voulons un bilan concret. Depuis l’arrivée du président on ne sait pas ce qui est fait. Il ne suffit pas de rester à Ouagadougou pour dire que tout va bien. La réalité en province est en déphasage avec le discours. Il a fait tomber l’ancien président, et nous estimons qu’il a la solution au problème. Mais depuis lors, on sent que la situation est en train de se dégrader de jour en jour. Ceci n’a rien à voir avec une question de bord politique, ce sont des constats. Nous demandons encore plus au président. La preuve en est que selon les chiffres officiels on parle de plus de deux millions de déplacés et tant que ces derniers ne pourront pas rejoindre leurs villages ça sera un peu difficile. Je pense que quand on parle de réconciliation ça concerne tout le monde.
Ibrahima Ouédraogo
“Il a attiré l’attention de la presse sur la diffusion des contenus”
Le discours a été rassembleur. Et c’est ce qui est très important parce que vu la situation sécuritaire c’est mieux qu’on s’unisse pour pouvoir vaincre l’ennemi. Les ennemis avancent en rang serré mais de notre côté il y a trop de chose, c’est la chasse aux sorcières et cela n’arrange pas le pays. Je trouve que le bilan est satisfaisant et on peut continuer dans cette lancée pour pouvoir reconquérir le territoire. Le président dans son discours a même critiqué les médias. Mais je pense qu’avec l’évolution de la technologie y a des choses qu’on ne peut pas éviter. Il a attiré l’attention de la presse sur certaines vidéos et images qui circulent, une interpellation que j’ai saluée. Nous soutenons les nouvelles autorités. Si le Burkina tombe aujourd’hui personne ne pourra sortir vivant.
Boubacar Sy
”je suis resté sur ma faim”
Je n’ai pas suivi le discours du président à la télé, mais j’ai lu la version numérique qui a été publiée. Il a dit ce qu’il avait à dire, mais nous on a pas entendu ce qu’on voulait entendre depuis longtemps. Concernant le bilan de 5 mois je suis resté sur ma faim. J’attendais des chiffres concrets qu’il nous dise exactement ce qui a été réalisé et ce qui ne l’a pas été , quels sont ses projets pour l’avenir. Le discours a été vague et surtout vers la fin il nous a cité des anciens chefs d’Etat qui n’ont rien fait pour le pays mais qui l’ont plutôt détruit, vraiment ce n’est pas ce qu’on attendait de lui.
Boukari Koala, chef de service du suivi, de la réglementation, des études et de la coopération,
« Nous l’invitons à sévir contre les détournements dans l’administration »
Le président Damiba a mis le doigt là où ça fait mal. Il a fait l’état des lieux et posé un diagnostic sans complaisance d’une société burkinabè malade. Au regarde de la gangrène qui met à mal notre pays, il faut être naïf pour croire qu’en cinq mois on peut rétablir la sécurité du pays tout entier. Son bilan nous a permis de comprendre que les différents fronts sociaux sont liés et que nécessairement, seul un sursaut patriotique dépourvu de toute hypocrisie peut nous amener à éradiquer l’hydre terroriste. Le président est confiant qu’avec le renforcement dans la stratégie sécuritaire les terroristes seront mis en difficulté dans leur déplacement. J’aurai aimé avoir un bilan empreint de statistiques mais j’ai vite compris que en de pareilles circonstances ce serait donner des informations à l’ennemi. Il ne nous reste plus à encourager le président et son gouvernement à être plus de sérénité et surtout travailler à conscientiser les populations en mettant fin aux libertinages. Enfin, il faut maximiser sur la communication en faveur de la cohésion au sein de l’armée dans toutes ses composantes. Nous souhaitons qu’ils sévissent au niveau de l’administration publique contre les détournements de deniers publics organisés orchestrés par les fonctionnaires véreux. Tout en restant optimiste, j’ai foi qu’il parviendra et avec le peuple à bouter le terrorisme hors du Burkina Faso.
W. Harold Alex Kaboré
Bouchiratou Naré