Pour Djibo et les déplacés internes : 300 tonnes de vivres rassemblés par une initiative citoyenne
“Sauvons Djibo et les déplacés internes” est une initiative citoyenne de collecte de vivres au profit d’habitants de cette ville et bien d’autres victimes du terrorisme. Trois jours après son lancement, les initiateurs de ce geste de solidarité en ont fait le point ce 11 octobre 2022 à Ouagadougou à travers une conférence de presse. Au total, environ 300 tonnes ont été collectées et une grande partie reviendra à la ville de Djibo, selon Alain Christophe Traoré alias Alino Faso, l’un des conférenciers.
Avant de faire le point aux journalistes de l’initiative citoyenne ‘’Sauvons Djibo et les personnes déplacées internes’’, tout a commencé par une visite guidée des magasins de stockage des vivres récoltés en trois jours d’appel à la solidarité. Cette visite était comme pour rassurer ceux qui ne croient jamais sans avoir vu. Des sacs de céréales superposés les uns sur les autres, des cartons de spaghetti et de sucre par ci, du savon et des vêtements par là… Bref, c’est une variété de dons qui a été reçue.
L’idée de ”Sauvons Djibo” est d’abord l’initiative d’Alain Christophe Traoré alias Alino Faso. Et cette idée est née de la ferveur suscité par les évènements du 30 septembre et jours suivants qui se sont soldés par le renversement du pouvoir : je me suis dit que si on a la capacité de se mobiliser de cette manière pendant que des villes comme Djibo, Sebba Solhan lancent des SOS parce que la famine y règne, c’est qu’on a la même capacité de se mobiliser pour collecter des vivres. J’ai donc lancé ce message sur les réseaux sociaux pour appeler à la solidarité. Je me suis dit qu’au-delà du soutien en vivres, ceux qui sont à Djibo auront un sursaut patriotique en se disant qu’ils ne sont pas seuls », a confié Alino Faso. L’opération a concerné dix villes à travers le Burkina, à savoir : Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou, Tenkodogo, Gaoua, Banfora, Ziniaré, Manga, Koupéla, Cinkansé et Kombisiri. D’autres villes, celles abritant des déplacés internes, n’ont pas été prises en compte.
A l’heure du bilan, la satisfaction est au rendez-vous : « Pour la seule ville de Ouagadougou, nous avons collecté 250 tonnes, environ 35 tonnes à Bobo-Dioulasso, 10 à 15 tonnes dans les huit autres villes. En gros, on est à peu près à 300 tonnes alors qu’on avait un objectif de départ de 100 tonnes », se réjoui, Alain Christophe Traoré. Et d’assurer que ce n’est pas tout : « Il y a une association, Action solidarité pour le Soum qui avait également initié une collecte à laquelle nous allons fusionner la nôtre. De façon prévisionnelle on pourrait se retrouver au bas mot avec 400 tonnes », foi du principal initiateur de l’opération.
Selon les conférenciers, ces tonnes de vivres seront acheminées aussi bien à Djibo que dans d’autres villes qui paient le lourd tribut du terrorisme, comme Sebba, Pama, Titao, Barsalogho, et Solhan. Alors que la situation humanitaire est plus critique à Djibo, où au moins huit enfants seraient décédés de faim ces derniers jours, une bonne partie de la collecte (environ 100 tonnes), y seront convoyées selon les organisateurs de la collecte. Qu’en sera-t-il du mode d’acheminement de ces vivres ? On en sait peu « pour des raisons sécuritaires » selon les conférenciers qui ont assuré avoir pris langue avec les autorités du pays qui ont, à ce propos, donné des garanties. Alino Faso assure par ailleurs que des dispositions sont prises pour que les vivres ne soient pas stockés plus de 24 heures une fois acheminés dans les villes bénéficiaires.
Pour faire de cette campagne de solidarité un succès, environ 200 volontaires se seraient mobilisé « de façon spontanée », pour reprendre les propos d’un des initiateurs qui salue au passage une contribution en espèce et en nature de la diaspora burkinabè.
Bernard Kaboré