Parlement de la CEDEAO : Tolérance et concorde religieuses au menu d’une réunion délocalisée à Praia
Le Parlement communautaire de l’Afrique de l’ouest tient, du 14 au 17 courant, une réunion délocalisée à Praia au Cap Vert. La commission mixte Education, sciences et culture ; Santé ; Télécommunication et technologie de l’information s’y penche sur un thème d’une brulante actualité : ‘’Tolérance et concorde religieuses : facteurs essentiels de développement, de paix et de stabilité dans l’espace CEDEAO.’’
Ouverte le 14 septembre sous la présidence de la présidente de l’Assemblée nationale du pays hôte, Mme Austelino Traveres Correia, cette réunion délocalisée des députés communautaires est tout de suite entrée dans le vif de son sujet. Les participants ont ainsi écouté et échangé sur 2 communications relatives au thème.
Le premier exposé a été fait par l’iman Djiguiba Cissé, recteur de la mosquée Salam Plateau d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Cette communication a consisté en une approche conceptuelle qui a permis à l’imam de définir les valeurs que véhiculent les religions qui se pratiquent en Afrique de l’ouest. Il a ensuite expliqué comment les leaders religieux contribuent ou devraient contribuer à la promotion et à la préservation de la paix et de la stabilité dans l’espace CEDEAO.
Pour le recteur de la mosquée Salam Plateau d’Abidjan, les leaders religieux sont des formateurs et des réformateurs en plus d’être des médiateurs et des communicateurs dans l’objectif d’impacter la cohésion sociale et la réconciliation nationale. Cet important rôle qu’ils jouent, plonge ses racines selon l’imam, dans les valeurs des principales confessions que l’on rencontre en Afrique de l’ouest. Ces valeurs sont la fraternité et l’amour du prochain ; la justice et l’équité ; le respect des droits humains ; l’égalité des peuples et des nations, a énuméré le conférencier. Il a conclu son exposé magistral en insistant sur le rôle permanent des responsables religieux qui est ‘’ d’ouvrir davantage une nouvelle ère de dialogue et de communication active intra confessionnelle d’une part, et interconfessionnelle d’autre part pour asseoir une véritable plateforme nationale et sous régionale où les leaders religieux et les politique seront des acteurs de paix , de développement social, économique, culturel et politique.’’
La deuxième communication faite aux participants de cette réunion délocalisée du Parlement communautaire s’est également conclu par un appel à promouvoir davantage la tolérance et le vivre-ensemble des populations de l’espace CEDEAO. En effet, le professeur Usman Mohamed, directeur du Centre d’études législatives en Afrique au département des relations internationales de l’université de l’Etat de Kaduna au Nigeria, a invité les députés communautaires à adapter les législations nationales au besoin urgent de résilience et de lutte contre l’extrémisme violent.
Pour le professeur Usman Mohamed, si le terrorisme est un phénomène mondial, il s’est invité en Afrique depuis une trentaine d’années et dans l’espace CEDEAO depuis une décennie. Mal pernicieux et vague, difficile à définir, le terrorisme en Afrique de l’ouest se manifeste par l’extrémisme religieux, selon l’universitaire. Et Usman Mohamed de définir l’extrémisme religieux comme ‘’tout comportement, toute attitude ou toute croyance en dehors de la norme de la pratique religieuse courante’’, exprimé par la violence de petits groupes.
Dans sa communication, l’universitaire soutien que les législations en vigueur dans les pays membres de la CEDEAO sont pour la tolérance et la liberté de culte. Mais la réalité du terrain est différente, selon lui, vu les manifestations de l’extrémisme religieux qui affectent plusieurs Etats. Il invite donc les parlementaires à adopter des lois nationales qui répriment davantage ces dérives et promeuvent la tolérance et la concorde religieuses.
Cette réunion délocalisée se poursuit jusqu’au 17 septembre et nul doute qu’à la fin de leurs travaux, les participants, instruits par cette plateforme d’échanges d’idées et d’expériences, feront des recommandations judicieuses à qui de droit pour bouter hors de l’espace CEDEAO toute forme d’extrémisme religieux.
En rappel, les 115 députés du Parlement de la CEDEAO sont inscrits dans 14 commissions permanentes pour faciliter leur travail. Plusieurs de ces commissions permanentes peuvent se regrouper en commission mixte lors des réunions délocalisées pour traiter de questions spécifiques en rapport avec les prérogatives du Parlement communautaire.
Zéphirin KPODA