Région de l’Est: 100 000 élèves n’iront pas à l’école du fait du terrorisme
100 000 élèves n’iront pas à l’école cette année scolaire 2022-2023 estime le Cercle de réflexion pour la cause de la région de l’Est. C’était au cours d’une conférence de presse tenue ce mercredi 12 octobre 2022 à Ouagadougou.
“Vous n’êtes pas sans savoir que la région de l’Est vit depuis plus de 7 ans maintenant sous le joug des groupes armés. Ces hommes armés s’en prennent aux établissements d’enseignement et d’éducation dans nos villages, obligeant le personnel d’éducation et d’enseignement à déserter les salles de classes. A commencer par les villages, les écoles se sont fermées successivement et aujourd’hui, seuls certains chefs lieux de province tels que Fada et Bogandé dans une moindre mesure ont l’assurance à ce jour de pouvoir ouvrir les salles de classe.
“L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde” affirmait Nelson Mandela. Elle permet de rendre à chacun son propre esprit et de l’exercer à son principal usage, qui est de n’avoir égard ni à l’argent, ni à la force, mais seulement au vrai et au juste.
De même, nous savons tous qu’il existe une corrélation entre le développement et l’éducation. S’en prendre à ce secteur, vous serez d’avis avec nous, que les hommes armés ont pour seul objectif de saper tout programme de développement dans notre région.
A la date du 31 mars 2022, au niveau national, le nombre d’établissements fermés est passé de 3 683 à 3 664 soit une baisse de 19 structures éducatives. Ces fermetures représentent environ 14,60 % des structures éducatives du Burkina Faso contre 14,71 % au mois de Février 2022. Ces fermetures affectent 579 440 élèves soit 275 908 filles et 303 532 garçons, ainsi que 17 251 enseignants soit 5 513 femmes et 11 738 hommes. Alors qu’on enregistre des baisses importantes dans les régions de la Boucle du Mouhoun (-25), du Centre-Est (-53) et du Nord (-35), on assiste à une augmentation du nombre d’établissements scolaires fermés dans les régions de l’Est (+80) et du Sahel (+7). Dans ces chiffres, la région de l’Est représente à elle seule plus de 35%.
Les chiffres les plus récents et non encore officiels donnent plus froid au dos.
Conscients et prenant acte de cette situation, les fils et filles de la région de l’Est ont mis en place le Comité Engagé de Réflexion pour la Cause de l’Est. Ce comité a pour mission de réfléchir et de proposer des pistes de solutions qui permettront de soulager la souffrance des populations. Ce comité que nous représentons aujourd’hui est fortement attristé tout comme tous les fils et filles de la région par la situation et souhaitent donner de la voix.
Si nous parlons aujourd’hui, c’est parce que nous avons peur. Oui nous avons peur et peur de l’avenir. Cela fait 7 ans que nos petits enfants, nos enfants et nos jeunes frères et sœurs ne partent plus à l’école. Plus de 7 ans je vous le dis. Et aujourd’hui encore, on attend, et plus de 2 semaines après la rentrée des classes, sur 27 communes, seulement 8 communes ont ouvert les classes et là aussi, seulement dans les chefs lieux de commune et Dieu seul sait si ce qui a commencé va se terminer.
Selon les statistiques et les prévisions, environ 100 000 enfants en âge d’aller à l’école cette année resteront à la maison. Comment s’occuperont-ils? Où iront-ils? Que feront-ils?
Voici autant de questions qui nous tourmentent en tant que fils et filles de la région. Une solution doit être trouvée et dans l’urgence.
Chers amis du monde des médias,
Le 30 septembre 2022, le Capitaine Ibrahim TRAORÉ à la tête d’un groupe de jeunes officiers, a mis fin au pouvoir du Lt-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui s’était lui-même emparé du pouvoir par les armes le 24 janvier 2022. Vous l’aurez constaté, la région de l’Est est restée observatrice de la situation.
Si les jeunes officiers ont motivé leur action en ces termes « la dégradation de la situation sécuritaire qui a justifié notre action a été reléguée au second plan… Loin de libérer les territoires occupés, les zones jadis paisibles sont passées sous le contrôle des groupes armés terroristes…», il s’agit bien de la situation de notre région, celle qui nous est si chère.
Dans un passé récent, des actions ont été entreprises pour soulager les peines des populations.
- Les fils de la région : Plusieurs initiatives des fils et filles de la région de l’Est et les sympathisants de cette région contribuent à venir en aide aux personnes déplacées internes en particuliers les élèves.
- Les autorités de la région: Des ex-maires, ont regroupé sur plusieurs années dans le passé des élèves en situation de déplacés, pour les loger, les encadrer, et les insérer dans des structures éducatives.
- Le secteur de l’éducation: Nous félicitons ces centaines d’enseignants et de professeurs qui malgré la situation sécuritaire sont restés dans nos communes et villages pour apporter le savoir à nos frères.
Toutes ses actions sont à féliciter. Dans le but d’apporter une contribution pour trouver des solutions dans un délai bref, le comité formule cet appel:
Aux , fils et filles de la région
Personne ne viendra développer notre région à notre place. Levons-nous avec les moyens à notre portée pour réaliser des actions qui faciliteront la réouverture des classes.
Aux autorités administratives locales
Vous êtes les garants de la quiétude dans nos sociétés. Nous vous invitons à prioriser dans vos choix les initiatives qui vont permettre le retour de nos frères en classe.
Aux autorités coutumières et religieuses
Pour la cohésion sociale, vous avez une grande part de responsabilité. Nous vous invitons à plus vous impliquer dans la recherche de la paix.
Aux acteurs de l’éducation
Nous vous encourageons à persévérer dans ce combat, malgré la situation très difficile. L’Enseignement est un SACERDOCE et vous en êtes les personnes Ointes.
Aux tenants actuels du pouvoir d’Etat
L’éducation est le fer de lance de tout développement. elle doit constituer une priorité dans vos plans tout comme la sécurité.
Voici le message que nous souhaitons faire passer à travers vous. Ce message devrait raisonner dans l’oreille de chaque burkinabè et particulièrement dans les oreilles de chaque fils et fille de la région de l’Est.
Pour cette nation, aucun sacrifice n’est de trop. La Patrie ou la mort, nous vaincrons.
Pour le comité, le comité, Le coordonnateur