Procès outrage au chef de l’État : le dossier renvoyé au 23 septembre mais Kamao reste en prison
Prévenu des faits d’outrage à un dépositaire de l’autorité publique, en l’occurrence le chef de l’Etat, le militant du Balai citoyen, Ollo Mathias Kambou a comparu ce vendredi 16 septembre 2022 devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou. Aussitôt ouvert, aussitôt son procès a été renvoyé au 23 septembre pour « une bonne administration de la justice ». Une demande de liberté provisoire formulée par ses avocats a été refusée, dans une ambiance quelque peu surchauffée.
Rarement la salle d’audience dédiée aux affaires correctionnelles du Tribunal de grande instance de Ouaga 1 n’a refusé autant de monde. Peu après 9 heures, les gardes de sécurité pénitentiaire ont dû bloquer l’accès à la salle qui ne comptait plus déjà de places non occupées. Certains ont préféré faire le pied de grue, estimant sans doute que le jeu en valait la chandelle. Ne cherchez pas loin les raisons d’une telle affluence : le jugement d’un dossier dit Ollo Mathias Kambou, devenu emblématique depuis que ce dernier a été interpellé et placé sous mandat de dépôt pour avoir tenu des propos considérés comme injurieux à l’égard du chef de l’Etat, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba.
Rappel de faits : suite à un discours du chef de l’Etat, le 4 septembre, sur le bilan des cinq mois de gouvernance et de lutte contre le terrorisme, le militant du Balai citoyen a écrit sur Facebook un commentaire dans lequel il utilisé des qualificatifs peu glorieux concernant le chef de l’Etat.
Par la suite sur les ondes d’une radio de la place, l’homme de 36 ans a à peine baissé le ton vis-à-vis des autorités actuelles. L’interpellation de celui que ses camarades ont affectueusement surnommé « Général » est intervenue au terme de cette émission, suscitant une vague de réactions diverses entre approbations et condamnations. C’est dire donc que le jugement de ce dossier était attendu, notamment par les camarades du militant de la société civile qui ont investi en nombre la salle d’audience.
Devant une possibilité que le début de l’instruction du dossier intervienne en fin d’après-midi suivant l’ordre des dossiers retenus, les avocats du prévenu, une bonne dizaine, dont un malien (Me Mamadou Konaté) et un sénégalais (Me Moussa Sarr), ont demandé et obtenu le renvoi de l’audience au 23 septembre pour « une bonne administration de la justice », selon les raisons avancées par les juges. Mais avant, le bataillon d’avocats a sollicité en faveur du mis en cause une liberté provisoire, invoquant plusieurs raisons, notamment professionnelles. Me Prosper Farama, un des conseils, a expliqué que son client est chercheur doctorant, une liberté provisoire permettrait donc ses voyages et autres activités qui requièrent sa disponibilité. Détenu, Kamao, selon son avocat, s’est vu refusé l’accès à son ordinateur pour poursuivre ses travaux de recherches. Mais sur avis du parquet, le tribunal n’a pas accédé à cette demande des avocats. « Le statut du client qui nous incombe ici, c’est son statut de prévenu », a expliqué le ministère public.
Un refus qui a certainement contribué à une surchauffe de l’ambiance lorsqu’il a été question de convenir d’une date de renvoi. En effet, une passe d’armes a opposé les avocats de la défense au parquet. « Puisque madame la procureure est pressée d’en découdre, à la plus prochaine date alors ! » Réponse du berger à la bergère, pour ne pas dire le parquet au conseil : « Vous fantasmez Maitre ». « Au 23 alors », a coupé Me Farama avant que la procureure n’assène « je n’ai pas peur de vous Maitre (…) on n’est pas là pour se bagarrer… ».
Rendez-vous donc au 23 septembre pour la tenue effective de ce procès.
Bernard Kaboré &
Sarah Daboné (Stagiaire)
Juges ou procureurs acquis, ça va finir devant le peuple. Un procureur n’a pas peur d’un avocat on ne le dit pas. Norbert zongo disait que quand quelqu’un dans une bagarre dit qu’il n’a peur de vous, c’est qu’il a peur